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04/04/2011
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n° 2, opus 18 – Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43

Yuja Wang (piano), Mahler Chamber Orchestra, Claudio Abbado (direction)
Enregistré en public au Teatro Communale de Ferrara (avril 2010) – 56’20
Deutsche Grammophon 477 9308 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Serge Rachmaninov : Concertos pour piano et orchestre n° 2, opus 18, et n° 3, opus 30
Jorge Luis Prats (piano), Orquesta Filarmónica de la Ciudad de México, Enrique Bátiz (direction)
Enregistré dans la Sala Nezahualcóyotl de Mexico (1982 et 1983) – 74’01
Regis RRC 1270 (distribué par DistrArt) – Notice de présentation en anglais





Deux versions du Deuxième Concerto pour piano (1900) de Serge Rachmaninov sont le prétexte à une écoute comparée illustrant la grande variété des «manières de faire» (une pianiste chinoise, un soliste cubain) dans un répertoire peut-être plus redoutable encore sur le plan interprétatif – tant il peut rapidement sombrer dans la guimauve et la fadeur – que du point de vue de la technique pianistique, le monde musical ne manquant pas de prodiges. Après deux disques en solo un peu «verts» (lire ici), le prestigieux label jaune continue de promouvoir la jeune pianiste chinoise Yuja Wang (née en 1987), qui mène une belle carrière à la scène et bénéficie pour cette première gravure concertante d’un accompagnant de choix en la personne de Claudio Abbado. Est-ce suffisant pour faire un bon disque? En l’occurrence, oui... puisque, malgré un minutage pas franchement généreux, l’on tient ici un Rachmaninov équilibrant à merveille l’affect et l’airain. Dans le Deuxième Concerto, le troisième mouvement – davantage que le premier – trouve le ton juste: urgence sans débordement, vélocité sans précipitation, passion sans mièvrerie et, partout, souffle et élan. Yuja Wang offre surtout une belle romance dans l’Adagio sostenuto, bien aidée par le délicieux tapis orchestral qui valorise, par la multiplicité des nuances et la méticulosité des timbres, son toucher ferme et sensible à la fois. Un Rachmaninov sans coquetteries mais avec du cœur, en somme.


Cependant, le trésor de l’album se trouve ailleurs: dans une Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) d’anthologie, où la pianiste déploie des nuances d’une infinie variété. Comme en concert, on est séduit par «son tempérament volcanique et sa précision diabolique, son abattage et sa puissance, qui propulsent comme un tourbillon les premières variations». Mais si, passée l’entrée en matière, la scène pouvait la montrer plus irrégulière et moins également impliquée, la pianiste chinoise ne quitte pas les sommets dans ce disque qui restera comme une très grande version de l’Opus 43. La clef de cette réussite réside notamment dans un accompagnement orchestral proche du génial, presque déchaîné mais toujours maîtrisé... du grand art rhapsodique, du grand Abbado! Conformément à l’adage «jamais deux sans trois», c’est donc au troisième essai discographique que l’on perçoit enfin le potentiel artistique (et non plus seulement digital) de Yuja Wang.


Le pianiste cubain Jorge Luis Prats (né en 1956), premier grand prix du concours Long-Thibaud en 1977, connaît pour ainsi dire une deuxième carrière (lire ici). La remise sur le marché, par le label Regis, d’enregistrements datant du début des années 1980 – à la réputation flatteuse – retient donc l’attention. Mais la déception est de taille dans un Deuxième Concerto bodybuildé et mécanique, où un interprète aux moyens techniques exceptionnels (mais au toucher bien dur) ne semble animé que par le seul souci de casser la baraque. On peut aimer cette approche furieuse et très rock’n’roll du «Rach 2» – ce Rachmaninov «showman» et rythmé au possible. On entend pour notre part des musiciens qui roulent des mécaniques, parvenant à ôter toute tendresse au deuxième mouvement. Les passages les plus animés flirtent avec le grotesque (l’emphase des cymbales!), le spectaculaire accompagnement orchestral étant plus proche du cirque que de l’idée qu’on se fait de la musique de Rachmaninov. Il faut dire que la formation mexicaine est sans complexe mais également sans nuance ni finesse, et peut difficilement être comparée au Mahler Chamber Orchestra. Si le Troisième Concerto (1909) reste desservi par la rudesse de l’accompagnement orchestral ainsi que par une prise de son désagréablement métallique, il révèle davantage de richesse de toucher de la part d’un clavier qui possède les moyens techniques d’aborder une telle partition. S’il n’évite pas toujours les chutes de tension, l’humanité et la fêlure qui manquaient à l’Opus 18 donnent enfin du sens aux déchaînements digitaux et aux débordements mélodiques.


Le site de Yuja Wang
Le site de l’Orchestre de chambre Mahler


Gilles d’Heyres

 

 

 

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