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01/01/1999
Jacques Offenbach : Orphée aux Enfers
Yann Beuron (Orphée), Natalie Dessay (Eurydice), Ewa Podles (l'Opinion Publique), Véronique Gens (Vénus), Jennifer Smith (Diane), Virginie Pochon (Minerve), Lydie Pruvot (Junon), Patricia Petibon (Cupidon), Laurent Naouri (Jupiter), Jean-Paul Fouchécourt (Pluton), Steven Cole (John Styx), Etienne Lescoart (Mercure), Chœurs et Orchestre de l'Opéra National de Lyon, Orchestre de Chambre de Grenoble, Marc Minkowski (direction)
EMI Classics 7243 5 56725 2 0. 2 C.D., Æ 1997 (2 CD) – Texte de présentation en français, anglais et allemand, livret français et anglais


Sous les rires, la musique. De la production mémorable de Laurent Pelly, cet enregistrement a conservé l'énergie avec laquelle Marc Minkowski agite toujours une équipe joyeusement frappadingue. Les nouveaux venus sont tellement épatants de naturel qu'on jurerait qu'ils ont fait l'expérience de la scène : Ewa Podles d'une boursouflure grandiose, Jennifer Smith parodiant avec gourmandise (et quelle diction !) ses propres rôles de tragédienne lyrique, Véronique Gens pulpeuse à souhait, Patricia Petibon exquise - et d'un formidable abattage dans les dialogues. Naouri, Fouchécourt et Cole reprennent leurs incarnations dévastatrices (le Jupiter du premier est un monument de comique serti de splendeur vocale), et le disque met encore plus en valeur les qualités de Yann Beuron : égalité du timbre, clarté de la diction, exactitude musicale (jusque dans les sanglots en voix de fausset). On vous l'annonçait lors de la sortie de Lakmé, tous ceux qui ne connaissent de Natalie Dessay que ses enregistrements vont avoir un choc : la voilà enfin face au micro avec cette intensité de présence qu'elle trouve à la scène, furieusement déjantée, jouant du contraste entre le tranchant lumineux de son timbre et les raucités qu'elle s'invente dans le médium, les stridences cultivées dans l'aigu, maîtrisant une virtuosité casse-cou, moins encombrée de ses mots qu'en d'autres occasions - d'aucuns détesteront cette Eurydice volcanique, les autres se délecteront de tant d'art et d'évident plaisir théâtral. Théâtre est certes l'un des maîtres mots de ce disque (rarement les passages parlés auront à ce point amusé l'auditeur, auquel il ne viendrait jamais à l'esprit de les enjamber), mais la musique conserve tous ses droits. Par rapport à son interprétation lors du spectacle, toute d'énergie jubilatoire, Marc Minkowski a légèrement assagi le tempo (qui reste néanmoins infiniment plus vigoureux que celui d'un Plasson !), ciselant couleurs et détails instrumentaux dans un constant souci d'expressivité qui ne doit rien au goût de l'épate. Ecoutez la ponctuation ironique des vents dans le duo du concerto, la galanterie si touchante du violon solo (remarquable Sharman Plessner), la vibration affolée des cordes dans le duo de la mouche, où l'on croit vraiment entendre un essaim d'insectes bourdonner dans la fosse ! Et avec cela, une bonne humeur communicative dès qu'il s'agit de lever la gambette, le découpage établi par Minkowski et Pelly entre les différentes versions d'Orphée ayant retenu tous les épisodes de divertissement qui n'encombraient pas l'action. Mozartien, cet enregistrement ? Un peu. Plus précieux encore : porté par l'esprit véritable d'Offenbach, qui de la gaudriole fait extase...


Vincent Agrech

 

 

 

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