About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

01/19/2010
Dimitri Chostakovitch : Le Nez, opus 15
Vladislav Sulimsky (Kovalev), Alexei Tanovtiski (Ivan), Tatiana Kravtsova (Praskovia Ossipovna), Andrei Popov (le Gendarme), Sergei Semishkur (le Nez), Gennady Bezzubenkov (le Docteur), Vadim Kravets (l’Employé du journal), Sergei Skprokhodov (Ivan), Yevgeny Strashko (Iarijkine), Elena Vitman (Madame Podtotchine), Zhanna Dombrovskaya (sa fille), Chœur et Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction)
Enregistré à Saint-Pétersbourg (juin 2008) – 110’20’
Album de 2 SACD Mariinsky MAR0501 (distribué par Harmonia mundi) – Présentation quadrilingue, livret en russe et en anglais





Soixante-dix ans après sa création, Le Nez, génial exemple de l’effervescence artistique des débuts du bolchévisme, frappe encore par sa modernité : fasciné par Berg, Krenek et Hindemith, Chostakovitch trouvait sa place à leurs côtés, plus encore peut-être que le Prokofiev de L’Amour des trois oranges. L’odeur de souffre ne s’est nullement éventée : la musique griffe et grince toujours autant, par sa virtuosité corrosive, qui violente aussi bien l’orchestre que les voix dans un insolent et magistral pied-de-nez. L’Astrologue, dans Le Coq d’or, grimpait déjà incroyablement haut : ce n’était rien par rapport à ce que Chostakovitch allait imposer au Gendarme. Et le premier interlude, pour les seules percussions… Pour le premier enregistrement du label du Mariinsky, qui propose, comme celui du LSO, des live de la maison, Valery Gergiev n’a pas choisi au hasard cette charge en musique, avant de s’attaquer aux symphonies du compositeur russe – la Première et la Quinzième ont paru ensuite : on allait voir ce dont ses troupes étaient capables.


Souvent inégal et discutable, le patron du Théâtre Marie ne suscite guère de réserves ici, à la tête d’un orchestre éblouissant, vainqueur de ce marathon délirant et haletant. Certes il prend un parti très différent de celui de Guennadi Rojdestvenski dans son enregistrement légendaire de 1975 – écho de la mémorable reprise du Nez à l’Opéra de chambre de Moscou : moins acide, moins caustique, moins grotesque, plus généreux, plus opulent, presque luxuriant parfois, moins implacablement rythmicien, rattachant davantage Chostakovitch à une certaine tradition, en faisant plus un héritier qu’un rebelle – le grotesque est d’ailleurs une constante dans l’opéra russe, jusque dans le métaphysique Kitège de Rimski-Korsakov. Certains trouveront peut-être Gergiev trop proche de ce dernier et pas assez de Moussorgski – dont se réclamait Chostakovitch. Le chef russe, en tout cas, tient son affaire et domine cet incroyable bazar organisé, vulgaire et savant, qu’est l’ébouriffante partition du Nez, avançant sans cesse tout en variant les climats.


La réussite de cette soirée vient aussi de l’homogénéité des voix, chœur et solistes. Vu le nombre de personnages et la brièveté de l’opéra, il faut en effet ici un vrai ensemble, qui se situe à la marge, en deçà du chant, distende les tessitures pour aller chercher aigus et graves là où on n’aurait jamais cru les trouver, ce que seuls, paradoxalement, des chanteurs aguerris sont capables de faire, tout cela devant servir la caractérisation des personnages. Côté ténors, par exemple, impressionnant Gendarme du suraigu Andrei Popov, côté clés de fa, ambigu Kovalev du beau baryton Vladislav Sulimsky, à la fois comique et pitoyable. On garde évidemment Rojdestvenski, mais on prend volontiers Gergiev.


Le site du label du Mariinsky


Didier van Moere

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com