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02/25/2015
Paul Hindemith : Concerto pour violoncelle (1940) [1]
Serge Prokofiev : Symphonie concertante pour violoncelle, opus 125 [2]
Einojuhani Rautavaara : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 41 [3]

János Starker (violoncelle), Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Andreas von Lukacsy (direction) [1], SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Ernest Bour [2], Herbert Blomstedt [3] (direction)
Enregistré au Funkstudio, Stuttgart (14 janvier 1971) [1] et au Hans-Rosbaud Studio, Baden-Baden (6 février [3] et 16 août 1975 [2]) – 74’48
Hänssler Classic, collection «Historic» CD 94.227 – Notice en allemand et en anglais de Christoph Schlüren


 Sélectionné par la rédaction





«Car on ne peut mieux jouer du violoncelle que János Starker, différemment sûrement, mais mieux... A l’instar d’un Heifetz pour le violon dont le niveau de virtuosité reste une référence, le jeu de János Starker est un exemple de précision, d’agilité et de finesse.» C’est ainsi qu’Henri Demarquette évoque le grand violoncelliste, dont il fut l’élève à Bloomington, Indiana, au début des années 1990. Un an après sa disparition, Hänssler Classic met à l’honneur le talent exceptionnel de János Starker (1924-2013) par une remastérisation de trois pièces marquantes pour violoncelle et orchestre à partir des bandes originales des archives de la SWR. Ces versions s’ajoutent à une discographie fournie sans l’encombrer puisque les trois concertos y sont peu ou pas du tout représentés.


Après un bref passage en France où son interprétation de la prodigieuse Sonate pour violoncelle seulde Kodály lui valut le Grand Prix du Disque en 1948, Starker émigra aux Etats-Unis, où, encouragé par des compatriotes tels Antal Doráti, George Szell et Fritz Reiner, il devint premier violoncelle solo de l’Orchestre symphonique de Dallas, de l’Orchestre de l’Opéra métropolitain de New York puis de l’Orchestre symphonique de Chicago, avant d’entreprendre une carrière de soliste et de pédagogue à partir de 1958. C’est en direct à Chicago qu’il enregistra le troisième (compte tenu de l’Opus 36/2) Concerto (1940) de Hindemith pour la première fois. Un enregistrement ultérieur date de 1994. Celui des archives de la SWR (1971) vient donc entre les deux en précieux complément. Si l’orchestre semble moins inspiré, l’interprétation de Starker, burinée et intense, souligne l’énergie et l’élan irrépressibles des deux mouvements extérieurs, sans négliger le lyrisme qui ouvre et clôt le deuxième mouvement et les instants d’exubérance syncopée d’une partition que le violoncelliste hongrois tenait en haute estime.


La Symphonie concertante de Prokofiev, composée en 1952 pour (et avec le concours de) Mstislav Rostropovitch, est en grande partie une refonte du matériau de son Concerto pour violoncelle, abandonné à Paris en 1933, repris à Moscou en 1938 et remanié en 1940, qui ne l’avait jamais pleinement satisfait. La nouvelle œuvre a mille attraits. Rostropovitch en accentue la vigueur, la virtuosité et la séduction. L’interprétation concentrée de Starker déferle avec une rigueur passionnée et parfaite. Il déjoue avec élégance la virtuosité acrobatique tout en y projetant une rage et une ardeur lyrique fortement intériorisées, son entente avec Ernest Bour permettant le plein épanouissement d’un orchestre coloré qui aurait pu n’être qu’écrin.


A l’époque de la composition de son Premier Concerto pour violoncelle (1968), Einojuhani Rautavaara (né en 1928) s’affranchissait d’un certain dodécaphonisme pour s’orienter à contre-courant vers un style plus élargi et quasi néo-tonal nonobstant la souplesse harmonique et les inflexions modales. Dans la conception du Concerto, une préoccupation majeure semble être la recherche de sonorités inventives à travers un orchestre plus fort en cuivres qu’en bois, qui dialogue avec un violoncelle expressif, concentré dans le registre grave ou dans l’extrême aigu et capable de se faire l’écho des rubans lumineux de la flûte. Plaçant le soliste au centre d’un monde d’appels mystérieux, les délicieuses harmonies de cuivres ou de cors mêlés aux cordes graves relèvent du doigté particulier de leur auteur. Les trois mouvements signalent une structure classique – vif, lent vif – mais la progression organique, parfois fragmentée, témoigne d’une approche plus libre. Herbert Blomstedt, attentif, et Starker, sensible à l’originalité sonore et à la valeur intrinsèque de la partition, la défendent bien et leur interprétation restera une version de référence.


L’archet ferme et le vibrato resserré, János Starker apporte toute sa science et son intelligence musicales à l’interprétation de ces trois concertos si différents. Il ne s’épanche pas, il intériorise et, comme l’exprime Henri Demarquette, «"en lui" se trouve un univers de passions, de douleur, d’intensité, de gravité, de violence d’un homme exilé et meurtri». La présente sélection de la SWR en est un témoignage sûr.


Christine Labroche

 

 

 

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