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08/23/2014
«Chopin. Philippe Bianconi. Le piano poète»
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52 – Barcarolle, opus 60 – Prélude, opus 45 – Scherzo n° 4, opus 54

Philippe Bianconi (piano)
Enregistré dans la salle Byzantine, Hôtel de Béhague, Paris (octobre 2013) – 65’56
La dolce volta LDV14 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais, allemand et japonais





Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52 – Barcarolle, opus 60 – Polonaise-Fantaisie, opus 61 – Deux Nocturnes, opus 62
Jean-Baptiste Fonlupt (piano)
Enregistré en concert au Studio Acoustique, Passavant (4-6 mai 2012) – 73’56
Passavant Music PAS 114102 – Notice de présentation en français et anglais





Frédéric Chopin : Sonate n° 2, opus 35 – Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, n° 3, opus 51, et n° 4, opus 66 «Fantaisie-Impromptu» – Quatre Mazurkas, opus 33
Laure Favre-Kahn (piano)
Enregistré en concert au Grand Théâtre, Reims (juillet 2010) – 60’09
Transart TR173 – Notice de présentation en français et anglais





Frédéric Chopin : Douze Etudes, opus 10 – Douze Etudes, opus 25 – Trois nouvelles Etudes
Zlata Chochieva (piano)
Enregistré à la Westvestkerk Schiedam (25-26 février 2014) – 64’05
Piano Classics PCL0068 – Notice de présentation en anglais





Voici quatre disques qui donnent du piano Frédéric Chopin (1810-1849) un aperçu assez complet.


Après le choc créé par son album Debussy chez le même éditeur (dont on salue l’effort d’explicitation des choix interprétatifs dans une notice – comme toujours – très soignée), Philippe Bianconi (né en 1960) propose un programme dense, dont le point d’appui réside dans les quatre Ballades. Des Ballades en demi-teintes, à dire vrai, en ce que leur rendu – tout en finesse et en nuances – contraste avec l’intention exprimée d’un «Chopin épique, animé d’un souffle grandiose». La Première offre une clarté de toucher qui allège le propos. Elle gagne ainsi en éloquence ce que, malheureusement, elle perd en puissance et en concentration. Après la tendresse de l’introduction, la Deuxième peine à décoller, retombant dans un phrasé au lyrisme trop discret – malgré la musicalité omniprésente et la recherche d’un «hurlement de douleur» dans la coda. Bianconi adopte une approche comparable dans la Troisième Ballade, qui séduit davantage – tant l’architecture se bâtit avec calme mais densité harmonique, refusant toute violence. Quant à la Quatrième, elle reflète un pianisme accompli dans un geste patient (12 minutes) mais inéluctable («on a parfois l’impression de partir dans une autre dimension, de ne plus toucher terre, de passer de l’autre côté du miroir...»), d’une indéniable poésie. D’une durée identique, le Quatrième Scherzo parvient à faire croire à l’«illusion d’improvisation permanente», le pianiste français déroulant sans les dévoiler les arabesques de l’Opus 54. La Barcarolle est à l’avenant et, comme en concert, Philippe Bianconi trouve, dans le Prélude en ut dièse mineur, le ton juste de l’apesanteur, dans une sonorité magnifique. Un disque qui s’apprivoise lentement.


Retenant un programme très proche (quatre Ballades, Barcarolle), Jean-Baptiste Fonlupt présente un Chopin dont le lyrisme n’est pas si éloigné de celui de Bianconi (la tendresse du Nocturne en mi majeur, la douceur des trilles du Nocturne en si majeur). L’héroïsme chopinien est néanmoins davantage extraverti sous les doigts de Fonlupt, comme l’illustre une Barcarolle sans mystère mais pleine de fougue. Les Ballades révèlent ainsi un souci constant du legato, dans un toucher plus ordinaire et moins précis, mais également plus héroïque (Première), sombre (Deuxième) voire belliqueux (Troisième). Avec, parfois, un (léger) manque de subtilité (dans les mystères de la Quatrième, par exemple). Beau mélange de sobriété et de flamme, la Polonaise-Fantaisie est habitée – malgré quelques temps morts – d’une passion frémissante plutôt séduisante. Un pianiste à connaître.


Laure Favre-Kahn (née en 1976) interprète Chopin depuis longtemps. Et ne semble pas s’en lasser si l’on en croit le premier mouvement de la Deuxième Sonate, qui dégage une énergie joyeuse. Une énergie assise sur un geste presque lapidaire, qui parvient pourtant à rester éloquent. La vigueur de la frappe tourne malheureusement à vide dans le Scherzo – comme dénué d’intentions (y compris dans sa partie centrale). Et l’extrême lenteur recherchée dans la «Marche funèbre», pour intéressante qu’elle soit, vire à l’immobilité franche... Les Impromptus sont bien exécutés mais souffrent d’un toucher ordinaire (Opus 29) et de quelques temps morts (Opus 51). Le manque de profondeur de la frappe n’empêche toutefois pas la poésie du jeu de s’exprimer (Opus 36, Fantaisie-Impromptu). De belles Mazurkas opus 33 – dansantes et finement découpées – complètent cet album, bien fait mais peu marquant.


Enfin, c’est sans la moindre appréhension que Zlata Chochieva (née en 1985) s’attaque aux Etudes. Bonne pioche, tant le jeu est vif, volontaire et rempli de brio comme d’originalité. L’Opus 10 brille de toute l’énergie de la jeunesse (celle du compositeur comme celle de l’interprète russe), au risque d’être parfois un peu lapidaire ou de ne creuser qu’à la surface des textes. Aucune passivité non plus dans l’Opus 25, qui épate par la fraîcheur de l’articulation et, à certains moments, par l’inventivité du propos. Mais ce sont les Nouvelles Etudes qui offrent du toucher de Zlata Chochieva – soudainement plus rond et plus subtil – le reflet le plus flatteur. Rien qui ne menace de détrôner les «classiques» (de Pollini à Lugansky), mais du piano fort revigorant.


Le site de Philippe Bianconi
Le site de Jean-Baptiste Fonlupt
Le site de Zlata Chochieva
Le site de Laure Favre-Kahn


Gilles d’Heyres

 

 

 

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