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11/02/2010
Georges Bizet : Symphonie en ut majeur – Petite suite d’orchestre (Jeux d’enfants), opus 22 – Roma, Suite pour orchestre n° 3

Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)
Enregistré à la Salle Pleyel, Paris (18-19 novembre en public [Symphonie, Petite suite] et 20-21 novembre 2009) – 75’54
Virgin Classics 50999 62861304 – Notice trilingue (français, anglais, allemand) de Claire Delamarche





Alors qu’il n’avait pas encore officiellement pris ses fonctions à la tête de l’Orchestre de Paris, Paavo Järvi l’avait dirigé lors d’un concert donné le 18 novembre 2009 (et, de nouveau, le lendemain) à la Salle Pleyel, en partie consacré à la musique de Georges Bizet (1838-1875), compositeur français emblématique s’il en est! Le présent disque permet donc de réécouter ou de découvrir cette seconde partie du programme, la première ayant vu Janine Jansen interpréter le Concerto pour violon de Beethoven.


On ne se lasse pas d’écouter la Symphonie en ut majeur. Chef-d’œuvre composé par un tout jeune homme de dix-sept ans, elle faillit bien ne jamais reparaître au grand jour, perdue qu’elle était parmi un lot de manuscrits jadis donnés par Bizet à Reynaldo Hahn. Redécouverte en 1933 par Jean Chantavoine (1877-1952), ancien secrétaire général du Conservatoire supérieur de musique de Paris, elle fut finalement créée officiellement à la fin du mois de février 1935 sous la baguette de Weingartner lors d’un concert donné à Bâle. L’Orchestre de Paris est sans aucun doute excellent: précision des attaques, légèreté des cordes, beauté des bois (notamment le hautbois dans le magnifique Adagio relayé par une clarinette tout aussi séduisante)... mais, la plupart du temps, quel ennui! Le discours instauré par Paavo Järvi s’avère trop lisse, notamment dans un premier mouvement (Allegro vivo) qui, pris très rapidement, tient avant tout de la démonstration orchestrale et tourne quelque peu à vide. Si le deuxième mouvement manque singulièrement de profondeur, on sera plus convaincu en revanche par le dernier mouvement (Allegro vivace), qui, bien que là encore pris à très vive allure, explose davantage en couleurs: enfin! Autant dire que, pour retrouver les effusions et le lyrisme, on retournera sans hésitation chez Seiji Ozawa (à la tête de l’Orchestre national de France) ou Sir Thomas Beecham (tous deux chez EMI).


La Petite suite d’orchestre fut originellement composée par Bizet pour piano à quatre mains, sous le titre Jeux d’enfants: il en adapta peu après cinq pièces, créées sous la baguette d’Edouard Colonne (1838-1910) en mars 1873. Là encore, la déception est patente. L’orchestre n’est pas davantage en cause, passant sans difficulté de la martiale «Marche (Trompette et tambour)» à la délicieuse «Berceuse (La Poupée)», les instrumentistes se montrant tout aussi virtuoses qu’ils ont pu l’être dans l’œuvre précédente («Le Bal (Galop)»). Mais l’on regrette de nouveau une version bien neutre où les enchaînements se font de manière trop mécanique, voire routinière: Seiji Ozawa, François-Xavier Roth ou Jean Martinon sont ô combien plus inspirés.


Plus intéressante en revanche, ne serait-ce que pour la rareté de l’enregistrement de la pièce, est la Suite pour orchestre «Roma». Considérée comme la Seconde symphonie voire la Symphonie italiennede Bizet, cette œuvre trouve sa genèse dans le séjour que fait Bizet à la Villa Médicis de 1858 à juillet 1860, après avoir remporté le Prix de Rome avec sa cantate Clovis et Clotilde. Comme il l’écrit à sa mère en 1860, «Venise sera mon andante; Rome mon premier morceau; Florence, mon scherzo et Naples, mon finale». Alors que Bizet avait donné un nom spécifique à chaque mouvement (le premier devait par exemple s’appeler «Une chasse dans la forêt d’Ostie»), il y renonça par la suite après avoir modifié la partition à plusieurs reprises (notamment le troisième mouvement). La Suite fut finalement créée en 1880, là aussi à titre posthume. L’Orchestre de Paris est excellent: les sonorités somptueuses des cors au début du premier mouvement (Andante tranquillo – Allegro agitato) permettent ainsi à l’ensemble des musiciens de développer par la suite une très belle masse sonore qui, dans les emportements de cordes, n’est pas sans rappeler Tchaïkovski (la Première symphonie «Rêves d’hiver» notamment). C’est plutôt ensuite Casse-noisette qui saute à l’esprit lorsque vient le deuxième mouvement: le jeu entre les cordes et les bois, agrémenté de quelques coups de timbales, plonge l’auditeur dans une atmosphère féerique et festive à la fois. Après un très beau troisième mouvement, Paavo Järvi engage l’Orchestre de Paris dans un tourbillon musical tout en finesse et en espièglerie. Là réside sans doute la vraie réussite de ce disque qui, si l’on souhaite avoir un couplage équivalent, doit néanmoins s’effacer devant les chefs cités précédemment et, notamment, Michel Plasson avec son orchestre du Capitole de Toulouse (EMI, 1994).


Sébastien Gauthier

 

 

 

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