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04/01/2011
Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses – Sonate en si mineur

François-Frédéric Guy (piano)
Enregistré à L’Heure bleue, La Chaux-de-Fonds (8-11 novembre 2010) – 130’
Double album Zig-Zag Territoires ZZT110301 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais





Décidemment, le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt (1811-1886) s’annonce, pianistiquement parlant, plus intéressant que les Chopin très inégaux dont 2010 nous a gratifiés. François-Frédéric Guy (né en 1969), dont on apprécie notamment le regard dans Beethoven (lire ici, ici ou ici), revient à Liszt pour un disque particulièrement soigné (à commencer par une présentation et un packaging impeccables) et assez original. Comme on s’en faisait encore récemment la remarque à l’occasion de la nouvelle gravure de Brigitte Engerer (Mirare) et de la reparution de celle de France Clidat (Decca), la discographie des Harmonies poétiques et religieuses (1845-1852) est – au-delà des inévitables «Funérailles» – en définitive assez pauvre. La version de François-Frédéric Guy doit donc être reçue avec enthousiasme. Si l’on n’y retrouve pas la puissance d’expression et la ferveur renversante de Brigitte Engerer dans les pièces les plus directement inspirées de la prière religieuse (l’«Ave Maria» tire vers l’immobilité, le «Pater Noster» passe sans marquer), on est touché par l’exaltation de l’interprète dans «Invocation» et par son enthousiasme dans le «Miserere».


En revanche, l’étirement des tempos rend le geste recueilli mais souvent dépourvu de fureur, comme dépassionné dans des «Funérailles» quasi péremptoires, poussif dans «Cantique d’amour», presqu’alangui dans une «Bénédiction de Dieu dans la solitude» de près de vingt minutes – soit cinq de plus que les versions les plus rapides (comme celles de Louis Kentner chez Vox, Roger Muraro chez Accord, ou France Clidat), plus lente encore que Claudio Arrau (Philips)... sans égaler toutefois les vingt-deux minutes de Kun-Woo Paik (Virgin). Osant un immense crescendo dans la première partie, cette «Bénédiction» intimide à défaut d’être pleinement convaincante, bien que le pianiste exalte le lyrisme éperdu de la seconde partie. «Pensée des morts» persiste dans cette voie de l’approfondissement du texte et du recueillement du langage, dans la lenteur d’un balancement qui réussit néanmoins à émouvoir à force de calme et de concentration.


Parvenir à étonner dans la Sonate en si mineur (1853) – sans sombrer dans le hors-sujet ou le ridicule – n’est pas le moindre des compliments qu’on puisse faire à François-Frédéric Guy, vu l’état de saturation d’un contexte discographique où l’on peut aisément se satisfaire de (en vrac) Vladimir Horowitz, Martha Argerich, Krystian Zimerman, Nicolas Economou, Claudio Arrau, Sviatoslav Richter ou Simon Barère. Malgré cette «concurrence» de taille, on apprécie à sa juste valeur la liberté du discours – parfois heurté, jamais routinier, toujours frais et éloquent – du pianiste français, dont les tempos bousculent et étonnent tout autant que dans le recueil des Harmonies. En plus de trente et une minutes, cette Sonate d’une grande mobilité pourra indisposer par la multiplication des séquences où l’apparente nonchalance du toucher contraste avec des «coups de patte» d’une vivacité jaillissante et où la retenue de certaines phrases paraîtrait presqu’affectée. L’interprète fait pourtant – honnêtement, intensément – son office de recréateur en s’emparant d’une partition dont il cherche à faire ressortir le caractère expressif, voire épique.


Le site de François-Frédéric Guy


Gilles d’Heyres

 

 

 

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