About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

09/28/2015
Giacomo Puccini: Turandot
Jennifer Wilson (Turandot), Andrea Bocelli (Calaf), Jessica Nuccio (Liù), Alexander Tsymbalyuk (Timur), Javier Agulló (Altoum), Germán Olvera (Ping), Valentino Buzza (Pang), Pablo García López (Pong), Ventselav Anastasov (Un mandarin), Carmen Avivar, Jacqueline Squarcia (Servantes), Coro de la Generalitat Valenciana, Escolanía de la Mare de Déu dels Desemparats, Orquestra de la Comunitat Valenciana, Zubin Mehta (direction)
Enregistré au Palau de les Arts Reina Sofia, Valence (2014) – 117’01
Coffret de deux disques Decca 478 8293 (distribué par Universal)





Zubin Mehta n’en est pas à son coup d’essai avec Turandot. On se souvient notamment de la représentation au sein de la Cité interdite et on ne peut pas oublier l’enregistrement historique chez Decca (déjà) avec Joan Sutherland, Luciano Pavarotti, Montserrat Caballé, Nicolaï Ghiaurov et le Philharmonique de Londres en 1984. Revenir près de trente ans après sur un pareil succès, c’est un pari audacieux. C’est encore plus audacieux en confiant un des rôles-phares au ténor Andrea Bocelli qu’on est plus habitué à entendre chanter avec des stars de la pop.


Dès les premières mesures, on est saisi par la maîtrise du chef et la profondeur de l’Orchestre de la Communauté de Valence. Cette impression se confirme dans les introductions des deux actes suivants. A chaque fois, on y retrouve l’Orient, monde de mystère et de magie. La partition est servie par des percussions remarquables et des cuivres superbes, toujours à la limite de la dissonance, nous donnant à entendre des accords résolument modernes pour une oreille occidentale et parfaitement en phase avec l’esprit de l’œuvre.


Partant, on aborde l’opéra dans de parfaites dispositions. Cette confiance est d’ailleurs renforcée par des chœurs – aussi d’adultes que d’enfants – très justes et par des seconds rôles qui sont plus qu’honorables. Les trois ministres (Germán Olvera, Valentino Buzza et Pablo García López) sont notamment aussi bons ensemble que séparément. La basse ukrainienne Alexander Tsymbalyuk campe un Timur d’une maturité remarquable. S’il convainc déjà au premier acte, on est définitivement conquis au troisième acte par son adieu à Liù. La soprano Jessica Nuccio incarne pour sa part une Liù qui gagne en intérêt au fur et à mesure de l’opéra. Ses attaques de notes restent souvent agressives et ses forte grincent parfois, mais elle dispose d’indéniables qualités vocales qui vont, il n’est gère permis d’en douter, se déployer avec le temps et gagner en maturité.


Tout semble donc réuni pour que le pari de Mehta soit de nouveau relevé. Hélas, le choix des interprètes des deux rôles principaux vient bousculer le bel équilibre du chef. Jennifer Wilson a certes une belle voix, tout à fait adaptée au caractère hiératique de Turandot au début de l’opéra. Malheureusement, elle ne brise jamais l’armure et elle ne parvient à dépasser cette froideur originale. Même lorsqu’elle cède à l’amour, elle conserve cette glaciale maîtrise d’elle-même. Son phrasé est en outre extrêmement ouvert et pas toujours très élégant. En fin de compte, elle est plus à l’aise dans le bas de la tessiture et les piano que dans les arias avec des aigus parfois à la limite du désagréable.


Quant à Andrea Bocelli, il faut reconnaître qu’il incarne un Calaf qui, à première vue, pourrait passer pour méritant. Une écoute un peu attentive révèle cependant un manque cruel d’épaisseur et de couleur. Il chante la joie, la tristesse, la colère... de la même façon! Le chef ne s’y trompe pas, retenant l’orchestre pour ne pas trop le couvrir et préserver l’harmonie d’ensemble. La prise de son accentue ce sentiment de maquillage, alternant entre une prise lointaine et des prises très proches, le tout sans réelle cohérence. Le duo Bocelli/Wilson ne prend pas, chacun des interprètes semblant plus occupé à tenir – difficilement – son rôle qu’à chanter ensemble.


On ressort de cet enregistrement sceptique, voire un peu déçu car il avait généré des espoirs qui ne sont pas tenus. Il n’en reste pas moins qu’il mérite notre considération, sauvé par un chef, un orchestre et des seconds rôles qu’on espère entendre dans une version digne d’eux!


Gaspard Favre

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com