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07/12/2010
Concerto Stravagante
Antonio Vivaldi : Concerto in due cori en do majeur « Per la Santissima Assunzione di Maria Vergine » RV 581 – Concerto pour violon en mi mineur « Il Favorito » RV 277 – Concerto pour violon en do majeur « Il Piacere » RV 180 – Concerto en fa majeur pour trois violons, alto et basse continue RV 551 – Concerto pour cordes en ré mineur RV 128
Carlo Farina : Capriccio Stravagante a 4

Giuliano Carmignola (violon), Sonatori de la Gioiosa Marca
Enregistré en 1999 – 66’05
Divox Antiqua CDX 59803 (distribué par DistrArt) – Notice trilingue sur les interprètes (anglais, allemand, français)





Le humane passioni
Antonio Vivaldi : Concerto pour violon en mi mineur « Il Favorito » RV 277 – Concerto pour violon en ré majeur « L’Inquietudine » RV 234 – Concerto pour violon en ut mineur « Il Sospetto » RV 199 – Concerto pour violon en mi majeur « L’Amoroso » RV 271 – Concerto pour cordes en sol mineur « Originale » RV 153

Giuliano Carmignola (violon), Sonatori de la Gioiosa Marca
Enregistré en l’église de San Vigilio, Trévise (27-31 août 1995) – 54’10
Divox Antiqua CDX 79406 (distribué par DistrArt) – Notice trilingue (anglais, allemand, français) de Cesare Fertonani





Giuliano Carmignola avant Giuliano Carmignola… Tel pourrait être le fil conducteur de ces rééditions qui, si l’on compte également les deux disques Le Quattro Stagioni (CDX 79404) et Concerti per la Solennità (CDX 79605), ont contribué à faire connaître aux mélomanes le talent de ce violoniste, aujourd’hui incontournable dans l’interprétation baroque, notamment en ce qui concerne Antonio Vivaldi (1678-1741). Il faut dire que les années 1990 étaient alors dominées par les ensembles italiens Il Giardino Armonico ou Europa Galante qui reléguaient loin derrière les anciens que pouvaient être I Musici ou The English Concert tant elles révolutionnaient les interprétations traditionnelles et qui laissaient alors peu de place aux individualités. Avec le début des années 2000, une nouvelle génération d’interprètes (Daniel Hope, Amandine Beyer, Chiara Banchini, Viktoria Mullova…) fut propulsée sur le devant de la scène, servie par une très sérieuse recherche sur la façon d’interpréter ce répertoire de la manière la plus authentique possible et par de profondes affinités entretenues avec l’œuvre du Prêtre roux. Giuliano Carmignola fait naturellement partie de ceux-là.


Sur les presque 600 concertos que le maître vénitien nous a laissés, plus de 220 sont dédiés au violon seul! Le premier concerto donné ici, le Concerto in due cori «Per la Santissima Assunzione di Maria Vergine» est l’œuvre la plus réussie de ce premier disque. Comme son nom l’indique, il oppose deux ensembles de cordes entre lesquels chante un violon solo accompagné tantôt par les uns, tantôt par les autres. Le ton aimable de la mélodie vivaldienne, reconnaissable entre tous, fait de nouveau merveille, Carmignola portant une attention remarquable aux aigus qui, si on n’y prend garde, peuvent rapidement devenir aigres à l’oreille. La mélancolie attendue du Largo se dissipe rapidement pour permettre aux musiciens d’entonner un Allegro revigorant, où le thème fugué passe de pupitre en pupitre avec une joie communicative. Les trois concertos suivants, L’Inquietudine, Il Sospetto, L’Amoroso figurent parmi les plus prisés du répertoire de Vivaldi: à juste titre tant ils illustrent la multiplicité des techniques déployées à travers ses différentes compositions. Même si l’interprétation s’avère convaincante dans les deux premiers concertos, on leur préfèrera respectivement les versions de Viktoria Mullova pour le RV 277 (chez Onyx), insurpassable dans la tristesse et la retenue, et Andrew Manze pour le RV 180, coloriste hors pair. Quant au Concerto pour trois violons, alto et basse continue, il déçoit franchement tant son interprétation s’avère sage et prosaïque: on s’ennuie immédiatement et aucun mouvement ne relève l’ensemble du concerto. On en reviendra sans hésiter à la formidable gravure d’Il Giardino Armonico qui, contrairement à Carmignola et ses amis (dont un certain Andrea Marcon au clavecin), instille de la vie à chaque note. Œuvre de petit format (moins de six minutes pour trois mouvements), le Concerto RV 128 conclut tout de même de la meilleure façon ce bref panorama consacré à Vivaldi puisque la dernière pièce présentée dans ce disque est une composition d’un certain Carlo Farina (1600-1639), compositeur italien de son état. On peut s’en étonner tant les sonorités de son Capriccio Stravagante a 4 renvoient à la péninsule ibérique (notamment aux plages n°s 26 et 29), le reste faisant au contraire davantage penser à certaines œuvres du grand Arcangelo Corelli. L’interprétation donnée par Giuliano Carmignola et l’ensemble Sonatori de la Gioiosa Marca est absolument exquise, mêlant gravité, humour (les sonorités volontairement fausses du passage qui mêle également les cordes grattées des violons…) et fantaisie, avec une adresse digne de tous les éloges.


Le second disque, unanimement salué à sa sortie, laisse pourtant perplexe en plus d’une occasion. Passons rapidement sur le fait que le premier concerto qui nous est donné d’entendre est également le Concerto «Il Favorito» RV 277 dont le minutage, identique à la seconde près à celui qui existe sur le premier disque, laisse à penser qu’il s’agit exactement de la même version… Ce ne sont pourtant pas les autres concertos qui manquent! Prenons par exemple le très beau L’Inquietudine. On admire sans réserve la souplesse et la légèreté du violon de Giuliano Carmignola auquel répond notamment le vibrionnant clavecin de Marcon, vision moins abrupte et plus immédiatement séduisante que celle qu’ont pu donner il y a quelques années les musiciens d’Il Giardino Armonico. Telle n’est pas en revanche l’impression laissée par le Concerto pour violon «L’Amoroso»: même si l’interprétation est ici en tous points remarquable, on restera personnellement attaché à l’ancienne version de Claudio Scimone et de son ensemble I Musici qui, dès la première note, nous transportent de joie tant l’équilibre et, une fois encore, le naturel dominent une partition pourtant si fréquemment enregistrée. Hommage direct aux concertos de Corelli, tout spécialement dans les tutti, le Concerto pour cordes en sol mineur RV 153 conclut de très belle manière un disque dont, avec le recul, on peut néanmoins se demander s’il emporterait autant l’adhésion aujourd’hui qu’il ne l’a fait lors de sa sortie, l’interprétation des œuvres de Vivaldi ayant encore grandement évolué, signe évident de la richesse de ce répertoire.


Le site de Sonatori de la Gioiosa Marca


Sébastien Gauthier

 

 

 

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