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02/06/2011
Giuliano d’Angiolini : Simmetrie di ritorno (*) – Ita vita zita rita (extrait) – Orizzonte fisso, bordoni mobili – Und’ho d’andà – Ho visto un incidente – Notturno in progressione

Barbara Morihien (voix), Quatuor Parisii, Monique Bouvet (piano), Ensemble 2e2m, Pierre Roullier, Franck Ollu (*) (direction)
Enregistré en 1991, 1995 et 1997 (Auditorium du Conservatoire de Gennevilliers), 2000 (Maison de Radio France de Strasbourg), 2004 (Auditorium Antonin Artaud d’Ivry-sur-Seine) – 64’11
Edition RZ 10020 (distribué par Metamkine) – Notice en allemand et anglais





Curieuse pochette de disque. D’un bleu ciel et comportant des indications couleur argent, elle est totalement illisible. La musique l’est-elle aussi ? En fait, les pages qui y sont gravées, de Giuliano d’Angiolini, compositeur et ethnomusicologue italien né à Rome en 1960, formé au conservatoire de la capitale italienne mais installé à Paris, plongent leurs racines assez étrangement dans la musique du Moyen Age ou les musiques de tradition orale comme dans la philosophie zen, la simplicité et la renonciation à tout développement étant la marque de fabrique du compositeur, au style rappelant incontestablement l’Arte povera.


La première des pièces, toutes conçues pour petits effectifs, est ainsi construite pour dix instruments, à partir de blocs de sons assez identifiables, comme détachés de la Messe de Tournai. L’effet de Simmetrie di ritorno est assez étrange, mais cela s’écoute sans déplaisir. Il n’en est pas toujours de même pour les pièces suivantes. Gérard Pesson, naturellement sensible à l’esthétique de Giuliano d’Angiolini, indique dans la notice, dans un texte malheureusement non reproduit en français, que l’on peut en abandonner l’écoute pour la reprendre. Effectivement, mais parfois sans avoir l’impression d’avoir manqué quelque chose... Il y a des silences qui paraissent ainsi aussi vides que des bribes de sons placés là de façon caricaturale, par hasard. C’est surtout frappant, et lassant, dans la pièce étique suivante, Ita vita zita rita, pour piano amplifié, à la lenteur insupportable. Le travail sur le son présent rend l’écoute de l’ensemble sans signification véritable. On finit par se féliciter qu’il ne s’agisse que d’un extrait.


L’Orizzonte fisso, pièce pour flûte, trompette, trombone, saxophone, accordéon et trio à cordes commandée par l’Etat mais dédiée au compositeur lui-même, a ensuite pour toile de fond sonore des enregistrements de trafic automobile, captés au bord de quelque rocade sans doute, les touches instrumentales, faisant penser à la palette pourtant autrement plus dense de Salvatore Sciarrino, s’imposant progressivement avec des sons évoquant plus des sirènes de bateau noyées dans un brouillard hivernal qu’un ciel bleu comme la pochette.


Und’ho d’andà, écrit pour neuf cuivres est plus intéressant. Il s’agit d’une sorte de ballade, assez belle. S’il n’y a toujours aucun développement, une tension, nullement suffocante, se fait jour malgré le minimalisme de la conception globale. On croit même déceler dans la pièce des clins d’œil non dénués de finesse voire d’humour, traits au demeurant fort bien lancés par l’Ensemble 2e2m. Ce niveau d’interprétation n’est cependant pas constant sur l’ensemble du disque. Dans la pièce en effet qui suit, Ho visto un incidente, sur des poèmes de Sandro Penna, Barbara Morihien, murmure vraiment dans le micro un mauvais italien – doubles consonnes ignorées et accent tonique quasiment systématiquement à côté – sa voix, très incertaine, étant en outre comme étouffée par la prise de son. On retrouve une belle réalisation en revanche avec Notturno in progressione, pour quatuor à cordes, avec le Quatuor Parisii. La densité instrumentale est plus importante même si le rythme, celui de la respiration au fond, est encore une fois le même. Les froissements, murmures et glissandos, aléatoires, comme l’absence totale de vibrato donnent à cette pièce radicale des couleurs pauvres qui ne veulent surtout rien exprimer mais qui finissent par être les traces d’une recherche ascétique d’une sorte d’état de nature primitif.


Illisible ? Pas vraiment, mais curieux, comme la pochette du disque.


Stéphane Guy

 

 

 

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