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08/19/2011
Nicola Matteis : False consonances of Melancholy (Ayres for the violin)
Gli Incogniti: Baldomero Barciela (viole de gambe), Ronaldo Lopes, Francesco Romano (guitare baroque, théorbe), Anna Fontana (clavecin), Amandine Beyer (violon et direction)
Enregistré au monastère de Tibaes (16-20 mars 2009) – 72’47
Zig-Zag Territoires ZZT 090802 (distribué par Outhere) – Notice bilingue (français et anglais) d’Olivier Fourès et Amandine Beyer





Nicola Matteis : Ayrs for the violin
Gaetano Nasillo (violoncelle), Eric Bellocq (guitare, théorbe), Jörg-Andreas Bötticher (clavecin, orgue), Hélène Schmitt (violon)
Enregistré en la chapelle de l’Hôpital Notre-Dame de Bon Secours, Paris (avril 2008) – 74’46
Alpha 141 (distribué par Outhere) – Notice bilingue (français et anglais) d’Hélène Schmitt et Denis Grenier





Nicola Matteis passe pour avoir été un personnage fantasque, virtuose du violon, qui vécut essentiellement en Angleterre mais que sait-on vraiment de lui? Pas grand-chose... On ne peut d’ailleurs que sourire en voyant la jaquette du disque d’Amandine Beyer estimer que Matteis est né vers 1650 et décédé vers 1700, tandis que celui d’Hélène Schmitt ne donne aucune date de naissance, pensant par ailleurs qu’il serait décédé aux alentours de 1714! Autre source d’amusement: Amandine Beyer parle d’Ayres pour le violon tandis qu’Hélène Schmitt préfère faire référence aux Ayrs pour violon... Comment donc ne pas être un peu embarrassé à l’écoute de ces deux disques alors que les dissemblances sont aussi nombreuses sur ce compositeur?


Compositeur d’origine napolitaine (à moins qu’il ne s’agisse de son père puisque celui-ci, également musicien dont on ignore tout, portait le même prénom que son fils!), Matteis a principalement laissé quatre recueils de mélodies destinées au violon, les fameux Ayres, les deux premiers volumes datant de 1676, les deux suivants datant de 1685. Quel que soit le disque écouté, on est frappé, d’emblée, par la très grande diversité des styles de Matteis qui constitue le premier intérêt de ces nombreuses mélodies.


Dans le premier disque, on passe ainsi de l’atmosphère hispanique (la très belle «Diverse bizzarie Sopra la Vecchia Sarabanda ò pur Ciaccona», qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère virevoltante de certaines œuvres, plus tardives évidemment, de Boccherini, ou l’«Aria» tirée de The False Consonances of Musik) à ce que pouvait composer Arcangelo Corelli, autre maître du violon baroque – la «Sarabanda (Adagio)» – en passant par Johann Sebastian Bach – qui pourrait croire que le «Passagia rotto. Andamento Veloce», également interprété par Hélène Schmitt dans une version beaucoup plus longue puisque dépassant les cinq minutes lorsqu’Amandine Beyer atteint à peine les deux, n’est pas de la main du Cantor? Diversité des caractères également puisque Matteis tour à tour nous émeut («Aria amorosa»), nous entraîne dans la danse – «Giga. Al Genio Turchesco») – ou s’ingénie à quelque facétie musicale – «Gavotta (presto)», où le violon joue à une course-poursuite avec le clavecin. Amandine Beyer nous communique son plaisir au travers de ces pages variées dans lesquelles elle adopte immédiatement le juste ton, même si l’on peut trouver parfois qu’elle reste trop sage, voire trop sur la réserve: un style un tant soit peu plus «débridé» pourrait être le bienvenu dans certains passages. Ses acolytes sont au diapason des partis pris de la violoniste et – soulignons notamment l’excellence d’Anna Fontana au clavecin – contribuent à livrer un aperçu extrêmement soigné de l’œuvre de Matteis.


«Soigné» n’est peut-être pas le premier adjectif qui vient à l’esprit à l’écoute du disque d’Hélène Schmitt, qui opte pour une approche plus brute, voire, en quelques endroits, plus maniérée. Son appréhension de Matteis fait davantage ressortir le côté trublion du compositeur grâce à un jeu très étudié des résonances, de la profondeur du son (Adagio tiré de la Suite en la), des influences de tel ou tel pays (là aussi, quelle version tout aussi séduisante, mais dans une optique bien différente, de «Diverse bizzarie Sopra la Vecchia Sarabanda ò pur Ciaccona») ou des ressorts dansants de tel ou tel air («Jigg, prestissimo» de la Suite en do). Au-delà de ces partis pris, on est globalement moins séduit par le disque d’Hélène Schmitt que par celui d’Amandine Beyer. En effet, le violon se montre parfois plus ennuyeux («Ground» de la Suite en mi) ou, en tout cas, connaît certaines chutes de tension manifestes («Passaggio a solo e adagio» de la Suite en do) qui rendent l’œuvre de Matteis plus quelconque. En outre, mais on discute là des partis pris de départ de chacune des deux violonistes, l’approche d’Hélène Schmitt, par sa recherche trop démonstrative de telle ou telle appogiature ou ralenti, se révèle moins naturelle que celle d’Amandine Beyer qui, au final, a donc notre préférence.


Le site d’Amandine Beyer
Le site de l’ensemble Gli Incogniti
Le site d’Hélène Schmitt


Sébastien Gauthier

 

 

 

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