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08/23/2010
Olivier Greif : Sonates pour piano n°2 (Suite pour piano), opus 6, n° 15 «de guerre», opus 54, et n°20 «Le Rêve du monde», opus 290 – Sonates pour violon et piano n°2, opus 17, et n°3 «Meeting of the waters», opus 70 – Petite cantate de chambre, opus 73 – Wiener Konzert, opus 40 – Bomben auf Engelland, opus 71 – Hommage à Paul Bowles, opus 297 et 298 – Les Trottoirs de Paris, opus 315
Evelyn Brunner, Catherine Dubosc, Nell Froger, Jo-Ann Pickens (soprano), Jean-Paul Fouchécourt, Howard Haskin (ténor), Ryo Noda (saxophone), Devy Erlih, Gottfried Schneider (violon), Olivier Greif, Henri Barda (piano)
Enregistré en France, Pologne et Suisse (1962-1997) – 155’47
INA mémoire vive IMV084 (distribué par Abeillemusique)








Les disques consacrés à Olivier Greif (1950-2000) se succèdent à l’occasion des dix ans de son décès soudain (voir ici et ici). De qualité sonore variable, ces archives présentées par l’INA rassemblent des enregistrements de concert et radiophoniques réalisés entre 1962 à 1997 et dans lesquels le compositeur interprète ses propres œuvres au piano. Il s’agit, entre autres, d’extraits d’un concert tenu à Varsovie en 1993 pour marquer son retour à la vie musicale suite à une longue retraite spirituelle et d’une émission de France Culture de 1978 qui lui a été entièrement consacrée.


A elles seules, deux sonates pour piano occupent une part importante du programme. La vaste Sonate de guerre (1965-1975), douloureuse et grave, saisit par ses thèmes forts et son intensité, une marque de fabrique du compositeur qui y témoigne, en outre, d’un indéniable sens du tragique et de la progression dramatique. Les digressions grotesques et parodiques évoquent Chostakovitch tandis que le motorisme de la Toccata incite à établir un rapprochement avec Prokofiev, sans qu’il soit permis de parler de pâle copie. Empruntant son titre à cette publication, la Sonate pour piano «Le Rêve du monde» (1993) se distingue, quant à elle, par un contenu profondément humaniste et de saisissants effets imagés («Wagon plombé pour Auschwitz» où son père fut d’ailleurs détenu). Le public, interdit, se tait longuement avant d’applaudir.


La guerre obsédait Greif comme le prouve, de nouveau, Bomben auf Engelland (1974-1976) conçu pour une nomenclature peu commune (soprano, piano et saxophone) et reprenant sur un ton ambigu – le double sens du titre – une chanson entonnée par les pilotes de la Luftwaffe avant de bombarder la Grande-Bretagne. Si cette pièce relève plutôt du cabaret, le Wiener Konzert (1974), pour soprano et piano, d’après le Lyrisches Intermezzo de Heine, s’inscrit dans l’esthétique de la Seconde Ecole de Vienne ; de l’ironie, sans doute, compte tenu de l’indépendance de son auteur qui y fait preuve d’une plume aussi sûre que inventive.


Egalement pour soprano, cette fois accompagnée par deux pianos, la Petite cantate de chambre (1977), sur le psaume L’Eternel est mon berger, exige de ses interprètes un formidable engagement ainsi qu’un sens de la coloration sombre. Les couleurs peuvent prendre une teinte (relativement) plus lumineuse comme dans Les Trottoirs de Paris (1996), partagés par une soprano et un ténor, bien que perce de l’inquiétude. Dans la même combinaison vocale, l’Hommage à Paul Bowles (1994) comporte une partie de piano s’aventurant, de nouveau, dans les graves.


Le mélomane sera bienveillant mais aussi surpris en écoutant la Suite pour piano (1961) exécutée «lors d’un concert consacré aux œuvres dédiées à Madame Lucette Descaves» comme le note le petit Olivier en 1962. Ce dernier réalise dans ces pages brèves, et dont le manuscrit est perdu, des effets (légèrement) déconcertants, expressifs (déjà !), comme dans «Tristesse», et descriptifs («Tourbillon»). Il obtiendra, quelques années plus tard, son premier prix de composition avec une Deuxième Sonate pour violon et piano (1967) classique de forme (quatre mouvements contrastés) mais pensée en profondeur, dense de propos et présentant un profil dynamique personnel. Il faut néanmoins s’accommoder d’une prise de son précaire qui laisse toutefois transparaitre l’engagement du compositeur et de son dédicataire Devy Erlih.


Evidemment moins académique mais plus puissante et violente, la Troisième Sonate pour violon et piano, intitulée The meeting of the waters (1976-1993), est, elle aussi, représentative de la musique de cette personnalité attachante qui, sans se positionner à l’avant-plan de la modernité, reste éloquente et sincère. Au départ jouée en comité restreint, elle semble s’ouvrir aujourd’hui à un plus large public. La notice, rédigée en français et anglais, comporte un texte de présentation de Brigitte François-Sappey, qui a bien connu le compositeur, mais pas les textes chantés.


Le site de l’Association Olivier Greif



Sébastien Foucart

 

 

 

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