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10/19/2010
Elliott Carter : Caténaires – Intermittences
Bruno Mantovani : Suonare
Pierre Boulez : Notations
Martin Matalon : Dos formas del tiempo
André Boucourechliev : Six études d’après Piranèse

Florence Cioccolani (piano)
Enregistré au Théâtre d’Orléans (24 au 26 avril 2009) – 64’36
Sisyphe 017 (distribué par Abeille musique) – Notice en français et anglais





C’est à Orléans que Florence Cioccolani a enregistré en 2009 cette série de pièces contemporaines, là où la pianiste née en 1981, avait obtenu un an plus tôt (voir ici) une série de prix au concours international bisannuel de piano de la ville organisé depuis 1994 par Françoise Thinat, laquelle présente d’ailleurs le projet du disque sous l’intitulé proustien «Le Temps recréé» dans une notice bien construite et détaillée mais agrémentée d’une reproduction sans intérêt d’une partition d’André Boucourechliev ressemblant plus à un circuit imprimé ou des encres d’Henri Michaux qu’à une estampe de Piranèse dont la pièce s’inspire pourtant.


La pianiste témoigne d’un bel engagement dans toutes les pièces enregistrées. Le ton est d’ailleurs donné dès Caténaires (2006) d’Elliott Carter, sorte de toccata de près de quatre minutes, assez ligetienne, aussi rapide que jubilatoire. Suonare, qui suit, est une pièce récente de la même année mais beaucoup plus longue (dix-huit minutes) de Bruno Mantovani. La pianiste l’interprète avec un réel tempérament dès le cliquetis initial dans la partie haute du clavier, très sollicité, presque debussyste par moments et troublé par des effets de résonance dans la partie basse, avant que ne fusent en tout sens des éclats colorés. Même engagement, même puissance, dans les célèbres Notations (1945, révision en 1985) de Pierre Boulez, mais l’interprète manifeste là un goût certain pour l’abstraction. Dans Dos formas del tiempo (2000) de l’Argentin, mais installé en France, Martin Matalon (né en 1958), autre toccata, assez redoutable, elle démontre encore une fois une virtuosité impressionnante, les Intermittences (2005) d’Elliott Carter, assez schumanniennes dans leurs contrastes et leurs inconstances, étant une occasion de prendre quelque repos avant le déferlement sonore final. En effet, les Six études d’après Piranèse (1975) d’André Boucourechliev (1925-1997), inspirées des Prisons imaginaires du grand chalcographe italien, sont proprement terrifiantes, la pédale de résonance paraissant bloquée à fond tandis que l’interprète martyrise les touches. L’œuvre est ouverte, jouée dans l’ordre choisi par le pianiste, mais traite de l’enfermement. Florence Cioccolani nous emmène dans des salles gigantesques, le malheur suintant de murs sinistres, avant de laisser, comme exsangue, se balancer les poulies du désespoir.


Un beau disque, intelligent et très travaillé.


Le site du concours de piano d’Orléans


Stéphane Guy

 

 

 

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