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01/14/2011
«Lustige Feld-Music»
Johann Fischer : Suite en la mineur pour deux hautbois, taille, basson et basse continue
Johann Michael Müller : Sonate en sol mineur pour hautbois solo, deux hautbois, taille, basson et basse continue – Sonate en fa majeur pour hautbois solo, deux hautbois, taille, basson et basse continue
Georg Philipp Telemann : Partie en do mineur pour deux hautbois, taille, basson et basse continue
Johann Friedrich Fasch : Concerto en sol majeur pour deux hautbois de chasse, deux altos, deux bassons et basse continue
Christoph Förster : Concerto en sol majeur pour trois hautbois et deux bassons

Lingua Franca, Benoît Laurent (hautbois et direction)
Enregistré en l’église Saint-Jean l’Evangéliste de Beaufays (octobre 2009) – 55’36
Ricercar RIC 304 – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Jérôme Lejeune





La chalemie est le plus ancien instrument à anche double connu: il servit de base au modèle actuel que nous connaissons du hautbois, notamment en France sous l’influence de Jacques-Martin Hotteterre (1674-1763) ; ce dernier, compositeur prolifique, musicien accompli (il fut employé comme hautboïste dans la Grande Ecurie à compter de l’année 1705) mais aussi héritier d’une longue lignée de facteurs d’instruments, conduisit l’instrument à se doter d’un pavillon moins élargi que par le passé, à adopter une perce plus fine et à bénéficier ainsi d’une tessiture plus aiguë, le registre grave voire médium étant définitivement récupéré par le basson. Quant à ce dernier, appelé donc basson (la France ayant, là aussi, servi de terrain d’élection pour le développement et la modernisation de cet instrument) ou fagott Outre-Rhin, il adopte rapidement son apparence actuelle, à savoir un instrument à double perce qui trouve sa tonalité naturelle dans le registre grave. Le présent disque nous permet, sous la houlette enthousiaste du hautboïste Benoît Laurent, de découvrir l’usage que plusieurs compositeurs allemands ont fait de ces deux instruments.


On connaît déjà depuis longtemps certaines œuvres que Georg Philipp Telemann (1681-1767) et Johann Friedrich Fasch (1688-1758) ont pu composer à leur attention. Qu’il s’agisse par exemple de la très belle Ouverture FWV K:g3, dont on écoutera avec intérêt l’enregistrement en première mondiale réalisé par l’Orchestre de chambre de Bâle (voir ici), de la non moins intéressante Ouverture en sol mineur FWV K:g2 ou du Concerto en ré majeur FWV L :D14 (on achètera là les magnifiques interprétations données par l’English Concert chez Archiv) où l’on compte notamment parmi les solistes pas moins de trois hautbois et un basson, Fasch a été un utilisateur constant des instruments à anche double. Il en va de même pour Telemann qui leur a dédié plusieurs concertos (entre autres, le fameux Concerto pour trois hautbois en si bémol majeur) ou qui les fait intervenir au sein de Suites et Airs multiples. Les œuvres présentées ici frappent par leur relative sécheresse, les hautbois et bassons n’étant, en effet, accompagnés que par quelques rares instrumentistes qui se limitent en réalité à faire office de basse continue. La beauté des timbres, leur diversité, leur agencement, l’alternance entre moments de gravité (Prélude) et de foisonnement sonore («Aria 1» et «Aria 2» notamment) attirent l’attention chez Telemann; plus immédiatement séduisant, on s’arrêtera sur le très beau concerto de Fasch où brillent deux hautbois de chasse (oboe da caccia), instruments aux douces sonorités auxquels recourait fréquemment Johann Sebastian Bach.


D’un plus grand intérêt musicologique est le bref tour d’horizon de la musique allemande pour instruments à anche double auquel Benoît Laurent et ses comparses nous invitent ensuite. Le choix est heureux puisque les noms de Johann Fischer (1646-1716), Johann Michael Müller (1683-1743) et Christoph Förster (1693-1748) demeurent encore très largement méconnus. Le premier, qui ne doit pas être confondu avec Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746), compositeur qui s’est principalement fait remarquer dans le répertoire pour clavecin, bénéficie d’un tant soit peu de notoriété pour avoir été le copiste de Jean-Baptiste Lully (1632-1687). Johann Michael Müller, dont on ne connaît que quelques sonates, a laissé peu de souvenirs, à l’inverse du néanmoins très discret Christoph Förster qui, lui, a composé un certain nombre de concertos pour le hautbois et pour le cor. Les Suites et Sonates qu’il nous est donc ici donné d’entendre ne forcent pas l’admiration par leurs trouvailles stylistiques mais plutôt par le rapprochement de timbres qu’on n’a pas l’habitude d’entendre: ainsi, quelle étrange impression que celle de l’écoute de l’Allegro de la Sonate en fa majeur de Müller, où le son s’estompe en vagues, au demeurant fort peu séduisantes...


Pour les amoureux musique enjôleuse, ce disque peut décevoir, l’oreille étant bien plus facilement charmée par les concertos de Telemann ou de Heinichen, compositeurs au surplus d’une autre trempe; pour ceux qui souhaitent approfondir un goût d’ores et déjà acquis ou des connaissances musicologiques dès à présent solides, il s’agit d’un achat dont l’évidence couronne une réalisation tout à fait remarquable.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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