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01/02/2011
«France Clidat. Liszt, l’œuvre pour piano»
Franz Liszt : Années de pèlerinage – Venezia e Napoli – Lyon (extrait de l’Album d’un voyageur, Livre I «Impressions et poésies») – Harmonies poétiques et religieuses – Douze Etudes d’exécution transcendante – Sonate en si mineur – Deux Légendes – Six Consolations – Deux Ballades – Les dix-neuf Rhapsodies hongroises – Rhapsodie espagnole – Quatre Méphisto-Valses – Méphisto-Polka – Mazurka brillante – Quatre Valses oubliées – Caprice-Valse n° 1, «Valse de bravoure» – Valse mélancolique – Deux Polonaises – Marche solennelle de Goethe – Czardas macabre – Czardas (allegro) – Czardas obstiné – Scherzo et Marche – Galop chromatique en mi bémol majeur – Galop en la mineur – Feuille d’album en forme de valse – Feuille d’album (en la mineur) – Valse-Impromptu – Deux Etudes de concert – Ab Irato, grande étude de perfectionnement – Grandes Etudes de Paganini – Trois Etudes de concert (Caprices Poétiques) – Grosses Konzertsolo – Trois Nocturnes («Liebesträume») – Berceuse – Allegro de bravoure – Rondo fantastique sur un thème espagnol «El Contrabandista» – Glanes de Woronince – Sept Portraits historiques hongrois – Cinq Ungarische Volkslieder – Puszta-Wehmut – «Zum Andenken» (Ungarische Werbungstänze) – Weihnachtsbaum – Nuages gris – La lugubre gondola, I et II – Richard Wagner-Venezia – Trauervorspiel – Abschied. Russisches Volkslied – Scherzo en sol mineur – Deux Apparitions – Impromptu – Cinq Klavierstücke – Deux Elégies – Toccata – Carrousel de Madame Pelet-Narbonne – Romance oubliée – Schlaflos, Frage und Antwort – Andacht – En rêve. Nocturne – Unstern!-Sinistre

France Clidat (piano)
Enregistré en l’église Notre-Dame du Liban, Paris (1968-1973) – 995’
Coffret de quatorze disques Decca 476 4035 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français et en anglais





Publiée chez Vega en l’espace de six ans à partir de la fin des années 1960, progressivement tombée dans l’oubli, devenue introuvable et inexploitable (pour des motifs de droits comme de localisation des masters d’origine), rééditée à présent par Decca au terme d’une rocambolesque «chasse au trésor», restaurée et numérisée (de belle manière) par les Studio de Circé et Art et Son à Paris, cette «intégrale» de la musique pour piano solo de Franz Liszt – qui n’est en réalité qu’un aperçu généreux d’un catalogue riche de plus de sept cents œuvres («pas une succession “documentaire” de tout ce qui existe, mais l’ensemble des œuvres répondant à deux critères simples: pas de paraphrase, ni de transcription, même si l’original est de Liszt, et seulement la version définitive de chaque œuvre», explique l’interprète dans la pochette) – possède au moins trois atouts. D’abord, rétablir le nom de la pianiste France Clidat (née en 1938) parmi les grands lisztiens. Ensuite, lancer en fanfare la célébration discographique du bicentenaire de la naissance du compositeur hongrois (1811-1886), dont l’œuvre est fort intelligemment présentée par Michel Le Naour dans la notice du coffret. Et finalement révéler tout à la fois l’évolution du style de Liszt et son unité profonde, en réunissant tubes très fréquentés et chefs d’œuvre plus rares. Nombreux, en effet, sont ceux qui découvriront ici des morceaux aussi attachants que le mouvement de caractère hongrois Zum Andenken (1828), les Apparitions (1834), les Glanes de Woronince (1848), le Grand solo de concert (1850) ou encore les sculpturales pièces tardives: Recueillement (1877), Insomnie, Question et Réponse (1883), En Rêve (1885), la testamentaire Etoile du malheur!...


D’une indéniable hauteur de vue, le jeu de France Clidat se caractérise par la mobilité et la puissance d’exécution: des qualités qui conviennent bien aux grands cycles de la production lisztienne, ceux-là même qui révèlent les interprètes authentiques du compositeur de Doborján. Ainsi des Années de pèlerinage (1848-1877) – livrées avec sève et sans traîner – comme des Harmonies poétiques et religieuses (1845-1852) – plus poétiques que religieuses (l’exact opposé du récent enregistrement de Brigitte Engerer en somme) mais toujours parfaitement cohérentes. Un jeu souvent «viril», qui dégage une force intimidante plus spécialement en phase avec la Troisième année de pèlerinage (1867-1877) et avec les œuvres ultimes.


Cette approche tout en énergie et en mouvement peut, par moments, sembler brutale voire tapageuse – avec une bien nerveuse Sonate (1853) – et finalement perdre en finesse par la faute d’un geste excessivement tranchant. Bousculant les tempos – comme dans trois Rêves d’amour (1850) à la pulsation enflammée –, le piano de France Clidat est pourtant pourvu de la qualité la plus précieuse: le sens de la narration. S’y ajoute une gourmandise du son – dans Venezia e Napoli (1860) notamment – qui éloigne ce piano très sonore des voies de l’ascèse ou du recueillement. Cela explique que certaines pièces paraissent quelque peu inexpressives – à l’image de Caprices (1848) caressés d’une frappe trop légère (qui sonne de façon bien creuse dans «Un sospiro») – ou que les instants de douce prière (qui inonde néanmoins la Troisième Consolation de 1850) soient des moments trop rares.


Bref, on n’adhèrera peut-être pas au style de cette interprétation très libre, à ce discours à fleur de peau où les fulgurances sont nombreuses, mais on ne pourra reprocher à France Clidat de n’avoir rien à dire! Ni manquer d’être emballé par le swing d’un Liszt tout en rythme, qui scintille de mille feux – telles ces Méphisto-Valses (1859-1885) baignées de lumière (pas noires pour un sou) – ... au détriment de la tenue (les Czardas et les Valses oubliées , composés entre 1881 et 1884, apparaissent assez anonymes), du magnétisme (les Etudes d’exécution transcendante de 1851 semblent comme maîtrisées mais pas transcendées, manquant de grâce comme de vertige) ou du charme (les dix-neuf Rhapsodies hongroises sont coquines mais timides, légères mais lassantes). Il est pourtant difficile de reprocher à une pianiste trentenaire et pionnière – attelée à l’enregistrement d’une anthologie de près de dix-sept heures – de ne pas dominer l’ensemble d’un répertoire qui s’approfondit à l’échelle de la vie. Le bilan d’ensemble – ainsi que le prix très doux du coffret – font déjà de cette publication l’un des must de l’année Liszt 2011.


Le site de France Clidat
La page Facebook de l’album


Gilles d’Heyres

 

 

 

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