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09/06/2012
Frank Bridge : Enter Spring, H 174 [1] – Isabella, H 78 [1] – Two Poems for Orchestra, H 118 [1] – Mid of the Night, H 30 [1] – Vol. 2 Dance Rhapsody, H 84 [2] – Five Entr’actes, H 95 [2] – Dance Poem, H 111 [2] – Norse Legend, H 60 [2] – The Sea, H 100 [2] – Coronation March H 97 [3] – Summer, H 116 [3] – Phantasm, pour piano et orchestre, H 182 [3] – There is a Willow Grows aslant a Brook, H 173 [3] – Vignettes de danse, H 166 [3] – Sir Roger de Coverley, H 155 [1] – Rebus, H 191 [4] –Oration (Concerto elegiaco), pour violoncelle et orchestre, H 180 [4] – Allegro moderato, pour orchestre à cordes, H 192 [4] – Lament, orchestre à cordes, H 117 [4] – A Prayer, pour chœur et orchestre, H 140 [4] – Suite for Strings, H 93 [5] – The Hag, pour baryton et orchestre, H 14 [5] – Two Songs of Robert Bridges, pour baryton et orchestre, H 65 [5] – Two intermezzi from «Threads», H 151 [5] – Two Old English Songs, pour orchestre à cordes, H 119 [5] – Two Entr’actes, H 68b et H 169 [5] – Valse intermezzo à cordes, H 17 [5] – Todessehnsucht, H 181 (arr. de BWV 478 pour orchestre à cordes) [5] – Blow out, you bugles, H 132, Adoration, H 57, Where she lies asleep, H 113, Love went a-riding, H 114, and Thy hand in mine, H 124, pour ténor et orchestre [6] – Berceuse, H 9, et Mantle of blue, H 131, pour soprano et orchestra [6] – Day after day, H 164i, et Speak to me, my love, H 164ii, pour mezzo-soprano et orchestre [6] – Berceuse, H 9 [6] – Chant d’espérance, H 18ii [6] – Serenade, H 23 [6] – The Pageant of London, pour orchestre à vents, H 98 [6] – A Royal Night of Variety, H 184 [6]

Sarah Connolly (mezzo-soprano), Philip Langridge (ténor), Roderick Williams (baryton), Alban Gerhardt (violoncelle), Howard Shelley (piano), BBC National Chorus of Wales, Adrian Partington (chef de chœur), BBC National Orchestra of Wales, Richard Hickox (direction)
Enregistré à Swansea (26 et 27 novembre 2000 [1], 19 et 20 septembre 2001 [2], 28 et 29 novembre 2002 [3], 13 et 14 mai 2003 [4], 3 et 4 décembre 2003 [5] et 23 et 24 octobre 2004 [6]) – 424’44
Coffret de six disques CHANDOS, CHAN 10729(6) X – Notices en anglais de Paul Hindmarsh





En hommage à Richard Hickox (1948-2008), trop tôt disparu, et à Frank Bridge (1879-1941), compositeur anglais dont une large part de l’œuvre est restée longtemps méconnue, Chandos réédite, dans le cadre de sa série «The Hickox Legacy», les six volumes que celui-ci consacra à Bridge entre 2000 et 2004. Il était alors chef principal de l’Orchestre national de la BBC du Pays de Galles avant d’en devenir le conductor emeritus en 2006. Richard Hickox, éminent musicien britannique hautement respecté outre-Manche, œuvra beaucoup pour la musique de son pays et pour certains compositeurs en particulier. L’œuvre orchestral de Bridge, peu souvent enregistré en dehors de l’incontournable The Sea, quelques pages pour orchestre à cordes et les poèmes symphoniques Summer et Enter Spring, se trouve ici, grâce à Hickox, en sa quasi-intégralité, dont une petite dizaine d’œuvres et quelques mélodies avec orchestre portées au disque pour la première fois.


Frank Bridge mena une carrière réussie de chef d’orchestre mais il était en premier lieu altiste et chambriste (Quatuor Joachim, English String Quartet) et ses œuvres en particulier pour les cordes deviennent de plus en plus indépendantes et richement aventureuses au cours des années. Son œuvre orchestral est au diapason, quoique moins abstrait, portant souvent une connotation émotionnelle ou poétique. Ses trois grandes périodes créatrices s’articulent autour de la Première Guerre mondiale qui l’a profondément affecté. Jusqu’en 1913, son expression s’affirme, précise et serrée, haute en couleur, d’abord encore sous influence brahmsienne comme le poème symphonique Mid of the Night (1903) ou l’exubérantThe Hag (1902) pour baryton et orchestre, pour culminer dans le Dance Poem de 1913 aux strates mobiles et changeantes et au langage harmonique délicatement ambigu qui peut faire penser à Jeux de Debussy.


La guerre apporta la tragédie. Bridge, pacifiste dans l’âme, se retira en lui-même sur la plan musical et, recherchant la sérénité qu’il n’avait plus, inventa le monde idyllique au soleil oblique du poème symphonique Summer (1914-1915), d’une frémissante sensibilité, et les excellentes reprises pour cordes des thèmes de certains chants traditionnels tels Sally in our alley ou Cherry Ripe d’une légèreté de scherzo mendelssohnien. En contraste total vinrent Lament (1915) pour orchestre à cordes, chant de déploration en mémoire des victimes du sabordage du Lusitania et la Sonate en ré mineur pour violoncelle et piano, remaniée en 1917, qui révéla de nouvelles aspirations plus expressionnistes et annonçait les œuvres plus harmoniquement audacieuses des années 1920 tel le poème symphonique Enter Spring, rhapsodique, et en point d’orgue, le sublime Oration, Concerto elegiaco pour violoncelle et orchestre (1929-1930), au langage plus radical dont les motivations profondes exprimées avec éclat furent le deuil, la souffrance et la condamnation de la guerre.


Sa dernière composition achevée fut Rebus (1940), une somptueuse ouverture pour orchestre fondée sur le principe de la métamorphose et symbolique des constants de son écriture intériorisée et expressive: une cohérence formelle et structurelle, un univers sonore harmoniquement dynamisé, un relief orchestral extraordinaire grâce à une instrumentation et une orchestration finement originales, une variation permanente des textures née de l’empilement complexe de strates fluctuantes et de l’importance accordée aux sonorités d’instruments émergeant soudain du tutti, l’exigence de la recherche timbrale amenant en parallèle des couleurs, franches ou subtiles, en perpétuelle irisation.


Sauf exception, «Bridge compose dans l’esprit et dans la forme du romantisme, mais sur un terrain laissé vierge par ses prédécesseurs» comme l’exprime si bien Bernard Fournier. Ce terrain laissé vierge prouva fertile. A l’instar de Sir Charles Groves à la tête du Philharmonique royal de Liverpool en 1975, peut-être plus incisif mais à la programmation plus limitée, Richard Hickox tint à le sortir de l’ombre. Il le défend avec flamme, son orchestre attentif, les sonorités des cuivres et des bois rondes, claires et efficaces, le hautbois tout particulièrement engagé (comme le baryton de Roderick Williams parmi les voix solistes), mais l’on eût souhaité, peut-être un peu plus de mordant de la part des cordes. Hickox dirige son orchestre avec beaucoup de conviction pour porter à l’attention du public un ensemble bien digne d’intérêt, et on ne peut que saluer ce rare événement.


Le site de l’Orchestre national de la BBC du Pays de Galles


Christine Labroche

 

 

 

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