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05/25/2012
«Concertos and Overtures for London»
Johann Christian Pepusch : «The Beggar’s Opera»: Ouverture en si bémol majeur – Concerto a 5 pour hautbois, cordes et basse continue en sol majeur – Concertos pour violon, cordes et basse continue en la majeur, en la mineur et en si bémol majeur – Concerto grosso a 6 pour trompette, cordes et basse continue en ré majeur – Concerto a 6 pour violoncelle, bassoon, cordes et basse continue en fa majeur – «Venus and Adonis»: Ouverture en fa majeur

The Harmonious Society of Tickle-Fiddle Gentlemen, Robert Rawson (direction)
Enregistré en l’église All Saints de Londres (juillet 2010) – 59’16
Ramée RAM 1109 (distribué par Outhere) – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Robert G. Rawson





Qui connaît aujourd’hui Johann Christoph Pepusch (1667-1752)? Personne ou, en tout cas, pas grand monde... Né à Berlin, il montra très tôt de grandes dispositions pour la musique de telle sorte qu’il fut chargé de l’éducation musicale du prince royal alors qu’il n’avait que quatorze ans. Parti très rapidement pour Londres, il fut fait docteur en musique par l’Université d’Oxford dès 1713. Auteur de plusieurs compositions sacrées et instrumentales, Pepusch a surtout été un théoricien de l’harmonie de premier ordre, ayant d’ailleurs rédigé en 1731un traité réputé en la matière. Comme le note la monumentale Bibliographie ancienne et moderne, Pepusch aura laissé «la réputation d’un profond théoricien en musique. Ses compositions, dépourvues d’imagination, n’eurent jamais une grande vogue» (1843, tome 32, page 445). Hormis un disque de cantates paru chez Bis et la gravure d’une sonate au sein d’un disque consacré à la musique anglaise des XVIIe et XVIIIe siècles que Frans Brüggen et ses comparses (Bylsma, Leonhardt...) avaient enregistré chez Teldec, Pepusch n’a que rarement eu les honneurs du disque. Ne serait-ce que pour cette raison, l’intérêt du présent enregistrement doit être souligné.


L’ensemble anglais The Harmonious Society of Tickle-Fiddle Gentlemen, créé en 2006 seulement, se donne pour mission, comme nous l’explique l’excellente notice rédigée par son directeur musical, le contrebassiste Robert Rawson, «d’explorer un répertoire délaissé, celui des oeuvres destinées aux concerts en Angleterre à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle». Il était donc tout naturel qu’il s’attaquât à l’œuvre de Pepusch.


Avouons-le bien vite: effectivement, les compositions de Johann Christian Pepusch ne brillent ni par leur virtuosité, ni par leur originalité. Ainsi, l’Ouverture de The Beggar’s Opera s’avère-t-elle très classique dans son agencement et dans ses couleurs, le Concerto a 5 pour hautbois, cordes et basse continue alternant de façon assez convenue mouvements rapides et mouvements lents. Par ailleurs, on sent bien que Pepusch n’a pas d’idées qui lui soient vraiment propres: on ne peut parler d’un «style Pepusch» comme il existe, évidemment, un «style Vivaldi» ou un «style Händel». Ainsi, l’Allegro concluant le Concerto pour violon, cordes et basse continue en la majeur est-il très italianisant et rappelle-t-il nombre de compositeurs de la Péninsule. Certaines oeuvres souffrent pour leur part de solistes quelque peu en difficulté: ainsi, dans le Concerto grosso a 6 pour trompette, cordes et basse continue, le trompettiste Crispian Steele-Perkins a parfois du mal à passer ses traits alors que cette œuvre, assez proche de certains concertos de Fasch par exemple, ne comporte que peu de fioritures, le soliste se contentant souvent de brèves et simples interventions.


Le reste du disque connaît en revanche une hausse significative de niveau. Si la recherche mélodique n’est toujours pas vraiment au rendez-vous, on ne peut rester insensible au très beau Concerto pour violon, cordes et basse continue en la mineur où le soliste Tassilo Erhardt livre une prestation magnifique. Il en va de même dans le premier mouvement du Concerto grosso pour violon, cordes et basse continue qui, par ses sonorités et la vivacité de son rythme, rappelle ce que l’on pouvait entendre de façon plus virtuose sous la plume de Fasch, Pisendel ou Heinichen à la Cour de Dresde. Signe là encore des influences italiennes, on jettera une oreille amusée au dernier mouvement Allegro que l’on pourrait croire sorti de l’imagination d’Arcangelo Corelli! Pièce très intéressante, le Concerto a 6 en fa majeur met en lumière trois solistes que l’on a peut l’occasion d’entendre ensemble: le violon, le violoncelle et le basson. Très plaisante, elle frappe notamment par les motifs ludiques de son Presto. Quant à l’Ouverture de Vénus et Adonis (1715), elle met surtout en lumière un magnifique hautbois, tenu avec dextérité par Belinda Paul.


Même si l’intérêt purement musical est mitigé, on ne peut encore une fois que saluer l’originalité et l’audace de cette programmation, parfaitement servie par des interprètes convaincus.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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