About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

08/25/2010
Frédéric Chopin : Sonates n° 2, opus 35, et n° 3, opus 58 – Etudes, opus 10 et opus 25 (#) – Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, n° 3, opus 51, et n° 4, opus 66 «Fantaisie-impromptu»

Janina Fialkowska (piano)
Enregistré au George Weston Recital Hall du Ford Center for the Performing Arts de Toronto (5 et 6 août 1997 [#] et juin 1999) – 127’45
Double album ATMA Classique ACD2 2554 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français et anglais





Chopin... encore et toujours. Ces enregistrements, captés en 1997 et 1999 (c’est-à-dire avant que la carrière de Janina Fialkowska ne soit interrompue en 2002 par une tumeur cancéreuse au bras gauche dont elle a heureusement pris le dessus en 2004) et qui reparaissent en 2010 – bicentenaire oblige –, sont une bonne affaire. Réunis sur un double album au minutage généreux (mais à la prise de son un peu asphyxiante), ils présentent des partitions majeures du compositeur polonais dans une interprétation qui est loin de laisser indifférent. Le principal défaut du Chopin de la pianiste d’origine montréalaise réside dans une frappe qui manque de souplesse, de moelleux et de tendresse et se révèle trop uniformément carrée. Son principal intérêt réside, à l’inverse, dans un geste radical reposant sur un jeu musclé et particulièrement tonique.


Riche en contrastes et en coups d’éclat, ce geste – dans les Vingt-quatre études notamment – paraît parfois excentrique, tant est manifeste la volonté d’étirer ou de raccourcir les tempos de sorte à bousculer les habitudes et contredire les traditions d’interprétation. Il est pourtant cohérent, même s’il ne manque pas d’étonner de la part d’une musicienne – née (en 1951) de mère canadienne et de père polonais, troisième prix du tout premier concours Arthur Rubinstein (en 1974) – pour qui ces partitions sont un répertoire de prédilection mais qui n’en offre aucunement une gravure orthodoxe. On a plutôt affaire à un Chopin iconoclaste, où beaucoup de choses sont tentées, explorées, testées. Ainsi des Impromptus, d’une intégrité implacable, éloignés de toute routine, qui semblent ne vouloir explorer que la face révolutionnaire du langage chopinien pour mettre au jour toutes les innovations harmoniques.


C’est la Deuxième sonate qui retient le plus l’attention. Conformément au regard que porte Janina Fialkowska sur cette œuvre qu’elle décrit dans la notice comme la «révélation [des] passions intimes et [des] angoisses hallucinatoires» de Chopin, la transcription «des délires morbides et des passions rebelles d’un homme de génie condamné à mort» qui se termine «dans l’ombre des ailes de chauve-souris, entre les doigts glaciaux de squelettes, au milieu de terreurs que les mots seuls ne sauraient traduire», elle développe une vision résolument noire de l’œuvre, remplie de fulgurances et forgée sur un étirement extrême des tempos (la lenteur traînante – peut-être exagérée – de la «Marche funèbre») et des nuances (le jusqueboutisme du Presto).


Sans faute de goût mais dessinée à partir d’une palette de jeu qui manque de variété, la Troisième sonate souffre, en revanche, d’un toucher dur et carré, produisant une sonorité plus ordinaire et finalement lassante. De manière générale, ce piano sec et court en résonnance pourra rebuter. Il ne constitue en aucun cas un premier choix; mais il engage l’auditeur dans une voie d’approfondissement de l’art chopinien qui est digne de respect, sinon d’intérêt.


Le site de Janina Fialkowska


Gilles d’Heyres

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com