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08/27/2014
Anton Bruckner : Symphonie n° 9
Orchestre du Festival de Lucerne, Claudio Abbado (direction)
Enregistré en public à Lucerne (21-26 août 2013) – 63’07
Deutsche Grammophon 479 3441


Must de ConcertoNet





Ce disque appartient à l'Histoire : voici le dernier enregistrement de Claudio Abbado. Le chef italien disparu en janvier dernier aura eu une carrière exceptionnelle, de la Scala de Milan au Philharmonique de Berlin, en passant par Londres, Chicago et l'Opéra de Vienne. Mais c'est avec le Festival de Lucerne, qu'il ressuscite en 2003, qu'il atteindra une excellence musicale exceptionnelle, caractéristique des plus grands interprètes. L'Orchestre du Festival de Lucerne réunissait tout les étés les meilleurs musiciens qu'il avait connu tout au long de sa carrière, le niveau technique de cette formation est stupéfiant, tout autant que le plaisir de jouer ensemble. Il faut absolument avoir entendu ses symphonies de Mahler qui mêlent comme rarement souci du détail et conception de la forme, approche analytique et tension lyrique ; elles s'inscrivent au sommet de la discographie.


Mais Claudio Abbado était aussi familier de Bruckner, et le témoignage qu'il laisse de cette Neuvième se révèle passionnant, il marque un jalon dans l'histoire de l'interprétation de ce massif symphonique. Expliquons pourquoi. La tradition d'interprétation de cette symphonie a été fixée par Wilhelm Furtwängler (avec son enregistrement de 1944), et elle consistait notamment à marquer une nette distinction entre les passages fortissimo de l'immense orchestre brucknérien, et les passages pianissimo, les transitions (le fameux "art des transitions" de Bruckner, que seuls les grands chefs parviennent à rendre vivants). Abbado prend le contrepied de cette approche : avec lui tout est au même niveau. Nulle simplification du discours, bien sûr, mais avec le chef italien les fortissimos n'écrasent jamais, ils brillent même d'une lumière méditerranéenne, et cela est du à sa direction, mais aussi à la pure somptuosité musicale de l'orchestre (on pense à Celibidache pour ce son plein et entier mais jamais lourd). Les pianissimos, eux, sont habités comme jamais grâce, encore une fois, à l'exceptionnel niveau des solistes qui leur donnent des couleurs et un lyrisme intenses. Au final, cette lecture confère une fluidité jamais entendue à l'ultime symphonie de Bruckner. Voici la clé de cet enregistrement. Le brucknérien pourra être désarçonné à la première écoute, mais il découvrira ensuite une version à nulle autre pareille. Et celui qui est rétif ou peu familier de cet univers trouvera ici une majestueuse et accueillante introduction. Un disque historique donc, pour Abbado comme pour l'interprétation de Bruckner.


Philippe Herlin

 

 

 

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