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06/03/2014
Josef Suk : Quintette avec piano en sol mineur, opus 8
Antonín Dvorák : Quintette avec piano n° 2 en la majeur, opus 81, B. 155

Syntonia: Stéphanie Moraly, Thibault Noally (violon), Anne-Aurore Anstett (alto), Patrick Langlot (violoncelle), Romain David (piano)
Enregistré à l’auditorium Olivier Messiaen du CRI de Châtillon (2013) – 72’13
Syntonia 001 (distribué par Abeille Musique) – Notice en français et en anglais de Zdeněk Nouza


 Sélectionné par la rédaction





Le riche paysage actuel des quatuors et trios à cordes et avec piano en France recèle des formations de haut niveau augmentées d’un seul quintette avec piano régulièrement constitué, l’ensemble Syntonia. Syntonia «résonne en accord» à cinq principalement, mais reste à géométrie variable jusqu’à cinq et au-delà, grâce aux instrumentistes invités, ce qui lui permet d’aborder plus aisément un certain répertoire contemporain, comme par exemple au disque des œuvres de Jacques Boisgallais (Le Chant du monde) et d’Olivier Greif (Zig-Zag Territoires). Fondé en 1999, rejoint d’abord par Thibault Noally ensuite par Stéphanie Moraly en remplacement des deux violonistes d’origine, Syntonia garde un même esprit, une même exigence et une même hauteur de vue à travers les ans et, après le succès marquant d’un premier enregistrement consacré uniquement à des quintettes avec piano (Franck et Schumann, Loreley), ils livrent ici un deuxième sous leur propre label, constitué lui aussi de quintettes souvent au programme de leurs concerts.


Deux quintettes écrits à cinq ans d’intervalle par deux compositeurs tchèques, l’un l’élève et plus tard le gendre de l’autre alors en pleine maturité, impriment une certaine teneur musicalement satisfaisante à ce programme, d’autant plus que le Quintette (1893) de Josef Suk (1874-1935) n’est pas dans la veine plus moderniste de son confrère et ami Vítězslav Novák comme plus attendu, mais encore proche de Dvorák lui-même par son ampleur et par sa sève mélodique, voire de Brahms à qui il est dédié. C’est l’œuvre qui met fin aux années de formation du jeune Suk mais c’est déjà un coup de maître que l’on aimerait voir plus souvent à l’affiche. Syntonia en donne la version légèrement remaniée de 1915. La fraîcheur et l’énergie de l’interprétation des cinq musiciens mettent en valeur la richesse texturale et la clarté des lignes d’une écriture de haute tenue, expressive mais rigoureuse. Les archets, peut-être moins généreux, moins romantiques que dans certaines versions à l’âme slave, s’imposent par une finesse de jeu, une netteté lyrique et une intensité néanmoins enflammée, le piano de Romain David brillamment et fermement au diapason. Ciselant la partition avec précision, ils restituent avec sensibilité et éclat les indications climatiques de trois des quatre mouvements (Allegro energico, Adagio religioso, Allegro con fuoco), enlevant avec brio le troisième mouvement, un scherzo (Presto) d’humeur par définition beaucoup plus légère. Le piano mène les cordes, espiègle et virtuose, les lançant vers des phrases plus sombres qui se font les brefs échos tendres du recueillement de l’Adagio précédent.


L’irrésistible Second Quintette (1887) de Dvorák déferle, scintille et s’exhale sous les doigts experts de l’ensemble Syntonia dont la prestation incandescente, ailée et véloce, préserve à l’œuvre toute sa force vitale et le charme pénétrant de sa mélancolie particulière. Toujours aussi affirmés et précis, révélateurs de la tendresse sous-jacente sans épanchement excessif, les cinq musiciens mènent à bien les climats contrastés de la Dumka comme les contre-rythmes et les accélérations du scherzo (Furiant), les deux aux thèmes délicieusement mélodiques. Les mouvements extérieurs fusent aussi en éclats de soleil qui se voilent pour mieux resplendir mais, bien servis par une prise de son qui respecte pleinement l’équilibre parfait des pupitres, les Syntonia en captent la profondeur latente et exposent par leur maîtrise l’admirable ordonnance accomplie de l’ensemble.


C’est une prestation heureuse, plus classique peut-être qu’autochtone, mais la précision, la musicalité et la verve des Syntonia ajoutées à la parfaite entente qui les gouverne laissent peu de marge entre la leur et les versions légendaires telles celle d’Ivan Klánský allié aux Prazák ou de Sviatoslav Richter avec les Borodine.


Le site de Syntonia


Christine Labroche

 

 

 

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