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10/01/2011
Philippe Boesmans : Chambres d’à côté – Sextuor à clavier – Ornamented zone – Sur Mi
Musiques Nouvelles, Jean-Paul Dessy (direction)
Enregistré en public à la Monnaie, Bruxelles (11 septembre 2010) – 44’37
Cyprès CYP4636 (distribué par Abeille musique)
Philippe Boesmans, soixante-quinze ans, bénéficie d’une enviable réputation que confirment, notamment, son entrée dans l’édition 2012 du Larousse et l’obtention d’un nouveau prix, en l’occurrence celui de composition musicale de la Fondation Simone et Cino del Duca qu’il recevra le 23 novembre prochain à l’Institut de France. Ses opéras (Reigen, Wintermärchen, Julie, Yvonne, princesse de Bourgogne), ont tous été enregistrés – à quand une réédition de La Passion de Gilles ? – et repris, souvent dans des mises en scène différentes, un honneur que ne connaissent pas bon nombre de ses collègues, loin de là.
Le reste de sa production mérite d’être connu, en particulier sa musique de chambre qui fait l’objet de ce disque publié par Cyprès. Agrémenté d’une pochette représentant le compositeur dans une position pour le moins inhabituelle, cet enregistrement public réalisé l’année passée à la Monnaie comporte quatre œuvres qui se suivent inversement à la chronologie – de Chambres à côté (2010) à Sur Mi (1974) – alors que la remarquable notice (en français et anglais) de Gérard Condé les présente dans l’autre ordre. L’écoute de cette galette, au minutage plutôt chiche, de l’œuvre la plus ancienne à la plus récente permet d’apprécier l’évolution de l’écriture.
Créé à Royan, il y a trente-sept (!) ans, par les sœurs Labèque, Bernard Foccroulle et Jean-Pierre Drouet, Sur Mi (pour deux pianos, orgue électrique, crotale, tam-tam), à ne pas confondre avec Upon La Mi (1970), se caractérise par une écriture moins personnelle et identifiable à l’aveugle, bien que quelques traits saillants du langage de son auteur se manifestent déjà (sophistication du timbre, versatilité). Joué pour la première fois à l’occasion de la reprise d’Yvonne, princesse de Bourgogne à la Monnaie l’année dernière, Chambres d’à côté (2010, effectif non précisé) permet de retrouver l’univers sonore de cet opéra. En six mouvements de durée relativement brève (de soixante-neuf secondes à trois minutes et vingt-sept secondes), ce joyau montre que Philippe Boesmans continue de cultiver son style sans donner l’impression de se répéter : musique grouillante de vie, propice à la rêverie, parfois à l’humour pince-sans rire et qui joue, une fois de plus, sur des effets acoustiques inventifs et savoureux.
Entre les deux, Ornamented zone (1996, entre Reigen et Wintermärchen), pour piano, clarinette, alto et violoncelle, et le Sextuor à clavier (2006, postérieur à Julie), pour quintette à cordes et piano, procurent autant de plaisir grâce à une écriture irrésistible et imprévisible bien que, sur ce dernier point, le mélomane familier du compositeur aura l’impression d’évoluer en terrain connu. Commanditaire de Chambres d’à côté, l’ensemble Musiques Nouvelles dispose de tous les atouts pour exécuter cette musique virtuose.
Le site de Musiques Nouvelles
Sébastien Foucart
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