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08/13/2015
Gustav Mahler : Symphonie n° 9
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)
Enregistré à Budapest (date d’enregistrement non précisée) – 75’55
Channel Classics CCS 36115 (distribué par Socadisc) – Notice en allemand et en anglais





Gustav Mahler : Symphonie n° 9
Orchestre philharmonique de Séoul, Myung-Whun Chung (direction)
Enregistré en public (29-30 août 2013) – 79’16
Deutsche Grammophon 481 1109 – Notice en français, allemand, anglais et coréen





Gustav Mahler : Symphonie n° 9 (arrangement Klaus Simon)
Ensemble mini, Joolz Gale (direction)
Enregistré en public à Berlin (27 avril 2014) – 85’26
Ars Produktion ARS 38 155 – Notice en allemand et en anglais





Après Claudio Abbado, David Zinman, Jukka-Pekka Saraste, Valery Gergiev, Bernard Haitink et – surtout – le «Must» signé Riccardo Chailly à Leipzig, ces trois nouveaux enregistrements de la Neuvième Symphonie (1909) de Gustav Mahler (1860-1911) confirment le sentiment d’une assimilation désormais pleine et entière du langage mahlérien – même le plus virtuose – par les orchestres du monde entier.


Le Hongrois Iván Fischer (né en 1951) poursuit son intégrale avec l’Orchestre du Festival de Budapest (lire nos comptes rendus des Première et Quatrième Symphonies). Cette Neuvième en constitue un jalon marquant. L’Andante comodo trouve d’emblée son tempo (allant) et sa voix (affirmée). Evacuant trop vite l’indécision et le mystère de sa mise en place, le premier mouvement a, en revanche, le mérite de délivrer un message déchirant de franchise et brûlant de puissance instrumentale. De ce traitement foncièrement symphonique, l’Im Tempo eines gemächlichen Ländlers perd en impact émotionnel ce qu’il gagne en fantaisie instrumentale. Plus virevoltant que rocailleux, le Rondo-Burleske ne colle toujours pas à l’image d’une danse de la mort qu’on peut avoir en ligne de mire à l’écoute des mouvements centraux de cette symphonie, mais a rarement semblé aussi désépaissi et souple. Serein et juste, l’Adagio final est assez incontestable. Si elle évacue souvent le drame au profit de la lumière, le funèbre au profit du folklorique, cette interprétation reste de haute tenue. Saluons d’ailleurs l’excellence de la prise de son et la performance digne d’éloges des musiciens budapestois (voir la vidéo de présentation).


Le Coréen Myung-Whun Chung (né en 1953) aborde la Neuvième Symphonie en y mettant davantage de sentiments et de subjectivité. L’allongement de certains tempos et l’étirement de quelques phrases pourraient agacer si la cohérence stylistique – dans la veine d’un Giulini plutôt que d’un Walter – n’était aussi évidente. Le premier mouvement avance à un rythme sans cesse mouvant, comme une barque sur la lagune, alternant brumes instables et éclaircies aveuglantes. Moins admirable en raison d’un manque global de mordant, le deuxième mouvement construit néanmoins de très beaux climats et – malgré quelques ralentis douteux – le Scherzo assume sa virtuosité incisive et éclatante. Le dernier mouvement retrouve l’évidence et la liberté du premier, dans un geste évoluant de l’intime vers le grandiose avec une intensité qu’on n’a pas toujours rencontrée dans la baguette du chef coréen. Quant au Philharmonique de Séoul, il livre une performance de toute beauté, ses instrumentistes n’étant jamais pris en défaut par les exigences et les fulgurances de la partition, qu’ils abordent sereinement sur le chemin de lumière tracé par Chung.


Le Britannique Joolz Gale (né en 1983) choisit, lui, des sentiers plus escarpés. Ceux d’un arrangement de la Neuvième de Mahler pour orchestre de chambre. Réalisée par Klaus Simon (né en 1968) pour dix-sept musiciens seulement, cette adaptation est enregistrée pour la toute première par l’ensemble baptisé «mini» et son chef fondateur (voir la vidéo de présentation). Le travail de Klaus Simon est probe et les instrumentistes berlinois le restituent avec professionnalisme et charme. Mais la réduction du format étouffe trop souvent la partition mahlérienne qui semble s’asphyxier par moments. Le deuxième mouvement est probablement celui qui subit le plus difficilement le changement d’échelle, ramené à un cadre de salon dans lequel il paraît presque insipide. Le Rondo-Burleske ne trouve pas, lui non plus, le souffle nécessaire à l’effet dévastateur recherché par Mahler. Autrement plus probants, les mouvements extrêmes – l’Adagio surtout – offrent, par l’intimisme du legato et la concentration du propos, un point de vue neuf et enrichissant sur l’essence de leur création. Mais le sentiment d’avoir affaire à une esquisse de la partition plutôt qu’à la visite de l’édifice même de la Neuvième Symphonie ne disparaît jamais vraiment. Un disque insolite.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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