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10/31/2011
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 3 «Héroïque», opus 55 (1), n° 5, opus 67 (2), n° 6 «Pastorale», opus 68 (3), n° 7, opus 92 (4) et n° 8, opus 93 (2) – Concerto pour piano n° 5, opus 73 (5) – Concerto pour violon, opus 61 (6)
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68 (7) – Concerto pour piano n° 1, opus 15 (8) – Concerto pour violon, opus 77 (9)
Joseph Haydn : Symphonie n° 94 «Surprise» (10)
Antonín Dvorák : Concerto pour violon, opus 53, B. 96 (11)
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1, opus 26 (12)
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 3 «Schottische», opus 56 (13) – Symphonie n° 4 «Italienische», opus 90 (13) – Concerto pour violon n° 2, opus 64 (12)
Alexandre Glazounov : Concerto pour violon, opus 82 (14)
Hugo Wolf : Italienische Serenade (15)
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 «Romantische» (version de 1888) (16)
Georg Friedrich Händel : Water Music, HWV 348 à 350 (extraits) (10)
Edward Elgar : Variations on an Original Thema «Enigma», opus 36 (17)
Ralph Vaughan Williams : Fantasia on a Theme by Thomas Tallis (18) – Five Tudor Portraits (19)
Mikhaïl Glinka : Kamarinskaïa (20)
Alexandre Borodine : Le Prince Igor: Danses polovtsiennes (20)
Nikolaï Rimski-Korsakov : Le Coq d’or: Suite (21) – Shéhérazade, opus 35 (22)
Serge Prokofiev : Symphonie n° 1 «Classique», opus 25 (23) – L’Amour des trois oranges: Suite, opus 33 bis (21)
Modeste Moussorgski : Une nuit sur le Mont Chauve (arrangement Rimski-Korsakov) (20)
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 (24)
Richard Wagner : Siegfried-Idyll (25) – Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude de l’acte I (25) – Parsifal: Prélude de l’acte I et «Enchantement du Vendredi Saint» (25) – Götterdämmerung: «Voyage de Siegfried sur le Rhin» et «Marche funèbre de Siegfried» (26) – Tristan und Isolde: Prélude de l’acte I et «Mort d’Isolde» (26)
Wolfgang Amadeus Mozart : Sérénade n° 13 «Eine kleine Nachtmusik», K. 525 (27) – Symphonie n° 40, K. 550 (28)
Johann Strauss fils : Accelerationen-Walzer, opus 234 – Perpetuum mobile, opus 257 – Tritsch-Tratsch-Polka, opus 214 (29)
Johann fils et Josef Strauss : Pizzicato Polka (29)
Franz Schubert : Symphonies n° 2, D. 125, et n° 8 «Inachevée», D. 759 (30)
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2, opus 27 (31)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74 (31) – Concerto pour violon, opus 35 (32) – Sérénade pour cordes, opus 48 (31) – Capriccio italien, opus 45 (13) – Marche slave, opus 31 (33)
Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte – La Valse – Boléro (34)
Igor Stravinski : La Sacre du printemps (35)
Richard Strauss : Tod und Verklärung, opus 24 – Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28 (36) – Don Juan, opus 20 – Rosenkavalier, opus 59: Suite (édition Steinberg) (37)
Ernst Toch : Symphonie n° 3, opus 75 (38)
Paul Hindemith : Symphonie «Mathis der Maler» (38)
Ernst Bloch : Concerto grosso n° 1 (39)

Nell Rankin (19) (mezzo), Robert B. Anderson (19) (baryton), Nathan Milstein (6, 9, 11, 12, 14) (violon), Godfrey Layefski (15) (alto), Rudolf Firkusný (4, 8), Harry Franklin (39) (piano), Mendelssohn Choir (19), Philharmonia Orchestra[37], Pittsburgh Symphony Orchestra [1 à 36, 38, 39], William Steinberg (direction)
Enregistré à Pittsburgh en public (24 novembre 1952 [39]) et en studio (9 [30], 10 [3] février, 17 [26], 30 [19] novembre 1952, 10 [24], 11 [29] février, 28 [12], 29 novembre 1953 et 13 avril 1954 [9], 30 novembre 1953 [23], 30 novembre 1953 et 14 avril 1954 [31], 1er décembre 1953 [35], 25 [31], 26 [36] janvier, 15 et 16 avril [2] 1954, 10 [6], 11 [22] janvier, 30 octobre [1] 1955, 17 [7], 18 [25], 19 [16] avril, 14 [8], 15 et 16 [38] octobre 1956, 11 [33], 25 [17], 26 [4] mars, 16 [11], 17 [14], 18 [18] avril, 21 [21], 26 [5], 29 [28] octobre 1957, 18 mars [20], 20 [10], 28 [27], 29 [34] octobre 1958, 4 [13], 6 [32], 16 [15] avril 1959) et à Londres (16 et 17 juin 1957 [37]) – 1461’20
Coffret de vingt disques EMI 50999 0 26486 2 0





Par ce coffret aussi volumineux (vingt disques) que généreux (près de 75 minutes par disque en moyenne) et économique (moins de 2 euros par disque), la série «Icons» d’EMI, après notamment Stokowski et Kempe, rend un juste hommage à William Steinberg (1899-1978), quelque peu oublié de nos jours, alors que son fils Pinchas (né en 1945) vient de diriger la reprise de Salomé à Bastille (voir ici) et que l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, dont il fut le directeur musical durant près d’un quart de siècle, s’est tout récemment produit à Paris (voir ici). Il est vrai que dans sa génération, la concurrence était rude, jusque dans son pays d’adoption, puisqu’à deux ans près (au plus), il avait le même âge que Szell, Barbirolli, Horenstein, von Matacic, Ormandy, Kletzki ou van Beinum.


Né Hans Wilhelm Steinberg à Cologne, élève d’Abendroth et assistant de Klemperer, il occupe différents postes dans sa ville natale, à Prague, à Francfort et à Berlin. Révoqué dès 1933 par le régime nazi, il émigre en Palestine sous mandat britannique et accompagne les premiers pas de ce qui devait devenir le Philharmonique d’Israël. Il y est remarqué par Toscanini, auquel il prête ensuite main forte pour les débuts de son Orchestre de la NBC. Directeur musical du Philharmonique de Buffalo (1945-1952) et du Philharmonique de Londres (1958-1960) entre les mandats de Boult et Pritchard, il fut aussi senior guest conductor du Philharmonique de New York (1966-1968) du temps de Bernstein et directeur musical du Symphonique de Boston (1969-1972) entre Leinsdorf et Ozawa. Mais son nom est avant tout associé à Pittsburgh: nommé en février 1952, trois semaines seulement après son premier concert avec l’orchestre, qui n’avait plus de directeur musical depuis le départ de Reiner en 1948, il y resta en fonctions durant près d’un quart de siècle, jusqu’en mai 1976.


Si son souvenir s’est aujourd’hui quelque peu estompé, ce n’est pas en raison d’une discographie parcimonieuse, tant s’en faut. Dès 1928, il était dans les studios avec la Staatskapelle de Berlin et Huberman dans le Concerto de Tchaïkovski et il effectua en 1946 à Buffalo le premier enregistrement de la Septième Symphonie «Leningrad» de Chostakovitch. A la fin de sa carrière, au tournant des années 1960 et 1970, RCA – entre autres pour la Sixième de Bruckner et la Neuvième de Schubert – puis Deutsche Grammophon – pour la Symphonie «Mathis le peintre» et la Musique de concert de Hindemith, Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss et l’une des deux ou trois références absolues des Planètes de Holst – ont posé leurs micros à Boston. Mais la plus grande partie de son legs discographique date des années 1950 et 1960: avant Everest, brièvement, et Command, ce fut pour Capitol, entre février 1952 et avril 1959. La présente réédition, regroupant des 33 tours dont certains, en tout ou partie, avaient déjà fait plus ou moins récemment l’objet d’un transfert en disque compact, reprend la totalité de ce que Steinberg a gravé pour la firme américaine (hormis la Gran Partita de Mozart avec les vents de Los Angeles), en mono puis en stéréo, et, à une exception près (le Premier Concerto grosso de Bloch), en studio.


Sauf quelques (Richard) Strauss avec le Philharmonia, c’est bien tout naturellement le Symphonique de Pittsburgh qui est ici en vedette. La moitié du coffret consacrée à de grandes symphonies classiques et romantiques n’est pas celle qui présente le plus d’intérêt. Les classiques sont joués «à l’ancienne», sans le moindre souci d’authenticité, même si cette tradition qui a fait ses preuves ne dénature pas outre mesure la Quatre-vingt-quatorzième «La Surprise» (1794) de Haydn, à l’image de son Menuet, lent et rustique, mais non moins idiomatique et dansant, ni la Petite musique de nuit (1787) et la Quarantième Symphonie (1788) de Mozart. Sans surprise, c’est un Beethoven grand format, où la direction alterne poigne et sourire, nervosité et bonhomie: plus qu’une Troisième «Héroïque» (1804) un peu émoussée par la prise de son, qu’une Cinquième (1808) à la théâtralité démodée ou qu’une Huitième (1812) appuyée, une robuste Sixième «Pastorale» (1808) et une Septième (1812) de haute tenue sortent du lot. Dès lors, la verdeur de la Deuxième (1815) de Schubert surprend agréablement, à côté d’une Huitième «Inachevée» (1822) plus habituelle. La Troisième «Ecossaise» (1842) et Quatrième «Italienne» (1833) de Mendelssohn et la Première (1876) de Brahms n’abusent pas de la touche romantique et confirment les qualités mais aussi les limites d’une direction modeste, sincère et solide, qui s’apparente à celle d’un artisan plus que d’un démiurge, en harmonie avec une gestuelle réputée – ainsi que le précise la notice très complète de Mark Kluge (en anglais, allemand et français) – aussi économe qu’efficace.


La Quatrième «Romantique» (1881) de Bruckner apparaît atypique (par son choix d’édition – la rare version de 1888 – et par sa coupure d’une soixantaine de mesures dans l’Andante), pour ne pas dire bizarre, la déception étant accrue par des cuivres qui ne sont pas toujours à la fête. La Première (1888) de Mahler, l’une des plus rapides de la discographie, n’est pas beaucoup plus satisfaisante. La Sixième «Pathétique» (1893) de Tchaïkovski, en revanche, dynamique et inspirée, est assortie d’une Sérénade pour cordes (1880) plus banale, d’un Capriccio italien (1880) caricatural et d’une Marche slave (1876) acérée. Dans des styles opposés, il sait réussir aussi bien une superbe Deuxième (1907) de Rachmaninov qu’une étincelante Première «Classique» (1917) de Prokofiev.


Dès qu’il s’agit de narration, Steinberg convainc sans réserve, faisant regretter que le disque ne conserve pas davantage de traces de son activité de chef lyrique. Ainsi, chez Strauss, d’un Till l’Espiègle (1895) coloré et d’un Mort et Transfiguration (1888) dramatique, et, pour la seule apparition avec le Philharmonia, un Don Juan (1888) étincelant et de séduisants extraits symphoniques du Chevalier à la rose (1910). Ainsi, plus encore, chez Wagner (dont il dirigea La Walkyrie et Parsifal au Met), malgré un Siegfried-Idyll (1870) simplement charmant et un Prélude des Maîtres chanteurs (1867) un peu trop démonstratif, mais grâce à des préludes et extraits d’opéras – Tristan (1859), Le Crépuscule des dieux (1874) et Parsifal (1882) – captivants et personnels, bouleversants d’humanité et gorgés de lyrisme.


Les autres disques reflètent l’intérêt de Steinberg pour des musiques de caractère très différent. Anglaise, avec de bonnes Variations «Enigma» (1899) d’Elgar et, plutôt qu’une version convenable de la Fantaisie sur un thème de Tallis (1910) de Vaughan Williams, ses méconnus et truculents Tudor Portraits (1935). Il est d’autant plus légitime de rattacher Haendel à ce chapitre britannique que les extraits de Water Music (1717), dans une pittoresque réorchestration pittoresque et prêtant à sourire ne peuvent venir que du pays de Stanford, de Parry et de Henry Wood – mais dans le genre, c’est très bien fait et même assez réjouissant. Dans le flirt avec le mauvais goût, la réécriture – avec bois et cuivres! – de la Pizzicato-Polka (1869) des frères Strauss va plus loin, mais cela ne l’empêche pas de briller dans un Perpetuum mobile (1861) dont on regrette qu’il s’achève de façon si abrupte.


Davantage que la musique française, en l’occurrence Ravel avec la Pavane pour une infante défunte (1899/1910), La Valse (1920) et Boléro (1928), c’est la musique russe qu’il défend avec brio: de courtes pages de Glinka et Borodine, Rimski-Korsakov – dont une enthousiasmante Shéhérazade (1888) – plus qu’un Sacre du printemps (1913) de Stravinski encore aussi rimskien que possible et illustrant les difficultés que posait encore la mise en place de cette musique. De façon générale, les imprécisions de l’orchestre, d’un disque à l’autre, témoignent sans doute aussi du fait que les prises n’étaient pas multipliées à l’infini.


Steinberg ne rechigna pas non plus à interpréter ses contemporains, donnant ainsi en 1930 à Francfort la première D’aujourd’hui à demain de Schönberg et présentant en première audition américaine les Six Pièces de l’Opus 6 de Webern (mais aussi la Suite de Billy the Kid de Copland). Quelques mois après l’avoir créée, il enregistre la Troisième (1955) des sept Symphonies d’Ernst Toch (1887-1964): écrite à son intention et à celle de son orchestre, elle reçut le prix Pulitzer 1956 (et non en 1957 comme l’affirme la notice). Expressionniste et composite, jusque dans un instrumentarium inattendu (harmonica de verre, orgue Hammond, ...), l’œuvre incite à redécouvrir ce compositeur, Autrichien d’origine mais lui aussi émigré aux Etats-Unis dans les années 1930, qui, bien que récemment remis à l’honneur par l’insatiable curiosité de l’éditeur cpo, demeure dans l’ombre. Le Premier Concerto grosso (1925) de Bloch, un autre émigrant qui subit hélas une éclipse durable, bénéficie d’une baguette vigoureuse et entraînante, qui sait aussi conférer un souffle puissant à la Symphonie «Mathis le Peintre» (1934) de Hindemith (dont il devait créer quelques années plus tard la Pittsburgh Symphony).


Dernier volet, et non des moindres, de cette anthologie, Steinberg accompagne deux solistes qui partagent avec lui le même souci de probité. Avec Nathan Milstein, il passe en revue les plus célèbres concertos, omettant toutefois celui de Sibelius: Beethoven (1806) – avec des cadences originales –, Second de Mendelssohn (1844), Premier de Bruch (1866), Dvorák (1880) et Glazounov (1904). Le violoniste américain a certes déjà par ailleurs laissé entre trois et sept autres versions de chacun de ces piliers du répertoire, mais il habite la moindre note de ces partitions et offre même un Tchaïkovski (1878) complètement survolté. Rudolf Firkusný, qui fut l’un des partenaires de Milstein en musique de chambre, livre quant à lui un Cinquième concerto «L’Empereur» (1809) de Beethoven dépourvu de la moindre faiblesse, plus de quinze ans avant de le reprendre à Londres avec Segal chez Decca, mais pâtit d’un mauvais instrument dans le Premier (1858) de Brahms et n’égale pas la bande radio réalisée une dizaine d’années plus tard à Baden-Baden avec Bour.


Une réédition à la fois passionnante et inégale, qui fait revivre une personnalité attachante, dont on retiendra principalement la collaboration avec Milstein et l’intensité dans Wagner et Strauss.


Simon Corley

 

 

 

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