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11/02/2013
«Wagner again? Dresden Singers Reprise Wagner! The earliest postwar Dresden Wagner Recordings. Semperoper Edition vol. 3»
Richard Wagner : Die Meistersinger von Nürnberg: Vorspiel [1], «Morgenlich leuchtend» [23], «Wach’ auf!» [17], «Verachtet mir die Meister nicht» [18] – Tannhäuser: «Geliebter, komm!... Zieh hin,Wahnsinniger!» [2], «Geliebter, sag, wo weilt dein Sinn?» [8], «Dich, teure Halle» [3], «Dort ist sie... O Fürstin» [4], «O Fürstin» [21], «Zurück! Des Todes achte ich sonst nicht!» [5], «Allmächt´ge Jungfrau!» [6], «Wie Todesahnung, Dämmrung deckt die Lande» [9], «Inbrunst im Herzen» [22], «Willkommen, ungetreuer Mann!» [7] – Lohengrin: Vorspiel [10], «Höchstes Vertrau’n» [11], «Atmest du nicht mit mir die süßen Düfte?» [12], «In fernem Land» [12] – Der fliegende Holländer: «Summ und brumm» [13], «Jo-ho-hoe! Traft ihr das Schiff» [14] – Siegfried: «Nothung! Neidliches Schwert!» [15], «Schmiede, mein Hammer» [16] – Tristan und Isolde: Vorspiel und Isoldes Liebestod (version pour orchestre) [19], «Mild und leise wie er lächelt» [20] – Rienzi: «Allmächt´ger Vater, blick herab!» [24] – Parsifal: «Du salbtest mir die Füße»

Dora Zschille [2], Margarete Baumer [8] (Venus), Brunnhild Friedland [3-7], Christel Goltz [21] (Elisabeth), Ernst Gruber [2, 4], Bernd Aldenhoff [8, 21-22] (Tannhäuser), Kurt Rehm [4, 7], Karl Paul [9] (Wolfram von Eschenbach), Hans Kramer [7] (Hermann), Helmut Eyle [7] (Biterolf), Bernd Aldenhoff [11], Hans Hopf [12] (Lohengrin), Emilie Walter-Sacks [13] (Mary), Brunnhild Friedland [14] (Senta), Bernd Aldenhoff [15-16] (Siegfried), Josef Herrmann [17-18] (Hans Sachs), Bernd Aldenhoff [23] (Walther von Stolzing), Christel Goltz [20] (Isolde), Bernd Aldenhoff [24] (Rienzi), Joachim Sattler [25] (Parsifal), Arno Schellenberg [25] (Amfortas), Kurt Böhme [25] (Gurnemanz), Chor der Staatsoper Dresden [13, 15-18], Staatskapelle Dresden [1, 9-13, 19], Joseph Keilberth [1], Rudolf Kempe [9-11, 13, 19], Kurt Striegler [12] (direction), Grosses Rundfunkorchester Dresden [15-18], Hans-Hendrik Wehding [15-18] (direction), Chor der Staatsoper Dresden [25], Dresdner Philharmonie [22-25], Walter Stoschek [22-24], Kurt Striegler [25] (direction), Rundfunkchor Leipzig [2-8], Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig [2-8, 14, 20-21], Rolf Kleinert [8], Gerhard Pfluger [2-7, 14], GerhartWiesenhutter [20-21, chef incertain] (direction)
Enregistré en concert et en studio au Staatstheater [1, 19], à la Steinsaal du Deutsches Hygienemuseum [9-11, 13, 22-25] de Dresde, à la Sendesaal des Leipziger Funkhauses, Springerstrasse, Leipzig [2-8, 14] (avril-juin 1945 [12, lieu d’enregistrement incertain], 22 novembre 1947 [20-21, lieu d’enregistrement incertain], 1er janvier [15-18, lieu d’enregistrement non précisé], 22 mars [8] et 24 septembre [1] 1948, 22 décembre 1949 [9-11], 5 février [22-24], 2 avril [25] et 7 décembre [13] 1950, 25 septembre [2-7] et 7 décembre [14] 1953, 28 juin 1956 [19]) – 201’21
Triple album Profil Hänssler PH11044 – Notice de présentation en anglais et en allemand





Dresde dans l’immédiat après-guerre. Des ruines fumantes, la musique wagnérienne peine à s’élever à nouveau. Les dernières représentations au Semperoper (détruit en février 1945) eurent lieu en 1944, le 7 juillet (La Walkyrie) et le 24 août (Lohengrin). Les dernières notes de Wagner jouées en concert le furent au début du mois de janvier 1945. Quelques jours après, la ville fut détruite sous les bombardements des Alliés.


Dans la passionnante notice de cet album (illustrée par de très nombreux documents d’archives), Steffen Lieberwirth raconte ces années de reconstruction de la vie musicale dresdoise, marquées par les réticences de l’administration militaire soviétique à autoriser à rejouer Wagner en public. Outre de brefs extraits autorisés lors de concerts (dont celui de septembre 1948 avec Keilberth, célébrant le quatre centième anniversaire de la Staatskapelle et figurant dans le coffret), ce n’est qu’en 1949 qu’une production wagnérienne est mise en scène. Mais c’est dans les archives radio (celles de la Deutsche Rundfunkarchiv in Babelsberg) que l’essentiel de l’interprétation de l’immédiat après-guerre se trouve – archives exhumées par Hänssler et restituées dans des conditions d’écoute optimales, avec un rendu sonore net et brillant qui ne sature que rarement (même si l’on n’évite pas une couleur souvent métallique).


Les extraits dirigés par Rudolf Kempe (1910-1976) intéressent moins que ceux où Josef Keilberth (1908-1968) est à la baguette. Kempe livre notamment le Prélude de Tristan et Isolde, enchaîné à une version orchestrale de la «Mort d’Isolde», dans un live de 1956 qui expose une Staatskapelle de Dresde décevante – avec des cuivres et des vents pris en défaut de justesse et une tenue générale des cordes qu’on a connue plus souveraine (... ces pizzicatos qui tombent à côté!). Keilberth est, en revanche, passionnant à suivre dans l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg – incontestable, rapide et caractérisée: on sent d’emblée le grand chef dans ce live de 1948.


Côté chanteurs, l’album fait la part belle à Bernd Aldenhoff (1908-1959) sans oublier toutefois l’une des plus célèbres chanteuses de l’Opéra de Dresde: Christel Goltz (1912-2008), qui s’y produisit dès 1935 (quand Karl Böhm y officiait). Les deux extraits captés en 1947 sont malheureusement bien décevants: une «Mort d’Isolde» où la voix perçante de Goltz n’est pas la plus touchante qui soit (mais ne manque pas d’impressionner), un duo – avec le Tannhäuser d’Aldenhoff – plus convaincant même si la voix est trop empoisonnée pour la pureté d’Elisabeth. Bernd Aldenhoff n’est souvent guère mieux mis en valeur – toujours aussi éloquent mais vocalement à la peine dans des enregistrements de 1950 (Tannhäuser, Rienzi, Maîtres Chanteurs). Un extrait de Lohengrin en 1949 le montre également sous un jour trop brutal. Glorieux Lohengrin de Hans Hopf (1916-1993), en revanche, dans un «In fernem Land» de 1945 (avec la Staatskapelle de Dresde dirigée par Kurt Striegler) – probablement capté au moment de l’évacuation de l’orchestre entre avril et début juin, lors d’un concert organisé pour les soldats de l’armée américaine.


Ce sont, en définitive, les artistes les moins réputés qui font le prix de ce coffret. A commencer, dans les larges extraits de Tannhäuser en 1953, par l’Elisabeth sensationnelle de Brunnhild Friedland (1924-1986) – organe sans vibrato, à la fois léger et percutant, merveilleusement souple, d’une justesse assez exemplaire (une superbe «Ballade de Senta» gravée en 1953 à Leipzig confirme ce jugement). La soprano – passée à l’Ouest en 1970, à l’occasion d’une tournée en Italie, sans parvenir à y faire carrière – offre à Elisabeth une voix d’un moelleux sans boursouflure, d’un tranchant sans crudité, sachant prendre le temps d’émouvoir dans le deuxième acte. Elle domine aisément le Tannhäuser mâle et sobre d’Ernst Gruber, le Wolfram plus brumeux de Kurt Rehm ainsi que la Venus au timbre pas toujours séduisant mais au bel abattage de Dora Zschille (1906-1997) – trop criarde pour marquer, trop mégère pour séduire.


Autre Venus au format plus wagnérien et à la cuirasse plus puissante (y compris dans le vibrato), Margarete Bäumer (1898-1969) n’est pas forcément touchante mais est diablement efficace en 1948 face au Tannhäuser stylé de Bernd Aldenhoff (panache et virilité dans la voix). Belle découverte, également, que celle du Wolfram de Karl Paul (1914-1969) en 1949, baryton vibrant de façon presque irréelle dans une magnétique «Romance à l’étoile» (... dommage que la prise de son soit ici aussi artificielle, avec une réverbération assez curieuse).


Le reste de l’album n’est pas essentiel – notamment les larges extraits du dernier acte de Parsifal en 1950, sous la baguette anonyme de Kurt Striegler (1886-1958) avec Kurt Böhme (1908-1989) en Amfortas, qui ne présentent pas d’intérêt décisif. Echos d’un live radiodiffusé célébrant le Nouvel An 1948 où Hans-Hendrik Wehding (1915-1975) dirige le Grand Orchestre de la Radio de Dresde (avec le renfort de musiciens du Philharmonique et de la Staatskapelle), les extraits de Siegfried présentant un arrangement de la «Scène de la forge» sont plombés par un tempo impossible dans la lenteur duquel Bernd Aldenhoff a effectivement le loisir de déployer son organe clair et beau – dans une veine ô combien artificielle. Et dans l’extrait des Maîtres Chanteurs de Nuremberg issu des mêmes bandes, le Hans Sachs de Josef Herrmann (1903-1955) se révèle – davantage qu’en chanteur – en formidable diseur... probablement grâce à un tempo toujours trop lent. Des documents d’archives donc, qui n’en restent pas moins – pour les aficionados de Richard Wagner – fort intéressants à parcourir.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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