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06/22/2014
Giuseppe Verdi : Don Carlo
Bonus: extraits de Fidelio (Beethoven), Mefistofele (Boito), Boris Godounov (Moussorgski), La bohème (Puccini), Il barbiere di Siviglia (Rossini), Henry VIII (Saint-Saëns), Macbeth et Simon Boccanegra (Verdi) [*]

Jon Vickers (Don Carlo), Gré Brouwenstijn (Elisabetta di Valois), Tito Gobbi (Rodrigo), Fedora Barbieri (La principessa Eboli), Boris Christoff [*] (Filippo II), Michael Langdon (Il grande inquisitore), Ava June (Voce dal cielo), Joseph Rouleau (Un frate), Jeannette Sinclair (Tebaldo), Edgar Evans (Il conte di Lerma), Robert Allman (Un araldo reale), The Covent Garden Orchestra and Opera Chorus, Carlo Maria Giulini (direction)
Enregistré en public au Royal Opera House, Covent Garden, London (12 mai 1958) – 177’50 + 36’54 (bonus)
Trois disques Andromeda ANDRCD 9096 – Notice de présentation en anglais





Mis en scène par Luchino Visconti en mai 1958, ce réputé Don Carlos (en italien et en cinq actes) célébrait le centenaire de l’ouverture du Théâtre de Covent Garden. Carlo Maria Giulini s’y révèle plus vif que dans son enregistrement de studio, douze ans plus tard (EMI), avec le même orchestre londonien mais une distribution très différente. Fin ciseleur, il dirige en homme de théâtre, animé du souci permanent de mettre en valeur les chanteurs, soulignant les moindres traits de la partition (malgré quelques approximations dues au live) avec une virtuosité réjouissante. Du grand art.


La distribution fait rêver. Couple au format wagnérien, davantage porté sur la désespérance que sur le bel canto, Jon Vickers et Gré Brouwenstijn assument pleinement la tessiture de leur rôle. Hors norme, le Carlos de Vickers maîtrise son legato extraverti avec dignité et émotion: un format puissamment héroïque auquel il est difficile de résister. Le timbre donne le frisson, et son acte II – qui craque à de brefs instants (mais quelle audace dans le chant!) – tirerait presque vers Siegmund. De haute tenue, Brouwenstijn s’inscrit dans la même veine, moins convaincante toutefois en raison d’un manque (tout relatif) de fragilité et de pureté, s’essoufflant presque par moments (face à son mari notamment). Souvent en force (sur le «Tu che la vanita», par exemple), elle impressionne par son assurance et la robustesse de sa voix.


Tito Gobbi est, avec Vickers, l’intérêt premier de cet album. On pourra juger le format trop sombre pour Rodrigue (qui n’est pas Iago), mais la puissance vocale du baryton italien emporte tout. Difficile, face à une telle tornade, de ne pas réclamer la libération immédiate de la Flandre! Et quand vient le lyrisme éperdu du troisième et surtout du quatrième acte, on rend définitivement les armes face à ce Rodrigo à thésauriser. Peut-être moins marquant que quatre ans plus tôt en studio, le Philippe de Boris Christoff semble un peu emprunté au début du deuxième acte. S’il brise l’armure face à Posa, le monarque conserve toujours une certaine distance émotionnelle, à l’image d’un «Ella giammai mi amò» vocalement royal.


La nasalité du timbre de l’Eboli de Fedora Barbieri suffit à caractériser l’ambiguïté du personnage. Si l’«air du voile» offre une puissance sans finesse, les interventions de Barbieri sont toutes remplies d’un venin qui colle au personnage (particulièrement efficace dans le «O don fatale»), malgré un manque de souplesse dans le chant. L’excellence de Covent Garden s’incarne également dans les seconds rôles, masculins surtout. Le Grand Inquisiteur de Michael Langdon fait d’autant plus fureur que Giulini déchaîne sans crainte son orchestre sous «l’ombre de Samuel». Quant au moine de Joseph Rouleau, c’est peut-être le meilleur de toute la discographie du chef d’œuvre de Verdi.


Un bonheur ne venant jamais seul, l’album est complété par de généreux bonus permettant d’entendre Boris Christoff dans divers airs d’opéra où sa basse fait fureur, tous issus des archives de la RAI (entre 1954 et 1961). Vu les limites du genre, on pourra trouver le résultat quelque peu artificiel (le français exotique du «Qui donc commande» du Henri VIII de Saint-Saëns) ou routinier (Macbeth, Fidelio), l’Orchestre symphonique de la RAI (Rome ou Turin) – principalement dirigé par Alfredo Simonetto – n’étant pas spécialement inspire... surtout par comparaison avec Giulini. Mais la mort de Boris (sous la baguette de Ferruccio Scaglia en 1958) lève toute ambiguïté sur le talent de ce chanteur, l’un des plus marquants du XXe siècle.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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