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08/21/2010
Franz Schubert : Sonate n° 23, D. 960
Franz Liszt : Après une lecture de Dante, extrait des «Années de pèlerinage»
Elizabeth Herbin (piano)
Date et lieu d’enregistrement non précisés (enregistrement Radio France) – 39’00
GALLO CD-1312 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais, allemand et japonais
On peut déplorer que le label suisse VDE-GALLO nous offre un disque au minutage vraiment bref (moins de quarante minutes), enregistré sur un piano sans relief et dont la notice n’apprend rien sur les circonstances ni sur le moment et le lieu de la captation de ce récital de piano. Voilà qui a de quoi refroidir l’acquéreur potentiel de cet album. Et pourtant, Elizabeth Herbin, qui se présente comme une «disciple de Vlado Perlemuter au CNSM de Paris», qui s’est perfectionnée «auprès de Nikita Magaloff, Aldo Ciccolini, Konstanty Schmaehling», a des choses à dire.
Certes, la Sonate en si bémol majeur (1828) de Schubert expose quelques défauts: un toucher parfois un peu mou, une exécution pas toujours irréprochable, des doigts qui peuvent accrocher les touches. Mais l’interprétation vivante d’Elizabeth Herbin – aux animations soudaines qui prennent un relief inattendu (Molto moderato, Andante sostenuto) – vaut le détour. Auguste et digne, le mouvement lent émeut sincèrement avec ses petites notes doucement posées sur le clavier, presque inaudibles à force de délicatesse. On adhère moins à son approche enlevée et tonique du Scherzo et surtout de l’Allegro ma non troppo, qui apparaît précipité et exagérément badin.
On reste bouche bée, par contre, devant l’inspiration et l’intelligence d’Après une lecture de Dante (1858) de Liszt. Puissance et concentration, investissement total à la hauteur des moyens de l’interprète, hauteur de vue et geste tranchant... presque autant que le poème de Victor Hugo reproduit dans le livret («Quand le poète peint l’enfer, il peint sa vie»), donnant raison au commentaire de Wilhelm Kempff: «Elizabeth Herbin est un talent musical exceptionnel, son jeu est d’une grande et personnelle puissance d’expression».
Gilles d’Heyres
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