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01/18/2014
Richard Wagner : Götterdämmerung

Petra Lang (Brünnhilde), Lance Ryan (Siegfried), Matti Salminen (Hagen), Markus Brück (Gunther), Edith Haller (Gutrune), Marina Prudenskaya (Waltraute), Jochen Schmeckenbecher (Alberich), Susanne Resmark (1. Norn), Christa Mayer (2. Norn), Jacquelyn Wagner (3. Norn), Julia Borchert (Woglinde), Katharina Kammerloher (Wellgunde), Kismara Pessatti (Flosshilde), Rundfunkchor Berlin, Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, Marek Janowski (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie, Berlin (15 mars 2013) – 243’42
Coffret de quatre SACD hybrides Pentatone Classics PTC 5186 409 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





«Das Ende!». Ce Götterdämmerung sonne la fin – pour le nouveau Ring de Marek Janowski comme pour son monumental projet discographique, qui aura marqué la célébration du deux centième anniversaire du compositeur né à Leipzig en 1813 et mort à Venise en 1883. Ainsi, après Le Vaisseau fantôme, Parsifal, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, Lohengrin, Tristan et Isolde, Tannhäuser, L’Or du Rhin, La Walkyrie et Siegfried, voici donc venu le temps du Crépuscule des dieux.


Les amants ont changé de titulaires. Tant mieux pour Brünnhilde, qu’incarne Petra Lang (qui chantait déjà le rôle dans la Première Journée) – succédant à Violeta Urmana. La soprano allemande confirme la superbe wagnérienne qu’elle est, même si le cadre de la version de concert ne lui permet pas toujours de brûler les planches. Si elle pourrait s’enflammer davantage par moments, son interprétation n’en est pas moins franchement exemplaire d’investissement et de réussite vocale – jusqu’à une admirable immolation, maîtrisée dans tous les registres. On avait trouvé quelques défauts au Siegfried de Stephen Gould lors de la Deuxième Journée. Celui de Lance Ryan nous le fait pourtant regretter. Incapable de domestiquer sa ligne de chant, il expose, du reste, un timbre laid – avec cette nasalité qui rappelle Manfred Jung ou Heinz Kruse. Plus ou moins pénible (voire insupportable) selon les moments, il parvient néanmoins à mourir avec dignité et sensibilité.


Le Hagen de Matti Salminen se caractérise par un grain de voix d’une maturité qui rehausse la méchanceté et la noirceur du personnage. L’usure de l’organe s’entend bien davantage que dans Siegfried (où il chantait un Fafner intimidant). Plus laborieux dans les instants d’intimité (où le timbre perd en consistance) qu’au moment d’accueillir Siegfried au premier acte ou d’appeler ses hommes au deuxième (où la véhémence de ses fortissimos continue d’impressionner). L’intonation empoisonnée, d’un calme certes imposé par les moyens vocaux actuels de la basse finlandaise (notamment au début du deuxième acte, un peu endormi), est d’autant plus effrayante qu’elle met en valeur la perversité malsaine de Hagen.


En Gunther et Gutrune, Markus Brück et Edith Haller – malgré leur voix au timbre mat – collent impeccablement à leur rôle de composition. Malgré sa maîtrise indubitable du registre (offrant de beaux graves à sa walkyrie), la Waltraute assez ordinaire de Marina Prudenskaya laisse plutôt indifférent. L’Alberich de Jochen Schmeckenbecher est à l’avenant: irréprochable, mais sans magnétisme particulier. Casting plus réussi, enfin, pour les Trois Nornes – voix homogènes d’un format parfaitement adapté aux interventions du Prologue (quoique sans aura dans le timbre), exemplaires de dignité et de solennité – que pour les Filles du Rhin (un peu lointaines, néanmoins pleines de charme).


A l’inverse de son Crépuscule de 1983 (autrefois Eurodisc, aujourd’hui Sony) – en manque d’inspiration par sa direction très «premier degré» (parfois désolante de littéralité) –, Marek Janowski obtient de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin une discipline qui n’étouffe nullement la douceur des bois et des vents, ni la souplesse et la liberté des cordes. Des cuivres bien charpentés lui permettent, au demeurant, de passer sans encombres au travers des épisodes symphoniques les plus périlleux – à commencer par le «Voyage de Siegfried sur le Rhin» (sans à-coups mais trop tendu) et la «Marche funèbre» (noire, compacte, irréprochable). Le résultat n’offre toutefois plus les envoûtements chambristes de L’Or du Rhin et de La Walkyrie et sent souvent la version de concert – à l’image de l’arrivée de Waltraute qui manque de théâtralité et de réalisme, la direction (apathique à la fin du premier acte) paraissant connaître un temps mort. De même, les scènes chorales déçoivent quelque peu – au point de faire regretter l’embrasement de la version de 1983 (où excellaient les hommes des Opéras de Dresde et de Leipzig).


Mais s’il est une évidence dont Marek Janowski n’a pas manqué, au travers de l’ensemble de ses publications chez Pentatone, de faire la démonstration, c’est bien celle du rang qu’il occupe au panthéon des wagnériens. Un Wagner qu’il n’a cessé de remettre sur le métier. Et, à bientôt 75 ans, il n’est pas dit que le chef allemand d’origine polonaise n’ait pas encore des choses à nous apprendre sur ces partitions inépuisables...


Gilles d’Heyres

 

 

 

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