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06/28/2011
«Songs of an English Cavalier»
John Dowland : Fine knacks for ladies (*) – What if I never speed? (*) –Fortune, my foe – Flow my tears (*) – Can she excuse my wrongs? (*) – Shall I strive with words to move? (*) – Were every thought an eye (*) – Now, oh now, I needs must part (*)
Tobias Hume : My hope is revived
Thomas Campion : Never weather-beaten sail (*) – Thrice tosse these oaken ashes (*)
William Byrd : The woods so wild
Henry Lawes : The Rose (*) – Coridon to his Phillis (*) – Inconstance in woman (*) – Love despis’d (*) – The Excellency of wine (*)
William Lawes : Almain – Corant – Saraband
John Blow : Why, Flavia (*) – The self banished (*) – Tell me no more (*)
Henry Purcell : The Indian Queen: «I attempt from love’s sickness» (*) – The Fairy Queen: «Chaconne : Dance for a Chinese man and woman» et «Hark! The ech’ing air a triumph sings» (*)

Kobie van Rensburg (ténor) (*), Lautten Compagney: Birgit Schnurpfeil (violon), Ulrike Becker (viole de gambe, violone), Margret Köll (harpe double), Mark Nordstrand (orgue positif, clavecin), Hans-Werner Apel (guitare baroque, théorbe), Wolfgang Katschner (luth Renaissance, théorbe, direction)
Enregistré à Bad Lauchstädt, Saxe-Anhalt (27 février-2 mars 2001) – 62’21
New Classical Adventure NCA 60220 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en allemand, en anglais et en français, texte intégral des poèmes en anglais (traduit en allemand)





La Lautten Compagney, fondée en 1984 par les luthistes Wolfgang Katschner et Hans-Werner Appel, passe sans problème du duo de luths de ses débuts à un ensemble à géométrie variable jusqu’à dix-sept instrumentistes spécialisés dans la musique ancienne et baroque du continuo à l’orchestre d’opéra. Leur collaboration avec des solistes du même répertoire s’avère tout à fait fructueuse. Le ténor sud-africain Kobie van Rensburg fit ses débuts avec l’ensemble en l’an 2000 autour de Händel et les airs écrits à l’intention de John Beard, son ténor élu. L’année suivante, Rensburg et l’ensemble se tournèrent vers les générations précédentes pour présenter un siècle de musique anglaise de Byrd à Purcell sous le titre «Songs of an English Cavalier».


La présentation de la lente évolution de la musique anglaise de la Renaissance au baroque (Händel) procède par époque plutôt que par ordre strictement chronologique : les compositeurs élisabéthains, Dowland l’incontournable, Hume, Campion et Byrd (1543-1623), le plus ancien, cèdent la place aux deux frères Lawes, actifs avant les années sans musique de Cromwell, la Restauration représentée ensuite par John Blow et son cadet, le grand Henry Purcell (1659-1695). Les violes et les luths dominent et la Lautten Compagney trouve d’office sa place au cœur de ce répertoire. La voix de Kobie van Rensburg lui convient parfaitement. Ténor peu charnu au timbre peut-être acide à l’occasion, ses atouts résident dans la maîtrise de la voix, sa souplesse expressive, la clarté sonore des aigus, le merveilleux relief de son léger vibrato, son sens du langage et le soin extrême qu’il porte à l’articulation. C’est une voix qui peut surprendre mais à laquelle on s’attache rapidement tant son interprétation sonne juste, mettant pleinement en valeur la saveur de ces airs souvent si délicats sans jamais grossir le trait.


Le programme va de l’intimité mélancolique des airs avec luth de la Renaissance anglaise, les poèmes souvent à une première personne du singulier engagée, à une matière plus distanciée, la première personne poétique maintenant observatrice ou philosophe, la troisième allégorique. Rensburg irise de sa voix les différents climats, variant les reprises avec une ornementation discrète, le verbe toujours savoureux. Il réussit tout particulièrement la sophistication déjà de tendance haendélienne de Why, Flavia de John Blow, les vocalises perlées à souhait, et pourtant il sait intérioriser de manière tout à fait émouvante le célèbre Flow my tears de Dowland ou l’air «I attempt from love’s sickness» que Purcell composa pour The Indian Queen. Il assume avec grâce la légèreté et le second degré de «Hark! The ech’ing air» tiré du masque final du semi-opéra The Fairy Queen (Purcell), tout comme le ton badin de Inconstance in woman de Henry Lawes mais attaque plus lourdement le Fine knacks for ladies d’ouverture, passant à côté du naturel de ce sourire décalé. Il réussit cependant de manière touchante la belle simplicité de Now, oh now I needs must part à la ligne mélodique si douloureusement entraînante. Sa voix bénéficie d’une prise de son qui recrée l’espace sonore de la Grosse Kursaal.


En plus des introductions et des interludes au cours des ayres, sept pièces purement instrumentales jalonnent le parcours. Les six musiciens de la Lautten Compagney profitent de la liberté d’une certaine marge laissée par les compositeurs pour nuancer les couleurs instrumentales grâce à la combinaison diversifiée des dix instruments à leur disposition, imposés dans un premier temps par tel air ou tel mouvement de danse. Ils accusent les rythmes avec subtilité et apportent un certain raffinement à l’ornementation libre. Une présence dynamique – vivante et chaleureuse – est le point fort de leur interprétation que ce soit lors des demi-teintes de Dowland ou de Campion, du caractère roboratif tout à fait étonnant de la pièce de Byrd, des instants plus extérieurs chez les Lawes ou chez Blow ou lors de la grâce éternelle des compositions de Henry Purcell. Leur accompagnement, direct ou en contrepoint du ténor ou des solistes de l’ensemble, s’efface ou s’impose, tendant dans les deux cas vers un véritable enrichissement de la ligne mélodique.


Le même concept pourrait s’illustrer de mille façons différentes tant ces cent années sont riches en possibilités mais cohérence et équilibre ne manquent pas au programme de Kobie van Renburg et la Lautten Compagney qui défendent leur sélection avec l’art, l’adresse et la musicalité nécessaires et avec la plus grande conviction. C’est un ensemble tout à fait engageant.


Le site de Kobie van Rensburg
Le site de la Lautten Compagney


Christine Labroche

 

 

 

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