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03/15/2015
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16 – Kinderszenen, opus 15 – Etudes pour le pianoforte d’après les «Caprices» de Paganini, opus 3: n° 1 et n° 2
Dora Deliyska (piano)
Enregistré au Franz Liszt Zentrum de Raiding (23-25 septembre 2014) – 61’51
Gramola 98058 – Notice de présentation en allemand et anglais





Robert Schumann : Carnaval, opus 9 – Davidsbündlertänze, opus 6 – Papillons, opus 2
Boris Giltburg (piano)
Enregistré au Concert Hall, Wyastone Leys, Monmouth (28-30 juin 2014) – 77’11
Naxos 8.573399 – Notice de présentation en anglais





«Robert Schumann. The Complete Studies for Piano»
Robert Schumann : Douze Etudes symphoniques, WoO 6 – Douze Etudes en forme de variations, opus 13 – Six Etudes pour le pianoforte d’après les «Caprices» de Paganini, opus 3 – Six Etudes de concert pour le pianoforte d’après les «Caprices» de Paganini, opus 10 – Studien für den Pedalflügel, opus 56 – Skizzen für den Pedalflügel, opus 58 – Beethoven-Etüden, WoO 31

Lev Vinocour (piano)
Date et lieu d’enregistrement non précisés –162’05
Triple album Telos Music TLS 057 – Pas de notice de présentation





Mauvaise pioche pour ces trois disques de piano qui ressassent, pour l’essentiel, des chefs-d’œuvre de Robert Schumann (1810-1856) pour lesquels les références abondent. Repérée grâce à un prometteur album Schubert, la pianiste bulgare Dora Deliyska (née en 1980) déçoit dans Schumann, sur lequel elle tient d’ailleurs des propos surprenants («His emotions are strong and heartfelt, but by no means meditative»). Malgré la richesse du Bösendorfer, les Kreisleriana (1838) sont décoratives, non dénuées de vigueur voire d’athlétisme gracieux, mais aux contrastes sans relief, aux nuances fort peu inventives, aux rebondissements sans surprise (les seules originalités n’arrivent qu’avec le Sehr rasch... et sont loin de convaincre de leur bien-fondé). Bref, cette interprétation sans vertige dispense une émotion trop tenue. Davantage de fantaisie éclairent les Scènes d’enfants (1838), où quelques pesanteurs continuent de provoquer une certaine lassitude mais qui présentent un geste plus assumé et assez probant. Le résultat demeure cependant trop sage pour intéresser durablement. Quant aux deux premières Etudes d’après les «Caprices» de Paganini (1832), elles déploient avec vigueur leur inventivité sage.


Ainsi qu’un superbe album Prokofiev avait permis de s’en rendre compte (Orchid), le pianiste israélien Boris Giltburg (né en 1984) a une très belle technique. Il a aussi des intentions dans Schumann, qu’il expose dans la notice: «Schumann was a great explorer of the soul and the heart, and his works are like the distilled essence of our own emotions, presented with utter strength and conviction, and covering a broad spectrum – while always remaining poetic, full-blooded, and life-affirming.» Bien que l’on sache que des intentions aux actes il y ait généralement un fossé, on tombe de haut en écoutant cet enregistrement publié par Naxos. Quel intérêt trouver à des Papillons (1830) au style doucereux et à la technique mollassonne, dont les intentions semblent vaines?


Tout en douceur, les Danses des compagnons de David (1837) se font vite ennuyeuses par la modération du toucher, l’équilibre fade des tempos et la discrétion des nuances (dans le registre piano surtout). Avec des enchaînements assez laborieux entre les pièces, quelques minauderies et vraiment trop de chutes de tension pour intéresser. Inutile, du coup, de s’éterniser sur un Carnaval (1835) sans relief. Malgré une entame volontaire, la fougue retombe vite, et certaines pesanteurs (avec une des «Chiarina» les plus laborieuses qu’on ait entendu) dissuadent de s’aventurer dans ce Schumann encore plus décevant que le précédent. Et bien inutile.


Un mot, enfin, sur le triple album de Lev Vinocour (né en 1970), publié en 2003 par Telos et ressorti sans grand soin éditorial, malheureusement. Il réunit toutes les partitions schumaniennes présentant la forme d’une étude. Beaucoup découvriront ainsi l’ensemble de pièces empruntant un thème à l’œuvre de Beethoven, et notamment à sa Septième Symphonie. Un Schumann rare et captivant – y compris dans les tardives Etudes et Esquisses de 1845, que Vinocour fait vivre avec beaucoup d’intelligence – et «hors des sentiers battus», à l’image de l’interprète... déjà connu pour son originalité dans ce répertoire (lire ici).


Autres raretés, les deux séries d’Etudes d’après les «Caprices» de Paganini: celle de 1832 et celle (dite Etudes de concert) de 1833. Le pianiste russe en offre une interprétation agile et charmante, au toucher vif mais étonnamment timide. Cette timidité, conjuguée à la légèreté espiègle de la frappe, tirerait presque ces douze Etudes vers Mendelssohn. Une force tranquille dont la beauté semble parfois oublier l’essence virtuose de ces compositions.


Là où les interprètes optent, en règle générale, pour un mélange subtil entre le WoO 6 et l’Opus 13, Lev Vinocour donne séparément, d’une part, les Douze Etudes symphoniques (1835) et, d’autre part, les Douze Etudes en forme de variations (1852). Les premières irritent résolument par leurs tempos désarticulés et leur provocante lenteur. Peu crédibles et presque ridicules par instants, elles s’écoutent péniblement malgré le soin de la découpe et le ciselé de l’architecture. Les Variations symphoniques sont, pour leur part, exécutées de manière plus conventionnelle. Des enregistrements où l’on s’aventurera à ses risques et périls.


Le site de Dora Deliyska
Le site de Lev Vinocour


Gilles d’Heyres

 

 

 

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