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10/04/2010
Déodat de Séverac : Le Cœur du moulin
Jean-Sébastien Bou (Jacques), Sophie Marin-Degor (Marie), Pierre-Yves Pruvot (Le meunier), Marie-Thérèse Keller (La mère), Sabine Revault d’Allonnes (Louison, Le hibou, La fée du blé), Christophe Berry (Pierre, Le vieux mendiant), Anna Destraël (La fée des rondes), Frédéric Bourreau (Le vieux Noël), Yvan Sautejeau (Un vendangeur), Chœur et Maîtrise de l’Opéra de Tours, Emmanuel Trenque (chef des chœurs), Orchestre symphonique Région Centre – Tours, Jean-Yves Ossonce (direction)
Enregistré à l’Espace André Malraux, Joué-les-Tours (septembre 2009) – 75’30
Timpani 1C1176 (distribué par Naïve)





Fondé il y a vingt ans, Timpani continue à ravir les amoureux de la musique française qui découvrent grâce à lui un répertoire honteusement négligé, au disque comme sur scène. Après Le Pays de Ropartz (2C2065), Polyphème de Cras (3C3078) et Sophie Arnould de Pierné (1C1124), le label enrichit son catalogue avec un autre opéra oublié. Avant tout connu grâce à ses œuvres pour piano ancrées dans le terroir du midi, Déodat de Séverac (1872-1921) a écrit pour le théâtre, notamment Héliogabale, tragédie lyrique requérant des moyens considérables, Le Roi Pinard, opéra-bouffe incomplet, Antibel, drame lyrique dont seul le titre est connu, et ce Cœur du moulin (1901-1908), seul «vrai» opéra achevé quoique maintes fois remanié. Découpé en deux actes et de durée moyenne (une heure et quart), l’ouvrage s’inscrit dans le naturalisme, courant littéraire mais également musical riche en symboles liés à la nature – le moulin mais aussi le puits, les végétaux (vignes, fleurs et blé) et les animaux (le hibou) possèdent ainsi une âme. Dans un tel contexte campagnard, pas de tragédie sanguinolente ou de complexes intrigues politiques mais un argument d’une simplicité linéaire. Après une longue absence, Jacques revient dans son village du Lauragais et retrouve Marie. Leur amour ne s’est pas dilué – ils envisagent de fuir – mais celle-ci s’est récemment mariée avec Pierre. Avec sagesse, le vieux meunier prie Jacques de quitter l’endroit et, de ce fait, sa mère et la femme de sa vie afin de préserver le bonheur de son foyer.


Le livret de Maurice Magre (1877-1941) fit à l’époque l’objet de réserves, du reste justifiées, en particulier quant à son envergure dramatique limitée, au contraire de la musique qui épouse à merveille le propos («aucune mollesse d’accent, aucun verbiage inutile, mais une grâce, une verve et souvent une force véritables», écrivit Fauré). Malgré ses évidentes qualités, l’ouvrage, créé seulement à l’Opéra-Comique en 1909 grâce aux efforts de Messager pour le défendre auprès de personnes influentes, disparaît de la scène après une reprise à Toulouse en 1913. L’écriture, à la fois évocatrice, délicate et directe, rappelle Pelléas et Mélisande, exactement contemporain. Les analystes parleront d’influence, surtout au niveau de l’orchestration, conçue avec goût, et du récitatif continu, mais celle-ci reste discrète, dans la mesure où la musique de Séverac, bien que poétique, présente un profil plus net et moins allusif. Le compositeur a saupoudré sa partition patiemment élaborée de motifs populaires, manifestes dans les danses du second acte. Cet agréable et attachant petit chef-d’œuvre bénéficie d’une exécution bien pensée : chanteurs au point et soignant la diction (Jean-Sébastien Bou, Pierre-Yves Pruvot dans le magnifique rôle du vieux meunier, Marie-Thérèse Keller et, surtout, Sophie Marin-Degor qui valorise un timbre de rêve), Maîtrise et Chœurs de l’Opéra de Tours remarquablement préparés et Orchestre symphonique Région Centre – Tours, dirigé par Jean-Yves Ossonce, exaltant avec conscience les vertus françaises de la partition. Cette publication majeure et soutenue par le décidément incontournable Centre de musique romantique française est agrémentée d’un texte de présentation exemplaire (en français et anglais) de Jacques Tchamkerten. Quelle institution lyrique osera désormais remonter ce Cœur du Moulin?


Sébastien Foucart

 

 

 

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