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02/15/2013
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 3, opus 18 n° 3, n° 10, opus 74, et n° 16, opus 135

Quatuor Ysaÿe: Guillaume Sutre, Luc-Marie Aguera (violon), Miguel da Silva (alto), Yovan Markovitch (violoncelle)
Enregistré en public à Paris (29-30 mars [Troisième, Dixième] et 19-20 avril [Seizième] 2008) – 76’14
Ysaÿe Records YR510 (distribué par Harmonia mundi)


Sélectionné par la rédaction





«Con intimissimo sentimento»
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 6, opus 18 n° 6, et n° 15, opus 132

Quatuor Terpsycordes: Girolamo Bottiglieri, Raya Raytcheva (violon), Caroline Cohen-Adad (alto), François Grin (violoncelle)
Enregistré à La Chaux-de-Fonds (23-27 juin 2010) – 67’17
Ambronay AMY037 (distribué par Harmonia mundi)







Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 15, opus 132, et n° 16, opus 135
Quatuor Brentano: Mark Steinberg, Serena Canin (violon), Misha Amory (alto), Nina Maria Lee (violoncelle)
Enregistré à Princeton (31 octobre-4 novembre 2011) – 69’47
aeon AECD 1223 (distribué par Outhere)







«Red»
Alban Berg : Quatuor, opus 3
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 14, opus 131

Quatuor Amaryllis: Gustav Frielinghaus, Lena Wirth (violon), Lena Eckels (alto), Yves Sandoz (violoncelle)
Enregistré à Brême (16-19 août [Beethoven] et 13-14 septembre [Berg] 2012) – 59’48
Genuin GEN 13261



Il y a deux mois seulement, la parution de la première des deux parties d’une intégrale en cours, la réédition d’une intégrale et la sortie d’un cycle complet des trois Razoumovski avaient déjà fourni l’occasion d’un banc d’essai entre les Belcea, les Talich et les Kuijken. Encore Beethoven? Beethoven toujours! Et c’est tant mieux ainsi. Point d’intégrale cette fois-ci – du moins à ce stade – mais quatre très belles nouveautés tournant autour des trois derniers Quatuors, l’Opus 131 (1826), l’Opus 132 (1825) et l’Opus 135 (1826).


Le Quatuor Ysaÿe a récemment annoncé qu’il mettrait un terme à son activité le 24 janvier prochain, après un dernier concert à la Cité de la musique avec Jean-Claude Pennetier et des membres de feu le Quatuor Alban Berg. Témoignage d’une intégrale donnée en public au musée d’Orsay au printemps 2008, cet album permet de mesurer le vide que laissera la formation française, constituée en 1984. D’un minutage généreux, il offre un quatuor de chacune des trois époques de sa vie que Beethoven a consacrées au genre: le Troisième (1799) – en fait sans doute le premier achevé de l’Opus 18 – et le Dixième (1809), au programme d’un même concert fleuve qui s’achevait par le Treizième avec son finale original (la Grande Fugue), puis l’ultime Opus 135. Les Ysaÿe, dont le jeu a rarement paru aussi virtuose et exubérant, se situent ici au sommet de leur art, joignant à l’irrésistible élan du live une aisance stylistique et technique jamais prise en défaut. Voilà un Beethoven décoiffant qui affirme fortement sa personnalité dès un Troisième haut en couleur, soulève l’enthousiasme dans le Dixième, prenant ici hardiment son envol alors qu’il souffre trop souvent de son inconfortable position entre les Razoumovski et le Serioso, et conclut avec un Seizième puissant et optimiste. Cette excellence jubilatoire s’étend évidemment à la notice (en français et en anglais) toujours aussi exemplaire de Bernard Fournier.


Face à des aînés aussi inspirés, aucune des trois autres formations ne démérite, tant s’en faut. Sous le titre «Con intimissimo sentimento» – référence à l’indication figurant au cœur du Molto adagio de l’Opus 132 mais aussi portée en tête du premier mouvement de la Vingt-huitième Sonate pour piano – le Quatuor Terpsycordes, fondé en 1997 par des musiciens provenant de Bulgarie, d’Italie et de Suisse, premier prix au concours de Genève (2001), où il est d’ailleurs basé, convainc d’emblée dans le Sixième (1800) de l’Opus 18, brillant et dramatique, plein d’entrain et de vivacité. S’il joue, comme le précise la notice (en français, anglais et allemand), avec des archets «classiques» («plus légers que les archets modernes») sur des Vuillaume du musée d’art et d’histoire de Genève montés avec des cordes en boyau, on ne trouvera ici ni sonorités grêles ou frêles, ni souci envahissant de recherche musicologique. Cela étant, l’approche du Quatuor Terpsycordes revendique une indéniable originalité: le trait est net et précis (mais la prise de son assez fortement réverbérée), l’effort de recherche indéniable, tournant parfois au maniérisme. Elle trouve cependant ses limites dans un Opus 132 certes énergique et mordant, volontariste et allant toujours de l’avant, mais péchant dans le grand Adagio central par une fluidité qui confine au manque de profondeur.


Fondé en 1992 et à résidant à Princeton, le Quatuor Brentano poursuit une série entamée voici deux ans avec les Opus 127 et Opus 131. La réalisation demeure instrumentalement très aboutie mais les musiciens américains, dont le premier violon et l’altiste – le fait est suffisamment rare pour mériter d’être signalé – signent respectivement la notice (en anglais et en français) relative aux Opus 132 et Opus 135, suscitent moins de réserves que dans leurs précédents enregistrements, car ils font preuve d’un engagement beaucoup plus nettement affirmé. Compte tenu de leur programme, une double comparaison est inévitable: dans l’Opus 132, leur approche est plus traditionnelle que celle des Terpsycordes, avec des tempi plus lents (44 minutes au lieu de 40 minutes) et une sonorité plus chaleureuse et confortable, mais dans l’Opus 135, ils le cèdent aux Ysaÿe en termes de personnalité.


Fondé en 2000 et rassemblant, depuis 2006 dans sa présente composition, trois Allemands et un Suisse, le Quatuor Amaryllis, grand prix au concours de Melbourne (2011) et finaliste, la même année, du concours Paolo Borciani (à l’issue duquel le premier prix ne fut pas attribué), est le plus jeune des quatre ensembles. Après un précédent album, «White», déjà chez Genuin, où Haydn et Webern étaient associés, voici Berg et Beethoven regroupés sous le titre de «Red»: le livret (en anglais, en allemand et en français) n’en dit malheureusement pas plus, tandis que sur les nombreuses photos, les musiciens sont en tout ou partie vêtus de rouge et entourés d’accessoires dans le même ton. Plutôt que la Suite lyrique de Berg, que les Amaryllis avaient remarquablement servie en 2010 au concours de Bordeaux, ils ont choisi le plus rare Quatuor (1910), où ils se montrent tout aussi à l’aise, plus fins qu’expressionnistes, entre sensibilité et objectivité. Ils n’abordent pas Beethoven de manière sensiblement différente – l’exercice du couplage incite sans doute à cette parenté – et mettent alternativement l’accent sur la modernité et la tradition, sur la continuité et les ruptures. Difficile de parler de prudence pour autant, car les angles ne sont pas systématiquement arrondis, ni les aspérités lissées; de même, si la conception est réfléchie, la spontanéité n’est jamais entièrement bridée. Rien de surprenant, au demeurant, car la notice, intitulée «Une extrême hétérogénéité», annonce... la couleur.


Le site du Quatuor Ysaÿe
Le site du Quatuor Terpsycordes
Le site du Quatuor Brentano
Le site du Quatuor Amaryllis



Simon Corley

 

 

 

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