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07/23/2012
Claude Debussy : La Mer [1] – Prélude à l’après-midi d’un faune [2] – Images [3]

Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)
Enregistré à la salle Liebermann de l’Opéra Bastille, Paris (11 et 20 juillet 2011 [1, 2]) et à Alfortville (16, 17 et 19 septembre 2011 [3]) – 68’45
Sony Classical 88697974002 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Guido Johannes Joerg





Si un orchestre allemand était cantonné à Beethoven et Bruckner, un orchestre anglais à Elgar ou Britten, un orchestre italien à Verdi et Rossini, ça se saurait... Pourtant, à écouter ce disque, on se demande pourquoi certaines maisons préfèrent remettre une nouvelle fois sur la table des œuvres saturées en interprétations du plus haut niveau dans le seul but de permettre à un orchestre maison de montrer ce dont il est capable dans des pièces qui forment son pain quotidien… Voici donc requis le National pour trois œuvres-phare de Claude Debussy (1862-1918). Disons-le d’emblée: ces versions ne bouleversent en rien la discographie existante et, bien au contraire, offrent un reflet bien déformé de ce que peut être l’Orchestre national de France en concert.


Si Gatti, dont le contrat avec la phalange de Radio France vient d’être prolongé jusqu’en 2018, avait pu se montrer convaincant en dirigeant La Mer, l’interprétation qu’il livre ici est on ne peut plus nombriliste et compassée. Certes, l’orchestre est excellent (le hautbois, sûrement tenu par Nora Cismondi, le violon solo, vraisemblablement celui de Luc Héry) mais cette richesse s’avère très rapidement étouffante: la première partie («De l’aube à midi sur la mer») renvoie davantage à certains débuts de symphonies brucknériennes qu’à l’horizon censé se dégager lentement sur la grande bleue. L’approche du chef italien tient finalement davantage en une succession de brefs épisodes qu’en une vaste fresque, d’où certains ralentis étonnants (à 4’25) ou certains épanchements parfois hors de propos (les violoncelles à partir de 5’08). La deuxième esquisse («Jeux de vagues») est plus réussie, en raison d’une atmosphère plus joueuse, mais l’oppression reprend ses droits dans une troisième esquisse («Dialogue du vent et de la mer») alliant artificialité et grandiloquence.


Le Prélude à l’après-midi d’un faune est plus séduisant: les volutes de la flûte, le pointillisme musical (le cor, le hautbois dont l’entrée en matière est d’une poésie formidable), les tensions insufflées aux cordes instaurent une indéniable poésie à l’ensemble. Pour autant, Daniele Gatti ne lâche pas suffisamment l’orchestre qui, faute d’espace, ne s’avère pas aussi détendu qu’on aurait pu le souhaiter.


Dans Images, le National fait de nouveau montre des talents individuels de ses pupitres. Dans «Gigues», le cor anglais, le hautbois, les bassons, le cor interviennent de façon idéale, Gatti veillant à tenir à distance la pure séduction, lui préférant à juste titre la dimension divertissante et joueuse. Même si les cordes peuvent parfois un peu trop s’épancher, renvoyant ainsi à un postromantisme hors sujet, c’est la modernité de la partition qui ressort néanmoins le plus souvent, renvoyant ainsi en plus d’une occasion à ce que pourra composer Stravinsky. «Ibéria» brille de mille couleurs mais l’ensemble est trop maîtrisé pour évoquer cette Espagne d’Epinal, aux couleurs chatoyantes, à la gestuelle sensuelle et quelque peu débridée: on respecte le travail fait mais on n’est jamais emporté. «Les parfums de la nuit» et «Le Matin d’un jour de fête» sont plus convaincants: les trémolos des cordes, évoquant les images sépia d’un vieux film des années 50, ou le hautbois rêveur sont enfin suffisamment dans leur élément pour que la musique nous envoûte dans le premier épisode; la rythmique du second nous emmène également très vite au soleil même si l’on aurait pu souhaiter, là aussi, davantage de liberté et de prise de risque. Quant à la dernière séquence, «Rondes de printemps», elle témoigne de ce réflexe de Daniele Gatti de trop souvent lâcher la bride de son orchestre pour, une fraction de seconde plus tard, la reprendre, instaurant ainsi une certaine brutalité dans les transitions et ne contribuant pas à, finalement, sublimer le discours d’une partition qui, là encore, demande avant tout de pouvoir s’épanouir librement.


Ecouter La Mer sur le site de France Musique


Sébastien Gauthier

 

 

 

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