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09/15/2010
Johann Sebastian Bach : Johannes-Passion, BWV 245

Julian Prégardien (Evangéliste), Benoît Arnould (Christ, baryton), Dominik Wörner (Pierre, Pilate, baryton), Tanya Aspelmeier, Salomé Haller (sopranos), Julien Freymuth, Pascal Bertin (contre-ténors), Michael Feyfar, Philippe Froeliger (ténors), La Chapelle rhénane, Benoît Haller (direction)
Enregistré à Guebwiller (5-11 septembre 2008) – 115’37
Album de deux disques Zig Zag Territoires ZZT 100301.2 (distribué par Harmonia mundi)





Avec la «Chapelle rhénane» franco-allemande qu’il a fondée en 2001, Benoît Haller aborde les Passions de Bach: la belle Saint Matthieu entendue en concert à Saint-Roch au printemps dernier (voir ici) donnait envie de découvrir son enregistrement de la Saint Jean paru au même moment mais réalisé voici maintenant deux ans.


Dans son propos liminaire, Haller précise que parmi les quatre versions de l’œuvre s’échelonnant entre 1724 et 1747, décrites avec sa précision coutumière par Gilles Cantagrel dans la notice (en français et en anglais, augmentée du livret et de sa traduction), il a confectionné «sa» version, celle qui lui semble «la plus juste, la plus équilibrée, la plus parlante, la plus édifiante»: elle retient le chœur introductif «Herr, unser Herrscher» de 1724 puis l’intégralité de la version de 1725, qui offre trois airs généralement omis (deux pour ténor – le premier au détriment du fameux «Ach mein Sinn!» – et un pour basse avec chœur). Peu fourni, l’ensemble instrumental est toutefois augmenté d’un bassono grosso (contrebasson), tandis que le continuo de viole de gambe et de clavecin est généralement renforcé par l’orgue. Enfin, les solistes se répartissent les airs et les rôles et forment en même temps le chœur, l’objectif étant ainsi de favoriser «l’émergence d’une équipe soudée».


Au-delà des questions de texte et d’effectif, Haller affirme rechercher une «nouvelle manière de pratiquer cette musique», non pas par «une quelconque recherche de validité historique» mais par la «mise en valeur du mot», «l’émergence d’un réel phrasé», «la souplesse du tempo», «la mise à profit du phrasé», «l’énergie de l’expérimentation et une authentique émotion». Bien loin des conclusions musicologiques parfois péremptoires et prétentieuses de certains, c’est donc une vision qu’il propose, avec une certaine modestie, de la Passion selon saint Jean.


Le résultat convainc par sa grande lisibilité, jouant des dynamiques et phrasés sans la raideur de certaines interprétations «historiques». Se fondant sur la malléabilité d’un ensemble vocal de solistes, Haller s’inscrit tout à fait dans cet «opéra spirituel» qu’évoque Gilles Cantagrel à propos de la Saint Jean: une dramatisation sans excès, aussi bien dans les interventions du chœur («Bist du nicht seiner Jünger einer?») que dans les dialogues en récitatif entre Jésus, Pierre et Pilate ou même dans les chorals (tel «Christus, der uns selig macht» qui ouvre la seconde partie).


L’impression dominante est toutefois celle d’une conception cohérente, mais un peu terne et frêle, et manquant de hauteur de vue sans pour autant rechercher la séduction sonore. Cela vaut d’abord pour l’instrumentarium, comme ces flûtes asthmatiques («Ich folge dir gleichfalls») ou ces cors anglais franchement pénibles («Zerfliesse, mein Herze»). Mais cela vaut surtout pour les chanteurs, dont les timbres ne sont guère plaisants et qui ne semblent pas toujours à l’aise avec leur partie, à l’exception notable de Julian Prégardien (né en 1984), le fils de Christoph, Evangéliste certes jeune mais qui a effectivement de qui tenir.


Simon Corley

 

 

 

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