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12/05/2011
Antonio Vivaldi : Teuzzone, RV 736
Paolo Lopez (Teuzzone), Raffaella Milanesi (Zidiana), Delphine Galou (Zelinda), Roberta Mameli (Cino), Furio Zanasi (Sivenio), Antonio Giovannini (Egaro), Makoto Sakurada (Troncone, Argonte), Le Concert des Nations, Jordi Savall (direction)
Enregistré au Château de Versailles (juin 2011) – 159’36
Coffret de trois disques Opus 111 OP 30513 (distribué par Naïve) – Notice et traduction multilingues des textes chantés (français, anglais, italien et allemand) de Frédéric Delaméa





Il y a déjà eu notamment Orlando Furioso et Tito Manlio sans compter La fida ninfa et Armida... Avec régularité et un professionnalisme intacts, l’édifice de la «Vivaldi Edition» s’enrichit là d’une nouvelle pierre avec ce très attendu Teuzzone, reflet d’un enregistrement qui a été réalisé au moment où l’œuvre était donnée en avant-première à l’Opéra royal du Château de Versailles dans le cadre des festivités célébrant en juin et juillet 2011 Venise, Vivaldi et Versailles. A cette occasion, Jordi Savall et le Concert des Nations avaient de nouveau illustré leurs véritables affinités avec la musique d’Antonio Vivaldi (1678-1741) dont ils ont notamment enregistré deux magnifiques versions de Farnace (publiées chez Alia Vox et, dans le cadre de la présente collection, chez Opus 111). Le dramma per musica en trois actes Teuzzone (1719), donné en version de concert, avait été une superbe surprise: autant dire que l’écoute de ces trois disques était attendue.


Et pourtant, quelle déconvenue! Quel hiatus entre la découverte sur le vif et l’écoute de l’enregistrement, fort bien fait par ailleurs, par les micros de Naïve! Au-delà de la déception, voyons-y peut-être surtout la marque de la magie du concert, plus que jamais capable de transcender une œuvre qui, en vérité, peut s’avérer relativement mineure. Car, il faut bien l’avouer, point de génie éclatant dans Teuzzone. Dès l’introduction du premier acte, la musique de Vivaldi jaillit et emporte l’esprit sur des chemins certes agréables mais surtout fort bien balisés où la surprise n’est pas de mise et où l’imagination fait souvent défaut. En plus d’une occasion (l’air de Zidiana «Ritorna a lusingarmi» à la fin de l’acte II, le très bel air de Sivenio «Base al regno e guida al trono» à la scène 5 du troisième acte ou, de nouveau, un air de Zidiana «Lo sembro appunto» à la scène 9 de l’acte III), on apprécie cette musique bien faite, chatoyante dans les tons et les couleurs, mais de facture assez prosaïque qui ne véhicule aucune véritable passion ni aucun réel engouement.


Certes, ce n’est pas toujours le cas. L’auditeur sera ainsi immédiatement séduit par l’alliance idéale entre voix et luth dans l’air «Tu mio vezzoso» (chanté par Raffaella Milanesi à la scène 3 de l’acte I), par l’accompagnement millimétré des cordes dans l’air «Ti sento, sì ti sento» à la fin de l’acte I (superbe Delphine Galou dans le rôle de Zelinda), ou par le jeu entre les hautbois et la voix chaleureuse d’Egaro (Antonio Giovannini) dans l’air «La gloria del tuo sangue» à l’acte II (scène 8). La plupart des interprètes défendent avec beaucoup de noblesse et de réussite ces divers airs (mention spéciale à Furio Zanasi, excellent Sivenio, qui, en dépit d’une voix qui aimerait parfois à être plus puissante, nous gratifie de plusieurs airs magnifiques, dont un «Non temer: sei giunto in porto» à la scène 12 de l’acte II orné par les accents pleins de vie des cordes) mais on regrettera néanmoins les attaques bien dures de Roberta Mameli (notamment dans l’air «Nel suo carcere ristretto», acte II, scène 12) et la voix pas toujours très bien assurée de Paolo Lopez, pourtant investi du rôle-titre (ainsi dans l’air «Antri cupi, infausti orrori» à la scène 6 de l’acte III).


Jordi Savall dirige son orchestre du Concert des Nations avec son sens aigu de l’authenticité musicologique. Veillant à être au plus proche de ce qu’a souhaité le compositeur, il alterne brillance (les trompettes et les hautbois dans la cavatine de Teuzzone au début de l’acte II) et douceur, aidé en cela par des cordes d’un velouté extraordinaire; à titre d’illustration, on écoutera à profit le très bel air de Cino «Mi va scherzando in sen» à l’acte I (scène 12), véritable petit bijou à lui seul.


En conclusion, et même si l’initiative d’en faire un enregistrement ne peut qu’être saluée, Teuzzone apparaît davantage comme une étape dans la découverte de la musique de Vivaldi que comme un véritable jalon.


Le site de Jordi Savall
Le site de Raffaella Milanesi
Le site de Roberta Mameli


Sébastien Gauthier

 

 

 

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