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02/26/2011
Franz Schubert : Sonates n° 20, D. 894, et n° 22, D. 959

Jean-Claude Pennetier (piano)
Enregistré à La Ferme de Villefavard (novembre 2009) – 91’01
Double album Mirare (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et allemand







Franz Schubert : Sonates n° 15, D. 664, et n° 16, D. 784 – Impromptus, D. 899
Vanessa Wagner (piano)
Enregistré au Théâtre-Auditorium de Poitiers (juin 2010) – 75’52
Aparté AP008 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais







Franz Schubert : Sonate n° 22, D. 959
Robert Schumann : Faschingsschwank aus Wien, opus 26

Hisako Kawamura (piano)
Enregistré à Wesel (15-16 mars 2003) – 65’15
Audite 92.512 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en anglais et en allemand







Point d’anniversaire Franz Schubert (1797-1828) en vue, ce qui n’empêche pas les enregistrements de fleurir et ces trois disques de faire leur apparition (ou leur réapparition). Du jeu de la confrontation, Jean-Claude Pennetier (né en 1942) tire aisément son épingle face à deux solistes plus jeunes dans leur parcours comme dans leur art. Cela fait d’ailleurs longtemps (lire ici et ici) que l’on connaît les affinités de Pennetier avec Schubert. Dans l’Avant-dernière sonate (1828), le jeu possède l’autorité de la maturité. Articulé autour d’un plan patiemment construit (même si certains notes de l’Allegro et du Scherzo paraissent exagérément bousculées), il offre une lecture assez originale de la partition. Sans l’évidence des interprétations les plus exceptionnelles du D. 959 (Brendel, Serkin, Uchida, Kovacevich, Lupu...), on a plaisir à entendre ce toucher alerte et toujours maîtrisé, qui manque peut-être de fluidité (dans un empesé Rondo notamment) et ne fait qu’entrouvrir la fenêtre donnant sur les affres de l’émotion dans l’Andantino, mais qui – toujours – raconte une histoire: un Wanderer–conteur, un Schubert narratif en somme. Comme en concert, la Sonate «Fantaisie» (1826) paraît, sous les doigts de Jean-Claude Pennetier, toujours autant mériter son sous-titre, «les errances du Wanderer n’en [étant] pas moins construites, avec un minutieux dosage des dynamiques et une parfaite maîtrise des progressions» dans le monumental Molto moderato e cantabile introductif. On est surtout charmé par la grâce des deux derniers mouvements, où Jean-Claude Pennetier paraît réinventer la rythmique schubertienne, au prix peut-être d’une excessive dureté de frappe dans le Menuetto , au bénéfice de la souplesse et de la puissance narrative de l’Allegretto conclusif.


Trente ans d’existence séparent Jean-Claude Pennetier de Vanessa Wagner (née en 1973): est-ce le temps que prendra, pour la pianiste française, la maturation d’un Schubert aujourd’hui trop vert? Celle qui regarde Alfred Brendel comme une référence («...un de mes tout premiers souvenirs musicaux est d’avoir souvent entendu résonner dans ma maison natale les Impromptus D. 899 interprétés par Alfred Brendel») doit encore éprouver son Schubert aux épreuves de la vie. Si Vanessa Wagner trouve les mots justes, dans la notice, pour décrire le «sentiment d’apesanteur, de grâce immatérielle, contemplative... tels les langueurs descriptives et le temps éthéré, comme suspendu, des romans de Julien Gracq», elle ne parvient pas tout à fait à les traduire en musique. Ce disque au minutage généreux présente ainsi des Impromptus (1827) inégaux, où la pulsation des notes manque de mystère. Si Vanessa Wagner trouve le ton juste dans les Impromptus en sol bémol et en la bémol – dans lesquels s’expriment de grandes qualités d’élocution pianistique et un cantabile grave, calme et éloquent –, l’Impromptu en ut mineur heurte à l’excès (par sa frappe virile et sa puissance trop anguleuse) pour distiller l’émotion pudique qu’une Mitsuko Uchida a pu révéler dans ces pages. Quant à l’Impromptu en mi bémol, il «coule» avec une belle assurance, un peu brutal dans sa partie centrale tout en force et en rythme, sans délicatesse mais avec panache. Dans la rare Sonate en la (1819), on apprécie la simplicité de toucher et la franchise sonore, mais l’on regrette que Vanessa Wagner ne parvienne pas à dessiner suffisamment d’arrière-plans poétiques (à la manière d’un Radu Lupu par exemple). Enfin, la sonore Sonate en la mineur (1823) est marquée de trop de violence et de sécheresse, l’interprète faisant tonner les basses dans l’Andante et ne trouvant pas toutes les clefs de l’Allegro giusto (...un mouvement qui permet comme peu d’autres de révéler les schubertiens authentiques).


Signalons enfin qu’Audite réédite un disque de la pianiste japonaise Hisako Kawamura (née en 1981) paru en 2003. On se demande bien pourquoi: ce Schubert sans épaisseur méritait-il vraiment le privilège d’une reparution? Les notes sont certes bien en place dans l’Avant-dernière sonate (1828) mais il ne se passe, pour ainsi dire, pas grand-chose... et ce, presque trois quarts d’heure durant. Seul le Rondo parvient à donner l’impression que la pianiste nourrit une vision personnelle de Schubert, au-delà d’un jeu propret baignant dans l’indifférence. Un peu consterné par ce gâchis de moyens, on se dit, du coup, que l’explication à la remise de ce disque sur le marché doit tenir au Carnaval de Vienne (1839) de Robert Schumann (1810-1856) qui complète l’album. On y trouve certes une construction plus manifeste et une frappe assez riche, mais la personnalité pianistique ne convainc pas davantage.


Le site de Vanessa Wagner
Le site de Hisako Kawamura


Gilles d’Heyres

 

 

 

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