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01/12/2013
Poul Rovsing Olsen: Symfoniske variationer, opus 27 – Concerto pour piano, op. 31 – Au fond de la nuit, opus 61

Christina Bjørkøe (piano), Odense Symfoniorkester, Bo Holten (direction)
Enregistré à Odense (31 janvier-3 février 2011) – 58’01
DACAPO 8.226038 – Notice en anglais et en danois de Teresa Waskowska





Poul Rovsing Olsen (1922-1982), compositeur, pianiste, ethnomusicologue, critique musical et avocat actif, reste parmi les moins connus des compositeurs danois du siècle dernier malgré un catalogue d’une petite centaine d’œuvres et un lien fort avec la France. A Paris en 1948 et en 1949, à la suite de ses études musicales au Danemark, il a bénéficié de l’enseignement de Nadia Boulanger et d’Olivier Messiaen et l’influence de la musique française se devine dans ses compositions orchestrales, à commencer par sa palette recherchée. Messiaen lui a inspiré un certain hédonisme admis tout en encourageant l’intérêt que le jeune musicien portait aux structures des musiques hindoues et arabes qui laissent leur trace dans son œuvre – en tant qu’ethnomusicologue, il est devenu grand spécialiste reconnu de la musique des Etats du Golfe persique, est et ouest.


Rovsing Olsen n’a pourtant pas tourné le dos au sérialisme ambiant et s’il a renié des essais qu’il jugeait infructueux, son écriture s’en trouve enrichie. D’une personnalité forte et de tant d’influences en fusion, il résulte un style atypique et inclassable. Comme dans le cas de Britten ou de Tippett ou encore de son compatriote Per Nørgård, la tradition occidentale se perpétue, en quelque sorte, mais à travers la création d’une alchimie particulière que l’on ne peut ni qualifier d’une néo-école du passé, ni associer au nom d’un courant nouveau.


Le thème des intenses Variations symphoniques de 1953 évolue jusqu’à devenir une série dodécaphonique alors que les timbres qu’il obtient du hautbois et de la flûte en particulier relèvent de l’Orient. L’orchestration opulente et l’instrumentation soignée de l’œuvre réapparaissent dans son Concerto pour piano de 1953-1954, qui procède de manière organique, l’évolution des cellules rapide et sans heurt, les tempos variant au diapason. Hormis des passages en quasi-cadence, le Concerto rapproche le soliste de l’orchestre au point où l’on entend plutôt une symphonie avec piano, celle-ci plus grandiloquente que les Variations intériorisées, malgré la légèreté transparente des bois en écho à un piano effervescent ou calmement épanoui sous les doigts féeriques de Christina Bjørkøe (née en 1970), lumineusement expressive.


Lui-même compositeur, Bo Holten (né en 1948) œuvre beaucoup pour la musique danoise. A la tête de l’Orchestre symphonique d’Odense, il défend avec conviction ce programme monographique, menant à bien la délicate mise en place d’Au fond de la nuit, poème symphonique visionnaire pour orchestre de chambre, proche du concerto pour orchestre. La composition, plus aventureuse, plus moderniste, plus personnelle encore, écrite en 1968 quand on projetait de poser pied sur la Lune, s’inspire des mystères insondés de l’espace intersidéral. Les quatre volets portent des titres en français également. «Espace» exprime d’étranges rencontres stellaires et le mouvement des étoiles et les rapides tournoiements de «Bételgeuse» la rouge, enflamment l’imaginaire non sans l’effroi que développe la menace de «L’astre mort». Expressive et plus évocatrice que descriptive, la partition culmine, lors de «Retour», en un voyage intériorisé, intime sans doute à chacun. Le compositeur soigne l’instrumentation et un «voyage» timbral s’effectue en parallèle à travers l’orchestre grâce à la spatialisation de groupes instrumentaux momentanément en jeu – en cela, on pense brièvement à Messiaen (Eclairs sur l’Au-Delà).


La musique de Poul Rovsing Olsen ne s’impose pas en jalon essentiel de l’histoire de la musique mais la découverte d’œuvres de tels esprits libres ne peut qu’enrichir le mélomane curieux.


Le site de l’Orchestre symphonique d’Odense



Christine Labroche

 

 

 

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