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08/15/2010
Gustav Mahler : Des Knaben Wundehorn: Rheinlegendchen, Ich ging mit Lust, Ablösung im Sommer, Wer hat dies Liedlein erdacht?, Zu Strassburg auf der Schanz, Das irdische Leben, Nicht wiedersehen, Wo die schönen Trompeten blasen et Urlicht – Lieder aus der Jugendzeit: Frühlingsmorgen et Phantasie – Lieder eines fahrenden Gesellen – Rückert-Lieder

Christian Gerhaher (baryton), Gerold Huber (piano)
Enregistré à la Hochschule für Musik de Munich (3-4 janvier et 13-14 avril 2009) – 75’52
Sony Classical 88697567732 – Notice de présentation en anglais et en allemand (texte des lieder traduit en anglais)





Et si le traitement de la voix au sein de l’univers mahlérien pouvait être réduit à celui du lied romantique, ramené à la tradition schubertienne et polarisé sur le chant au détriment de l’orchestration et des interactions multiples avec l’espace instrumental, qui fait pourtant le génie du Mahler de la maturité? Véritable pari artistique, l’option défendue par les interprètes de ce disque – pour composer un récital de lied, ces derniers ont isolé un dispositif mélodique (des œuvres de jeunesse, parfois) qui sera réutilisé dans les partitions de grande dimension – peine à convaincre. La faute, d’abord et avant tout, à un piano décoratif, qui sonne bien creux en regard de la production symphonique du compositeur autrichien.


La technique du pianiste Gerold Huber (né en 1969) n’est pas en cause – même si une frappe remplie de douceur n’occulte en rien un toucher plutôt anonyme –, ni bien sûr celle du baryton Christian Gerhaher (né en 1969 lui aussi), dont on a déjà salué les qualités de mahlérien (lire ici) tout en soulignant sa dimension plus naturellement chambriste (lire ici): quelle puissance et quel souffle dans Wer hat dies Liedlein erdacht?! Quelle homogénéité dans tous les registres de la voix!


Mais traiter ces pièces en mettant du «premier degré» (la beauté pure du chant et de la mélodie) là où l’on souhaiterait rencontrer l’ironie mordante de Mahler, ou insuffler au contraire de l’ironie là où l’on attendrait un sobre recueillement (un «Ich bin der Welt abhanden gekommen» expédié, qui n’est que la caricature de lui-même), a de quoi déconcerter. Cette sélection de lieder mahlériens est traitée – à nos oreilles – avec une légèreté exagérée, une absence rédhibitoire de profondeur et de mystère... qui aboutit à ressentir une forme d’ennui, lorsque le piano offre des accords bien atrophiés, des silences vides de toute signification.


Cet album est un projet artistique à part entière. Il est d’ailleurs défendu avec conviction par le baryton, cinq pages durant, dans la notice: Gerhaher y explique rechercher l’intimité des lieder afin d’oublier leurs connections avec l’orchestre et de regarder au maximum vers Schubert. Mais, si ce disque se révèle être une entreprise sculpturale, le promeneur de Maiernigg y semble comme absent. On écoute avec attention et respect le travail vocal de Christian Gerhaher. On admire la beauté plastique de ce chant mûr et assuré (un «Wo die schönen Trompeten blasen» aérien). Mais ce patchwork mélodique est-il autre chose qu’un squelette radiographié du génie mahlérien? On se permettra d’en douter.


Le site de Christian Gerhaher
Le site de Gerold Huber


Gilles d’Heyres

 

 

 

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