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02/12/2013
«Bad Guys»
Georg Friedrich Händel : Tamerlano, HWV 18: «Vo’ dar pace a un’ alma altiera» – Ariodante, HWV 33: «Spero per voi, si, si», «Dover, giustizia, amor» & «Se l’inganno sortisce felice» – Teseo, HWV 9: «Voglio stragi, e voglio morte» et «Serenatevi, o luci belle» – Amadigi di Gaula, HWV 11: «Pena tiranna» & «Agitato il cor mi sento» – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17: «Belle dèe di questo core» et «Domerò la tua fierezza» – Ottone, Rè di Germania, HWV 15: «D’innalzar I flutti al ciel» & «Bel labbro formato»

Xavier Sabata (contre-ténor), Il Pomo d’Oro, Riccardo Minasi (direction)
Enregistré à la Convento dei Pavoniani, Lonigo (25 août-3 septembre 2012) – 53’04
Aparté AP 048 (distribué par Harmonia mundi) – Notice bilingue (français et anglais) de Gabrielle Oliveira Guyon et traduction des textes chantés





Il ne faut surtout pas se fier à la couverture de ce disque où une mine patibulaire, ornée d’une cicatrice représentant la volute d’un tapis vénitien, vous fixe intensément, genre «on préfèrerait ne pas le croiser le soir dans une rue mal éclairée». Car voici un récital qui, puisant dans plusieurs ouvrages lyriques de Georg Friedrich Händel (1685-1759), s’avère tout à fait remarquable.


Remarquable, tout d’abord, par le choix des pièces. On ne peut pas dire, en effet, que Tamerlano, Amadigi di Gaula ou Ottone, Rè di Germania fassent partie des opéras les plus connus du compositeur saxon et c’est avec plaisir que l’auditeur curieux se plongera dans ces extraits qui, à n’en pas douter, le feront ensuite se précipiter pour acheter les intégrales disponibles. Remarquable ensuite, évidemment devrait-on dire, par l’interprétation. On connaissait déjà le très bon ensemble baroque Il Pomo d’Oro dirigé par Riccardo Minasi, qui nous a notamment offert un magnifique récital de concertos pour violon de Vivaldi (Naïve). Ici encore, la souplesse du trait, la suavité des bassons (l’air «Pena tiranna» tiré d’Amadigi di Gaula), l’entente visible de la première à la dernière note entre instrumentistes et chanteur font merveille.


Quant au chanteur catalan Xavier Sabata, on le connaît... Né en 1976, passé par le «Jardin des voix» de William Christie en 2004-2005, il a, depuis, été requis dans nombre de productions baroques de haut vol, qu’il s’agisse du célèbre Il Sant’Alessio de Landi, des non moins connus Agrippina et Rinaldo de Händel ou, tout récemment, de L’oracolo in Messenia de Vivaldi (Virgin). Ici, il allie une voix et un sens du théâtre tout à fait extraordinaires, illustrant à qui en douterait que les personnages obscurs ne sont jamais univoques chez Händel et qu’il demeure toujours chez eux une once d’humanité.


La voix ne force jamais: tout est douceur – paradoxalement pour un tel album! – et l’on se laisse emporter par un chant d’une stupéfiante beauté. Virtuose quand cela est nécessaire (quel air de Teseo, «Voglio stragi, e voglio morte»! Ecoutez également à 0’44 l’air «Se l’inganno sortisce felice» d’Ariodante!), elle témoigne surtout d’une technique irréprochable à tous points de vue. Pour qui en douterait, on se précipitera sur l’air «Bel labbro formato», tiré d’Ottone, Rè di Germania», où, accompagné par un orchestre idoine, le jeune chanteur tient ses notes jusqu’au bout sans faiblir à aucun moment, osant même le murmure dans la plainte. La nervosité du trait, l’engagement à chaque note, l’implication dans l’esprit des personnages incarnés sont constants. Pour qui douterait de l’étendue des moyens de Xavier Sabata, on écoutera très attentivement la dernière plage du disque, qui nous offre une petite surprise supplémentaire: après un assez long silence (consécutif au dernier air «Agitato il cor mi sento»), Sabata interprète l’air «Sorge nel petto», tiré de Rinaldo, histoire de prouver qu’il sait aussi incarner des personnages à la psychologie beaucoup plus complexe que celle seulement de quelques brutes épaisses.


Nul doute que cet album, que l’on recommande donc vivement, aurait mieux fait de s’appeler «Beautiful voice» que «Bad Guys»!


Le site de Xavier Sabata
Le site de Riccardo Minasi


Sébastien Gauthier

 

 

 

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