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06/06/2015
«Live at the Liszt Festival Raiding»
Franz Liszt : Années de pèlerinage [1 & 3] – Supplément à la Deuxième Année de pèlerinage: «Venezia e Napoli» [6] – Harmonies poétiques et religieuses [5 & 6] – Deux Polonaises [2] – Consolations, six pensées poétiques [5 & 6] – Deux Etudes de concert [2] – Quatre petites pièces pour piano [2]
Frédéric Chopin: Six Chants polonais, opus 74 (transcription Liszt) [5]
Georg Friedrich Händel : Almira, HWV 1: Sarabande et Chaconne (transcription Liszt) [2]
Richard Wagner : Tannhäuser: Pilgerchor [4] – Fantasiestück uber Motive aus «Rienzi» [4] – Die Meistersinger von Nürnberg: «Am stillen Herd» [4] – Tristan und Isolde: Isoldens Liebestod [4] – Der fliegende Holländer: Spinnerlied & Ballade (transcriptions Liszt) [4]

Boris Bloch (piano)
Enregistré en public à la Franz Liszt Konzertsaal, Raiding (25 juin 2010 [1], 19 octobre 2011 [2], 20 octobre 2012 [3], 14 mars 2013 [4], 19 juin [5] et 19 novembre [6] 2014) – 396’38
Coffret de six disques Gramola 99070 – Notice de présentation en allemand et anglais





Franz Liszt : Sonate en si mineur – Grandes Etudes de Paganini
George-Emmanuel Lazaridis (piano)
Enregistré à The Maltings, Snape (15-18 mai 2006) – 57’
Linn BKD 282 – Notice de présentation en anglais





Franz Liszt : Etudes d’exécution transcendante
József Balog (piano)
Enregistré au Studio Hungaroton, Budapest (30 septembre, 1er et 2 octobre et 7 novembre 2014) – 67’50
Hungaroton HCD 32736 – Notice de présentation en anglais et hongrois





«Insights. Alexander Krichel Plays Liszt»
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Deuxième année. Italie): Sonetto 47 del Petrarca, Sonetto 104 del Petrarca, Sonetto 123 del Petrarca & «Après une lecture de Dante» – Supplément à la Deuxième Année de pèlerinage: «Venezia e Napoli» – Ballade n° 2

Alexander Krichel (piano)
Enregistré à la Friedrich-Ebert-Halle, Hambourg (28-30 janvier 2011) – 72’03
Profil Hänssler PH14037 – Notice de présentation en allemand et anglais





Franz Liszt : Sonate en si mineur [3] – Années de pèlerinage (Troisième année): «Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este» [5] & «Sursum corda» [2] – Valse oubliée n° 1 [5] – Grand galop chromatique [5] – Consolation n° 3 [1] – Deux Etudes de concert [4] – Grandes études de Paganini: «La campanella» [4] – Rhapsodies hongroises n° 6 [6] et n° 15 [6]
Ernö Dohnányi [1], Béla Bartók [2], Annie Fischer [3], Louis Kentner [4], Georges Cziffra [5, 6] (piano)
Enregistré à Budapest (1936 [2], 9 janvier 1953 [3], 1955 [5], 1956 [6], 1966 [4]) et à Athens, Ohio (15 avril 1956 [1]) – 396’38
Hungaroton HCD 32704 – Notice de présentation en français, allemand, anglais et hongrois





Parmi ces nouvelles livraisons lisztiennes (dont pas mal de rééditions), l’imposant coffret publié par Gramola rend honneur aux talents de Boris Bloch (né en 1951), en regroupant des live (... avec quelques raccords audibles) s’étalant de 2010 à 2014.


L’intégrale des Années de pèlerinage présente des qualités de clarté et de structuration du propos assez évidentes, mais ne concurrence en rien les grandes versions du cycle. Dans la Première, le natif d’Odessa expose un toucher riche de nombreux arrières plans («La Chapelle de Guillaume Tell»), un sens du rythme assez personnel (l’originalité d’«Au bord d’une source» – trop haché malheureusement – ou d’«Orage» – qui manque de légèreté dans la furie) et une certaine précision dans la découpe. Si «Vallée d’Obermann» est plastiquement impeccable, elle manque d’engagement émotionnel, se faisant trop neutre de ton: le contraste avec l’«Eglogue» qui suit n’en est que plus fort. Heureusement, au bord du silence, «Les Cloches de Genève» ne sont qu’émotion et sensibilité. La Deuxième Année débute mal, par un «Sposalizio» en panne d’inspiration et à la sonorité métallique, tout comme dans la «Canzonetta del Salvator Rosa». Après un «Penseroso» terne et trop lent, les trois «Sonnets de Pétrarque» éveillent enfin le clavier pour dégager de l’éloquence (mais vraiment trop peu de densité). «Après une lecture de Dante» bute également sur le métal d’un toucher souvent haché. Et le timide «Supplément» n’est sauvé qu’in fine par une «Tarentelle» pleine de couleurs. Enfin, la Troisième Année confond malheureusement trop souvent Liszt avec Debussy, et l’on a du mal à y suivre le pianiste dans son refus de la fluidité (même dans les trois pièces à la «Villa d’Este»). Un style qui convient mieux à la «Marche funèbre», inquiétante par sa noirceur massive.


Le cycle des Harmonies poétiques et religieuses apporte davantage de satisfactions. Si la neutralité du ton amoindrit l’impact émotionnel de certaines pièces («Invocation», «Ave Maria», et même «Funérailles»), la foi pianistique grandit l’essentiel des autres – à commencer par une «Bénédiction de Dieu dans la solitude», une «Pensée des morts» et un «Hymne de l’enfant à son réveil» d’une appréciable cohérence et d’une grande ferveur. La série de transcriptions et paraphrases – un répertoire dans lequel l’interprète russo-ukrainien jouit pourtant d’une belle réputation – laisse une impression décevante. Notamment dans Wagner. Les évocations de Tannhäuser et des Maîtres chanteurs noient ainsi à l’excès les couleurs wagnériennes dans la pédale du piano. Elles n’en restent pas moins plus réussies que celles de Rienzi – trop clinquante – ou du Vaisseau fantôme – manquant d’un chouïa de densité rythmique. En fin de compte, on trouve surtout son bonheur dans l’élégance et le raffinement des Chants polonais de Frédéric Chopin. Ainsi que dans l’élégance mélancolique de certaines partitions (la Polonaise en ut mineur ou les Consolations, par exemple). Bref, un coffret inégal.


Le pianiste grec George-Emmanuel Lazaridis (né en 1978) met sa technique remplie d’assurance mais également de finesse au service d’un Liszt qu’il dose avec beaucoup de soin. Cette approche – mélange admirable de puissance et de légèreté dans la frappe – réussit tout spécialement aux Grandes Etudes de Paganini, virevoltantes et déchaînées à la fois. Maîtrisée sinon dominée, la Sonate en si mineur est trop en tension. Les arrêts sur image qui égrènent son exposé se transforment souvent en temps morts. Ce disque, enregistré en 2006 et remis en avant par Linn (dans le cadre d’une série de rééditions destinées à offrir «une seconde chance» à certains enregistrements de son catalogue), reste néanmoins de très bonne tenue.


József Balog (né en 1979) présente, lui, des Etudes d’exécution transcendante maîtrisées mais pas totalement dominées. Cela s’entend dès la course effrénée du «Preludio» et du Molto vivace qui suit – aux élans inaboutis, manquant d’abandon dans la virtuosité. On a aussi connu «Feux follets» plus renversants, «Vision» plus inspirée, «Chasse-neige» plus grisant. Le clavier est homogène et s’appuie sur une tenue élégante du poignet (dans «Mazeppa», «Eroica» ou même «Wilde Jagd»), au brio modéré, aristocratique presque. Avec un brin supplémentaire d’élégance dans une «Ricordanza» sans esbroufe. Des qualités de poète qu’on retrouve dans «Paysage» voire dans l’Allegro agitato molto, même si l’on regrette que la technique ne soit pas plus souveraine encore. Les «Harmonies du soir» sont, en revanche, trop terre-à-terre. Le disque (enregistré en plusieurs sessions à la fin de l’année 2014) n’en reste pas moins de qualité, maîtriser ce recueil demeurant une performance digne de louanges. Mais l’on ira toujours beaucoup plus loin avec Claudio Arrau (Philips) ou Vladimir Ovchinnikov (EMI).


La publication la plus marquante est, en définitive, celle d’Alexander Krichel (né en 1989). Son disque, gravé en 2011, le présente sous un jour très flatteur: le geste ne manque pas d’éloquence et la technique est même séduisante. La Deuxième Ballade est ainsi appréhendée dans une douce chaleur et une emphase toujours contrôlée. D’une épaisseur sans surpoids, «Après une lecture de Dante» exalte surtout les qualités de délié du toucher du pianiste allemand: avec les années, l’expérience (pianistique et humaine) apportera certainement à cette interprétation une densité dramatique qui, parfois, fait défaut. Et si les trois «Sonnets de Pétrarque» manquent d’un soupçon mystère poétique, ils ne manquent nullement de charme. «Venezia e Napoli» ajoute même une touche de grâce à ce clavier plein de ressources et à ce Liszt est joliment équilibré. Un pianiste à suivre.


Signalons pour finir le petit florilège édité par Hungaroton à partir d’archives – souvent connues et précieuses – de grands pianistes hongrois. Il ne s’agit que d’une énième compilation mais elle permettra à ceux qui ne connaissent pas le magnétique «Sursum corda» de Béla Bartók (1936) ou l’éloquente Consolation en ré bémol majeur d’Ernö Dohnányi (1956) d’y accéder aisément. Quant aux témoignages de Georges Cziffra (un Grand Galop chromatique à tomber par terre, en 1955) et Louis Kentner (les «Waldesrauschen», «Gnomenreigen» et «Campanella» de 1966, must absolus de la discographie lisztienne), ils demeurent incontournables. Le cœur de l’album est occupé par la Sonate en si mineur enregistrée par Annie Fischer en 1953, dont on a récemment souligné les qualités... mais aussi les défauts (lire ici).


Le site de József Balog
Le site de Boris Bloch
Le site d’Alexander Krichel


Gilles d’Heyres

 

 

 

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