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02/15/2014
Johannes Brahms : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 73, et n° 4 en mi mineur, opus 98
Anton Bruckner : Symphonie n° 8 en ut mineur (édition Haas)

Gürzenich-Orchester Köln, Günter Wand (direction)
Enregistré en studio en 1958 [Symphonie n° 4] et 1960 [Symphonie n° 2]) et en public (3 octobre 1971 [Bruckner]) – 160’56
Coffret de quatre disques Acanta 233703 – Notice bilingue (allemand et anglais) de Jens Markowsky





Johannes Brahms : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 73 [1]
Robert Schumann : Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, opus 97, «Rhénane» [2]

Philharmonia Orchestra [1], Orchestra sinfonica di Torino della RAI [2], Carlo Maria Giulini (direction)
Enregistré en public (24 mars 1961 [2]) et en studio (octobre 1962 [1]) – 72’59
IDIS 6673





La confrontation entre les interprétations de la Deuxième Symphonie (1877) de Brahms par Günter Wand (1912-2002) et Carlo Maria Giulini (1914-2005) permet de rapprocher deux tenants de la grande tradition de la direction d’orchestre, aussi intransigeants l’un que l’autre, et pour lesquels Brahms a toujours fait figure de pain quotidien.


Le coffret consacré à Günter Wand permet d’entendre une belle version de cette symphonie même si l’Orchestre du Gürzenich de Cologne, dont le chef allemand fut le Kapellmeister de 1946 à 1974, ne possède pas la suavité de bien des phalanges. Pour autant, le premier mouvement bénéficie d’un élan impressionnant, la captation souffrant néanmoins de micros placés à notre sens un peu trop près des bois, ce qui donne aux flûtes et hautbois un volume par trop excessif dans certains passages. Le deuxième mouvement est le plus réussi, la mélodie coulant telle une immense rivière que Günter Wand ne brusque jamais même si l’on perçoit sans difficulté sa maîtrise absolue de l’orchestre. Le troisième mouvement (Allegretto grazioso (quasi andantino)) est conduit de manière un peu poussive, Wand semblant l’aborder de façon un peu trop clinique, les voix se succédant les unes aux autres sans que l’on perçoive toujours bien la cohésion d’ensemble. En revanche, le quatrième mouvement, à l’instar du premier, est parfaitement enlevé même si la prise de son assèche un peu les vents, notamment les bois.


La Quatrième Symphonie (1884-1885) est supérieure: dès l’entrée de l’orchestre, on est emporté par cette houle qui, bien qu’un peu sèche et précipitée à la fin du mouvement (notamment à partir de 10’40), s’avère extrêmement séduisante. Günter Wand évite tout lyrisme excessif et délivre un Brahms poignant, finalement d’une assez grande noirceur. On retrouve ces caractéristiques dans le deuxième mouvement (Andante moderato), assez hiératique et là aussi parfaitement conduit. Le troisième mouvement est, pour sa part, servi par un élan et des couleurs dionysiaques du plus bel effet. Quant à la passacaille conclusive, elle est dirigée avec une urgence assez savoureuse même si l’orchestre semble parfois un peu à la peine, manquant notamment de la respiration dont Wand avait pu bénéficier dans son intégrale avec l’Orchestre de la NDR de Hambourg (RCA).


Wand et Bruckner: deux noms indissociables depuis longtemps, tant le chef allemand s’est fait un spécialiste de ce compositeur. Cet enregistrement capté en concert de la monumentale Huitième est important à plus d’un titre puisqu’il s’agit non seulement du premier des seize enregistrements qu’il a réalisés de cette symphonie – on se réfère là à la toujours exhaustive discographie des œuvres de Bruckner – mais également de son premier enregistrement connu d’une œuvre du maître de Saint-Florian. Une fois abstraction faite que la prise de son est perfectible et que l’orchestre n’est pas du niveau de Vienne ou de Berlin, on est véritablement abasourdi par cette version. Ce qui frappe tout d’abord, c’est la lenteur souveraine de cette interprétation qui, pourtant, est globalement factice (les tempi sont assez semblables à ceux de bien d’autres interprétations). Néanmoins, c’est un fait que Günter Wand prend son temps et confère à la symphonie une dimension encore plus grandiose qu’à l’accoutumée: la fin du premier mouvement est exemplaire à cet égard. Le Scherzo est également mené à belle allure, son caractère implacable étant renforcé par un Trio pris, au contraire, avec force douceur et amabilité. D’une autorité souveraine, l’Adagio est confondant de beauté: le tragique laisse ici la place à un apaisement, où émerge parfois une énergie tout aussi douloureuse que désespérée, qui confère à cette page toute son humanité. L’orchestre s’y donne à fond comme en témoigne par exemple l’élan du hautbois et des violoncelles à compter de 7’: Wand réussit là quelque chose d’exceptionnel même s’il n’atteint pas la réussite de son enregistrement superlatif réalisé à Cologne en mai-juin 1979 (RCA Victor/BMG «Gold Seal»). Le dernier mouvement est tout aussi réussi, bénéficiant notamment d’une tension ininterrompue de la première à la dernière note. Une vraie réussite.


Le disque dirigé par Carlo Maria Giulini donne tout d’abord à entendre une Symphonie «Rhénane» (1850) de très belle facture, œuvre qui a toujours réussi au chef italien qui en a notamment gravé en décembre 1980 une exceptionnelle version avec l’Orchestre de Los Angeles (Deutsche Grammophon). Dictée ici par l’urgence, la symphonie de Schumann ne verse guère dans la sirupeux, Giulini conduisant son orchestre avec une rage communicative: le premier mouvement est superbe, en dépit d’une prise de son qui aurait mérité davantage de dépoussiérage. Même si les cordes éprouvent quelques problèmes de mise en place dans le deuxième mouvement, les envolées des violoncelles et des cors, dont les attaques ne sont pas exemptes d’anicroches, témoignent de nouveau de la dynamique imposée par le chef italien. Le reste de la symphonie est également séduisant même si, en raison d’une prise de son défaillante, la fin du dernier mouvement frappe par sa sécheresse.


Changement de climat ensuite avec la Deuxième Symphonie de Brahms, que Giulini a également enregistrée à la tête de l’Orchestre de Los Angeles en novembre 1980 et du Philharmonique de Vienne en avril 1991 (deux disques publiés chez Deutsche Grammophon). Or, ne nous y trompons pas: l’enregistrement présenté ici avec le Philharmonia n’est autre que celui déjà bien connu paru chez EMI et qui a fait les belles heures du catalogue. Aucune surprise donc face à cette gravure de haut vol, louée depuis sa sortie en microsillon: tout y coule de façon naturelle, l’orchestre est admirable, Giulini conduit l’ensemble avec douceur et ferme volonté... Bref, on y retourne sans cesse mais plutôt chez son éditeur original compte tenu des couplages offerts et de la notice d’accompagnement.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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