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04/18/2011
Frédéric Chopin : Sonate n° 2, opus 35 – Polonaise n° 6, opus 53 – Andante spianato et grande polonaise brillante, opus 22 – Nocturnes n° 1, opus 9 n° 1, n° 2, opus 9 n° 2, et n° 5, opus 15 n° 2 – Mazurkas n° 22, opus 33 n° 1, n° 23, opus 33 n° 2, n° 24, opus 33 n° 3, et n° 25, opus 33 n° 4 – Etude n° 12, opus 10 n° 12
Yundi (piano)
Enregistré en public au National Center for the Performing Arts de Pékin (15 mai 2010) – 70’58 (+ DVD du concert)
EMI 6 31639 2 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Frédéric Chopin : Sonate n° 2, opus 35 – Polonaise n° 6, opus 53 – Nocturne n° 8, opus 27 n° 2 – Fantaisie, opus 49 – Barcarolle, opus 60 – Berceuse, opus 57 – Valses n° 3, opus 34 n° 2, n° 4, opus 34 n° 3, n° 6, opus 64 n° 1, et n° 7, opus 64 n° 2
Daniel Barenboim (piano)
Enregistré en public dans la Sala Koncertowa de la Filharmonia Narodowa de Varsovie (28 février 2010) – 79’15
Deutsche Grammophon 477 9519 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand






Frédéric Chopin : Concertos pour piano et orchestre n° 1, opus 11, et n° 2, opus 21
Daniel Barenboim (piano), Staatskapelle Berlin, Andris Nelsons (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie d’Essen (juillet 2010) – 73’34
Deutsche Grammophon 477 9520 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Alors que l’année 2010 s’est achevée dans un déluge de rééditions et de nouvelles parutions – loin d’être toutes inoubliables –, EMI et Deutsche Grammophon ont attendu 2011 pour publier ces albums enregistrés dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin (1810-1849). Le combat de Yundi (né en 1982 et dénommé «Yundi Li» lorsqu’il enregistrait sous label jaune) contre Daniel Barenboim (né en 1942) pourrait être celui de David contre Goliath... si l’on oubliait qu’au premier colle l’étiquette de «spécialiste» de ce répertoire (ayant triomphé à dix-huit ans seulement du concours de Varsovie), alors que le second – génial «touche-à-tout» – a laissé, dans Chopin, des souvenirs pour le moins contrastés (lire ici).


C’est pourtant l’image de Goliath qui vient à l’esprit quand on compare la frappe sonore, véhémente et débordant de puissance de Barenboim au geste plus pudique du pianiste chinois. Ces parutions, qui ont en commun deux piliers du répertoire chopinien (la Deuxième Sonate et la Polonaise «Héroïque»), offrent par là-même un bel exemple de la diversité des approches du compositeur polonais. La différence est même spectaculaire dans la Sixième Polonaise – batailleuse mais désordonnée chez Barenboim, conquérante mais mécanique chez Yundi: le gros canon contre la mitraillette, en somme. Dans la Deuxième Sonate en revanche, malgré un toucher bien nerveux et une lecture expéditive, le jeune «David»-Yundi met aisément à terre un «Goliath»-Barenboim qui passe au travers d’une œuvre dénaturée voire trahie... à des années-lumière de l’évidence prodigieuse d’un Maurizio Pollini par exemple (chez le même éditeur).


Pour le reste, le récital Chopin offert par Yundi Li, qui vient enrichir une discographie déjà conséquente (lire ici, ici ou ici), se caractérise par son absence de vulgarité et sa maîtrise technique. Echo d’un concert donné à Pékin en mai 2010 (et auquel on peut assister grâce au DVD offert en bonus), il reprend certaines des pièces que le pianiste chinois a emmenées avec lui en tournée cette année-là (lire ici). Le reproche principal que l’on peut faire à ce Chopin réside dans le style de l’interprète. L’Andante spianato et Grande polonaise brillante est impeccable mais sans saveur, trop lisse à force d’être propre, presque scolaire par son doigté ciselé et anguleux. Sobre, la sélection de Mazurkas (... franchement timides à l’ombre des Martha Argerich et Youra Guller) et de Nocturnes (... n’est pas Nelson Freire qui veut) révèle une personnalité encore trop effacée, qui manque de chair dans Chopin.


Voilà bien une critique que l’on ne peut pas adresser à Daniel Barenboim. En éminent lisztien, il creuse de vastes vallées sonores, cherchant à ouvrir la porte des grands espaces avec son piano haut en couleur. Ce Chopin-là est l’héritier direct de Vladimir Horowitz, avec des qualités et des défauts assez comparables dans un tel répertoire. Ainsi d’un geste qu’on jugera volontiers tapageur (dans les Valses par exemple), avec sa frappe épaisse – exagérément brutale – et ses contrastes gigantesques. Si Barenboim confond la Fantaisie avec Après une lecture de Dante, le rapprochement entre la Berceuse et les Jeux d’eau à la Villa d’Este prouve qu’un toucher lisztien a beaucoup à apporter dans Chopin – pourvu qu’il n’en dénature pas l’esprit. C’est ce qui explique que la Barcarolle soit à ce point méconnaissable, désarticulée à force de rechercher l’originalité, servant de prétexte à une tentative – pas vraiment probante – de recréation du discours musical. Mais tout n’est pas que violence et heurts chez cet interprète insaisissable. En témoigne un Huitième Nocturne à fleur de peau, intensément lyrique, particulièrement éloquent.


Deutsche Grammophon aime décidemment beaucoup les deux Concertos de Chopin: un an après avoir publié ceux de Lang Lang et Rafal Blechacz, le label jaune propose la version de Daniel Barenboim, qui les enregistre pour la toute première fois dans le cadre de leur tout nouveau partenariat. L’album risque malheureusement ne pas laisser d’empreinte durable à une discographie saturée de grandes références. La faute en incombe tout autant à une prise de son excessivement proche de l’instrument – dont la présence mécanique (... et les mouvements de pied du soliste) se font envahissants – qu’à une interprétation falote. Capable de génie comme de bizarrerie, Daniel Barenboim présente, lors de ces concerts donnés au festival de piano de la Ruhr en juillet 2010, un toucher qui manque tout autant de consistance dans le Larghetto du Premier Concerto (celui du Second le trouve un peu plus inspiré) que de finesse dans les passages véhéments (un Rondo laborieux dans l’Opus 11, un Allegro vivace sans charme dans l’Opus 21)... il suffit de se passer quelques secondes d’Argerich ou de Zimerman pour s’en rendre compte (chez DG toujours)! Pour ne rien arranger, le geste imprévisible et parfois brouillon du pianiste paraît comme rehausser la dureté de la frappe. Malgré les grandes qualités d’une Staatskapelle de Berlin qui connaît bien celui qui en est le directeur musical depuis près de vingt ans, malgré l’indéniable harmonie entre les interprètes, malgré son talent prometteur, Andris Nelsons ne parvient pas à désépaissir le trait d’un enregistrement boursouflé.


Le site de Daniel Barenboim
Le site de Yundi


Gilles d’Heyres

 

 

 

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