About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/25/2011
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon en ré majeur, opus 61 – Coriolan (Ouverture), opus 62 – Symphonie n° 1 en ut majeur, opus 21 (*)

Isaac Stern (violon), Orchestre national de la RTF, Orchestre national de l’ORTF (*), Josef Krips (direction)
Enregistré en concert (18 septembre 1958 [Concerto pour violon, Coriolan] et 28 août 1965 [Première Symphonie] – 76’03
Cascavelle «Josef Krips Edition» (volume 1) VEL 3154 (distribué par Abeillemusique) – Notice trilingue (français, allemand et anglais) de Pierre-Yves Lascar





Carl Maria von Weber : Obéron: Ouverture, J. 306
Franz Schubert : Symphonie n° 9 en ut majeur, «La Grande», D. 944

Orchestre national de la RTF, Josef Krips (direction)
Enregistré en concert (4 octobre 1954 [Schubert] et 10 octobre 1957 [Weber] – 57’43
Cascavelle «Josef Krips Edition» (volume 2) VEL 3155 (distribué par Abeillemusique) – Notice trilingue (français, allemand et anglais) de Pierre-Yves Lascar





Même s’il a allégrement parcouru l’ensemble du grand répertoire, Mozart fait incontestablement figure de compositeur de prédilection du chef d’orchestre autrichien Josef Krips (1902-1974): aussi est-ce avec une certaine surprise que l’on prend connaissance de ces deux premiers volumes de la «Josef Krips Edition» (quand bien même le troisième, déjà paru, est consacré au Requiem du divin Wolfgang) respectivement dédiés à Ludwig van Beethoven (1770-1827), Carl Maria von Weber (1786-1826) et Franz Schubert (1797-1828).


De Beethoven, Krips a enregistré la plupart des œuvres, qu’il s’agisse de l’intégrale des Symphonies à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres en 1960, de celle des Concertos pour piano à la tête du Symphony of the Air en 1954 (avec Arthur Rubinstein en soliste) ou de la Missa Solemnis avec l’Orchestre symphonique de Vienne. Quant au Concerto pour violon, voici là, sauf erreur, sa deuxième version discographique, Josef Krips en ayant enregistré une autre quelques années plus tôt avec le violoniste Alfredo Campoli (1906-1991) et, là encore, l’Orchestre symphonique de Londres (les sessions d’enregistrement s’étant déroulées au Kingsway Hall de Londres du 2
au 4 janvier 1952, le disque ayant été publié chez Decca).

La présente version – peut-être captée au Théâtre des Champs-Élysées mais aucun indice ne permet de l’affirmer avec certitude – est globalement plus rapide que la précédente puisqu’elle est plus brève de plus de trois minutes (44’50 minutes avec Campoli contre 41’39 avec Stern). Dans une prise de son assez bonne tout en se révélant plutôt sèche, Josef Krips livre une lecture très directe de la partition (les timbales dans le premier mouvement), qui veille à ne jamais s’alanguir (notamment dans le Larghetto). Même si l’Orchestre de la RTF (qui ne deviendra «Orchestre de l’ORTF» qu’à compter de 1964) n’est pas la meilleure phalange au monde, force est de constater qu’il sonne très bien, qu’il s’agisse des cordes (un très beau pupitre de contrebasses et de violoncelles à 8’53 par exemple) ou des bois (les clarinettes à partir de 5’). En revanche, le disque pâtit d’une prestation en demi-teinte de la part d’Isaac Stern (1920-2001), qui témoigne fréquemment d’un timbre acide et d’une sonorité peu flatteuse. Etrangement, la technique de Stern n’est pas non plus exempte de quelques faiblesses même si, derrière ces défauts, on ne peut que saluer le sens du phrasé, des dynamiques et la générosité du son: à cet égard, le deuxième mouvement est splendide.


L’ayant déjà enregistrée à la tête de l’Orchestre du festival de Vienne et de l’Orchestre symphonique de Londres, Josef Krips livre ici une version noire et très animée de l’Ouverture de Coriolan, la pulsation sous-jacente à la partition étant palpable à chaque instant. Veillant à ce que l’on puisse clairement entendre chacun des pupitres (on perçoit par exemple de façon extrêmement claire le contre-chant des bassons), Krips pousse les cordes de l’orchestre à leurs plus extrêmes limites, donnant d’inévitables frissons à l’auditeur. Plus classique, la Première Symphonie bénéficie d’une bien meilleure prise de son, les micros étant en outre mieux placés puisque ne favorisant pas artificiellement tel ou tel instrument comme ce pouvait être le cas dans le concerto. L’Orchestre national de l’ORTF prouve ici l’excellence de ses individualités (les bois dans l’Allegro con brio initial) et son engagement total comme l’illustre merveilleusement le dernier mouvement. Sans effectuer l’intégralité des reprises, Josef Krips dirige avec une très grande légèreté (hormis la fin, beaucoup trop lourde) et une très grande finesse (l’Adagio du quatrième mouvement) cette œuvre qui plonge directement ses racines dans la symphonie classique. Même si la concurrence est rude et si ce disque ne vient pas bouleverser la discographie existante, il offre en tout état de cause un très bel exemple du travail d’orfèvre dont Krips était capable.


C’est également l’impression générale qui ressort du deuxième disque, dominé par la Grande Symphonie de Franz Schubert, œuvre fétiche de Josef Krips. En effet, celui-ci l’a enregistrée à plusieurs reprises, notamment à la tête du Concertgebouw d’Amsterdam en mai 1952 puis, surtout, de l’Orchestre symphonique de Londres en 1958, version demeurée célèbre pour sa vitalité et son sens du naturel. En France, Krips a également eu l’occasion de diriger à maintes occasions cette Neuvième Symphonie, notamment à la tête de l’Orchestre de Paris au cours de quatre concerts qui ont été donnés au mois de mai 1971. Aussi n’ayons pas de regret, compte tenu des témoignages existants, à écarter la présente version que l’on peut, sans grand sacrifice, oublier. La fin du premier mouvement prise à une lenteur incroyable, défigurée par une évidente pesanteur, casse totalement la plutôt bonne impression qui ressortait jusqu’alors de son interprétation, même si l’orchestre y fait preuve d’une grande raideur (notamment chez les cordes). Si l’on sait gré à Josef Krips de continuellement faire avancer le deuxième mouvement, on ne peut que regretter un manque évident de séduction dans la lecture de la partition, que l’on retrouve au contraire tant chez Krips lui-même avec le Symphonique de Londres que, par exemple, chez Günter Wand (avec Berlin, en concert). La souplesse du discours revient néanmoins dans un très agréable Scherzo, avec des cordes qui retrouvent leur finesse pour aborder ces phrases musicales avec tout le discours enjôleur nécessaire. Le dernier mouvement oscille quant à lui entre le très bon (les cordes, les bois) et le difficilement supportable (les cuivres beuglant plus que jamais, une fin pataude au possible), laissant au final une impression fort mitigée de cette Neuvième.


Quant à l’Ouverture d’Obéron (1826) de Weber, elle s’avère, pour sa part, assez massive même si Krips parvient à illustrer avec tact tant les sonorités rêveuses et mélancoliques qui préfigurent le mystère entourant l’opéra, que les élans passionnés qui sont notamment joués par des cuivres aux sonorités beaucoup trop appuyées là encore.


Les inconditionnels du chef autrichien se précipiteront donc avec gourmandise sur ces deux opus qui, de façon globale, font tout de même assez pale figure au regard des multiples interprétations qui peuvent exister de ces œuvres (y compris sous la baguette de Krips lui-même), évidemment surreprésentées chez les disquaires.


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com