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08/15/2015
Antonín Dvorák : Concerto pour violon en la mineur, opus 53, B. 108 [1]
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 1 en sol majeur, opus 78 [2]
Johann Sebastian Bach : Sonate pour violon seul n° 1 en sol mineur, BWV 1001 [2]
Georg Friedrich Händel : Sonate pour violon en sol majeur, opus 1 n° 3 [2]
Antonio Vivaldi : Sonate pour violon en ré majeur, RV 10 (arrangement Ottorino Respighi [3]
Fritz Kreisler : Rondino sur un thème de Beethoven [4]
Joseph-Hector Fiocco : Suite n° 1 en sol majeur: Allegro (arrangement Bent O’Neill) [4]
Maurice Ravel : Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré [4]
Manuel de Falla : La vida breve: «Danza espanola n° 1» (arrangement Fritz Kreisler) [4]

Johanna Martzy (violon), Jean Antonietti (piano), RIAS-Symphonie-Orchester Berlin, Ferenc Fricsay (direction)
Enregistré en la Jesus-Christus-Kirche (8 juin 1953 [1]), au RIAS Funkhaus (4 mai 1962 [2]) et à la Siemmensvilla (9 février 1964 [3] et 1966 [4]), Berlin – 104’11
Double album Audite 23.424 – Notice en anglais de Rüdiger Albrecht







Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour violon n° 3 en sol majeur, K. 216 [1], et n° 4 en ré majeur, K. 218 [2]
Johanna Martzy (violon)
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Hans Müller-Kray (direction)
Enregistré à la Villa Berg de la SDR (1956 [2]) et en public à la Liederhalle (12 avril 1962 [1]), Stuttgart – 47’51
Hänssler Classic 94.230





La violoniste hongroise (née en Roumanie) Johanna Martzy (1924-1979) est quelque peu oubliée aujourd’hui: voici trois disques qui viennent à juste titre nous rappeler la grande soliste qu’elle fut, en dépit d’une carrière relativement brève qu’elle abandonna dès 1966. Surdouée, elle fut l’élève de Jenö Hubay (lui-même élève de Joachim et ami de Vieutemps) et remporta à quelques années d’intervalle le prix Reményi (1940) et le premier prix du concours de Genève (1947). Elle entama alors une carrière internationale qui la mena de Berlin à New York (sous la baguette de Leonard Bernstein). Disparue en 1979, elle laisse derrière elle une poignée d’enregistrements dont une partie non négligeable est présentée ici.


Commençons par le double disque publié par Audite, qui débute par le célèbre Concerto de Dvorák. Cette gravure, réalisée le 8 juin 1953, ne doit pas être confondue avec l’enregistrement réalisé deux jours plus tard, du 10 au 12, édité chez Deutsche Grammophon dans la collection «The Originals». Outre le fait que les notices respectives spécifient avec précision les dates d’enregistrement, la comparaison des deux disques met en évidence de légères différences (l’exposition du thème par le violon dans le premier mouvement à 2’29 dans l’un, 2’33 dans l’autre ou le tutti orchestral dans le même mouvement à 8’38 dans l’un, 8’30 dans l’autre, un troisième mouvement qui dure 11’08 dans l’un mais 10’42 dans l’autre...) qui témoignent qu’il s’agit effectivement de deux prises et non d’une seule qui aurait souffert d’imprécision quant à la date de sa réalisation. Dans l’une comme dans l’autre, Johanna Martzy témoigne de la même générosité sonore – ah! ce Carlo Bergonzi de 1733! –, d’une technique impressionnante mais aussi des mêmes petits défauts avec des sonorités fausses par endroits (dans le deuxième mouvement, notamment, à 2’11). La soliste empoigne ce concerto avec une ferveur communicative de bout en bout, passant avec une aisance remarquable de la plénitude du deuxième mouvement à la pulsation dansante du troisième: quelle performance! Que l’on nous permette néanmoins de préférer la version enregistrée sous la petite étiquette jaune, la fin du troisième mouvement étant plus brillante et emportée que dans l’enregistrement du 8 juin. Dans les deux cas, par ailleurs, Ferenc Fricsay (avec lequel Johanna Martzy avait donné des concerts dès le début des années 1940, à Szeged, en Hongrie) dirige un excellent Orchestre de la RIAS même si, là aussi, les sonorités ne sont pas toujours très justes (notamment chez les cors).


Pour compléter ce premier disque, la Première Sonate de Brahms bénéficie d’une très belle gravure, Johanna Martzy rayonnant même un peu trop au détriment de son fidèle partenaire Jean Antonietti (1915-1994), avec lequel elle grava chez Deutsche Grammophon (décidément...) diverses œuvres de Milhaud, Szymanowski, Beethoven, Ravel et Mozart. La fin du premier mouvement est d’un volontarisme qui transparaît également de manière assez flagrante dans le deuxième, le piano offrant un visage de stabilité sereine face aux emportements du violon. Dans le troisième mouvement, l’entente entre les deux instrumentistes est totale, plongeant l’auditeur entre rêverie et joie simple, au milieu des mélodies qui ne cessent de se croiser et de se répondre. Le second disque rassemble divers enregistrements, accompagnés le cas échéant par le piano d’Antonietti, où sont tout d’abord présents les grands maîtres du baroque, de Bach – une Première Sonate au deuxième mouvement (Fuga. Allegro) un peu raide – à Vivaldi – où les couleurs caractéristiques du Prêtre roux ont presque disparu – en passant par Händel (dans une sonate de l’Opus 1 – le résultat, quelque peu déroutant tant dans son approche que, bien évidemment, dans son instrumentation, ne manque pourtant pas de charme notamment dans l’Allegro conclusif. Les autres pièces sont beaucoup plus intéressantes, distillant parfois un charme quelque peu désuet (Kreisler), instaurant également une présence étonnante (Ravel!), le disque se concluant par un extrait arrangé de La Vie brève de Falla virevoltant et enthousiasmant.


Parmi les enregistrements laissés par Johanna Martzy, le nom de Mozart revient assez souvent. Hänssler Classic vient d’éditer deux concertos, dont elle a laissé par ailleurs d’autres gravures, qui témoignent de ses affinités avec l’enfant de Salzbourg, Martzy offrant là deux versions de très grande classe. Commençons, comme le disque, par le Quatrième Concerto, enregistré en 1956, soit un an plus tard qu’avec l’Orchestre de chambre de la Radio bavaroise dirigé par un certain Eugen Jochum (Deutsche Grammophon). Si le jeu peut ici ou là sembler un peu désincarné, les couleurs sont très belles et, servie par une articulation d’une grande souplesse, Johanna Martzy joue l’œuvre avec un goût parfait comme en témoigne un troisième mouvement de très belle tenue. Dans le Troisième Concerto, la soliste adopte dans le premier mouvement un jeu altier – quelle entrée! – empreint d’une grande noblesse où l’on regrettera d’autant plus que l’orchestre ne soit pas plus vif. Après un très délicat deuxième mouvement, le concerto se conclut par un troisième tout en truculence et en vivacité: indéniablement, Johanna Martzy s’amuse, et l’auditeur aussi. Dans un cas comme dans l’autre, une belle reconnaissance discographique d’une très grande violoniste!


Sébastien Gauthier

 

 

 

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