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07/08/2011
Robert Schumann: Papillons, op. 2 – Allegro, op. 8 – Fantasiestücke, op. 12
Judith Jáuregui (piano)
Enregistré à l’Auditorium de Getafe, Madrid (Septembre 2010) – 68’
Columna Música 1CM0266




Une des surprises les plus agréables de la saison espagnole, a été cette soirée schumanienne placée dans les mains et l’intelligence de la jeune pianiste espagnole Judith Jáuregui (Saint-Sébastien, 1985). Jáuregui revendique la beauté du « petit » déjà dans le titre même de son disque, L’art de ce qui est petit. Justement, le romantisme de Chopin et de Schumann faisait de la miniature pianistique une œuvre d’art à part entière. Schumann, pour sa part, rassemblait ces miniatures dans plusieurs cycles: Carnaval, Davidsbündlertänze, Kinderszenen… et Papillons, avant toutes les autres. Ce monde de miniatures dont le sens dépend des autres, de l’ensemble, du parcours, de la séquence, est l’univers choisi par Judith Jáuregui pour épanouir son art d’interprète inspirée. Une inspiration, certainement, fruit du travail de mois, d’années. Jáuregui s’est produite plusieurs fois en concert, et c’est assurément la même Jáuregui que l’on entend dans ce Schumann délicat, nuancé. Il ne s’agit pas d’une prouesse technique, mais de la vérité de la musique vivante devenue phonogramme. Jáuregui sait que Schumann est parfois pompeux, mais cela amusait le compositeur; il faut donc s’amuser avec ces danses ampoulées mais « élégantes », sans trop se prendre au sérieux, et pour cela il faut une capacité à nuancer et à suggérer. Voilà Jáuregui, dans la séquence des Papillons, qui danse, qui fait de clins d’œil, qui regarde ces petits papillons comme un ancêtre des Dances et des Goyescas de Granados. Le sens de la comédie sur un clavier!



Schumann a ses défis, ceux qu’il se lance à lui-même, pas aux autres. Jáuregui ne pose pas de questions pathétiques, mais dessine cet équilibre très schumannien entre les passages « d’un bon tranchant », décidés, parfois virtuoses, et les épisodes rêveurs (pas nécessairement lyriques), introspectifs par instant, sans être trop troublants. L’Allegro op. 8 est une pièce qui permet déployer ce genre de virtuosité, d’habilité, de talent. Les Fantasiestücke op. 12 forment aussi une suite de contes, d’états d’âme, d’humeurs (6 : « Mit Humor » ; 10 : « Mit gutem Humor »). Jáuregui est ici plus « rêveuse », au sens introspectif, et sa jeunesse n’est pas un obstacle à ces « voyages vers l’intérieur ». Chez Jáuregui, comme chez tous les pianistes qui ont quelque chose à dire, la formidable technique se met au service du « son-qui-a-un-sens » de, la narration, de la construction d’un monde. Un monde, ici, surgi de choses insignifiantes et devenu une « maison » schumanienne où l’on habite, ou dans les coins jamais obscurs de laquelle on s’égare. Jáuregui ne connaît pas l’obscurité. Son Schumann est limpide.


Santiago Martín Bermúdez

 

 

 

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