About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/29/2014
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak, 1951)
London Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)
Enregistré en public au Barbican Center, Londres (17 et 21 février 2013) – 67’10
LSO Live SACD LSO0746 – Notice (en anglais, français et allemand) de Stephen Johnson et Andrew Stewart


 Sélectionné par la rédaction





Patiemment, concert après concert, à la tête de divers orchestres, Bernard Haitink est en train de nous livrer une nouvelle intégrale des Symphonies d’Anton Bruckner après celle, superlative, qu’il a enregistrée pour Philips à la tête de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam dans les années 1969 et 1970. Ainsi a-t-on pu écouter, au cours des années récentes, de très belles versions des Sixième et, surtout, Huitième à la tête de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde sans oublier une non moins remarquable Quatrième à la tête, déjà, de l’Orchestre symphonique de Londres. On peut également y ajouter une grandiose Huitième captée à Amsterdam en février 2005 et une très belle Cinquième gravée en février 2010 avec, cette fois-ci, l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise.


Voici donc la Neuvième, œuvre posthume considérée à juste titre et à plusieurs égards comme le véritable testament musical du compositeur autrichien. Bernard Haitink l’a déjà enregistrée à plusieurs reprises notamment à la tête du Concertgebouw (dans le cadre de son intégrale et, récemment, dans un DVD, malheureusement disponible seulement au Japon, édité par la NHK et couplé avec le Concerto pour piano de Schumann qu’interprète Murray Perahia). Autant dire que le chef amstellodamois connaît cette symphonie par cœur: il le prouve de nouveau ici en nous donnant une version d’une hauteur de vue tout à fait admirable.


L’écoute du premier mouvement (Feierlich, misterioso) peut tout d’abord laisser une impression de lenteur exagérée; un simple coup d’œil au site toujours aussi exhaustif consacré notamment à la discographie d’Anton Bruckner montre que le tempo est certes retenu mais qu’il rejoint en fait nombre de versions de référence. En outre, qu’importe la lenteur si celle-ci est habitée et ne se confond pas avec le statisme! Et c’est bien le cas ici, Haitink conduisant au contraire les phrases avec une puissance et une volonté incroyables, signe de la sérénité des «vieux sages» que l’on a déjà pu entendre dans cette œuvre, qu’il s’agisse de Giulini ou Bernstein avec Vienne, de Karajan et de Wand avec Berlin pour ne citer que quatre chefs d’envergure dans cette symphonie. Même s’il ne bénéficie pas toujours d’une ampleur des cordes suffisante, le Symphonique de Londres est magnifique: quelle délicatesse dans les pizzicati à 4’20 ou 6’30, qui offrent ainsi une légère retenue au phrasé avant que l’orchestre ne s’épanouisse pleinement ensuite. Le Scherzo est bien fait (quels pupitres de cuivres!) mais, en son sein, c’est surtout le Trio qui retient l’attention alors qu’il peut facilement être négligé au profit des martellements de l’orchestre que l’on peut entendre par ailleurs. Quant au troisième mouvement (Adagio: langsam, feierlich), Bernard Haitink le prend à un tempo assez allant (le passage à partir de 6’30 par exemple) alors que l’attaque était très retenue et laissait prévoir une allure beaucoup plus modérée. Là encore, les mélodies sonnent juste et sont marquées par un apaisement qui correspond parfaitement à la finalité alors poursuivie par Bruckner. Une gravure de toute première valeur donc qui démontre une fois encore les profondes affinités que Bernard Haitink entretient avec ce compositeur.


Il est prévu que le chef néerlandais dirige de nouveau la Neuvième le 23 février 2015 à la tête de l’Orchestre national de France, au (futur) Grand Auditorium de la Maison de Radio France: autant dire que tout mélomane aura là l’occasion de vivre un très grand moment de musique si le concert est à la hauteur du présent témoignage.


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com