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01/03/2010
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette, opus 64

London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)
Enregistré en public à Londres (21 et 23 novembre 2008) – 138’54
SACD LSO Live LSO0682 (distribué par Harmonia mundi)






Au premier rang des compositeurs d’élection de Valery Gergiev figure assurément Prokofiev: il a déjà notamment gravé pour Philips avec l’Orchestre symphonique de Londres une intégrale de ses Symphonies, que Paris a pu entendre salle Pleyel au cours de la saison passée. On connaît également son attachement pour le ballet, qu’il aime à diriger depuis la fosse, aussi bien en son Mariinski qu’en octobre 2007 à l’Opéra Bastille dans Roméo et Juliette... de Berlioz. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait eu à cœur de présenter avec la formation dont il est le principal conductor depuis janvier 2007 la rare intégrale de Roméo et Juliette (1936) de Prokofiev.


Rare, sans doute principalement en raison de sa durée, à savoir près de deux heures et vingt minutes. Or, Prokofiev a tiré du ballet intégral non seulement dix Pièces pour piano (1937) mais surtout trois Suites d’orchestre (1936/1946), soit environ une heure vingt de musique. Bien que procédant à des redécoupages et parfois même à des réorchestrations, elles n’en donnent pas moins une image fidèle de l’œuvre et se sont d’emblée imposées au concert, particulièrement les deux premières, tandis que certains chefs procèdent eux-mêmes à leur propre sélection parmi les cinquante-deux numéros du ballet et les vingt morceaux des trois Suites. Bref, l’essentiel et le meilleur de ces quatre actes sont déjà bien connus.


De même, au disque, alors que les extraits bénéficient de bon nombre de versions de référence, à commencer par Ancerl (Supraphon), l’intégrale ne rencontre guère plus de succès – quoique sans doute à peine moins que les grands ballets de Tchaïkovski. Quelques grandes baguettes l’ont néanmoins enregistrée: Ashkenazy (Decca), Maazel (Decca), Ozawa (Deutsche Grammophon), Previn (EMI, déjà avec le Symphonique de Londres), Rojdestvenski (Melodiya) et... Gergiev avec son Orchestre du Mariinski en 1990 (Philips).


Cette nouvelle parution s’imposait-elle? Même s’il convient de saluer la qualité et l’exhaustivité de la notice de présentation (en anglais, français et allemand), la réponse peut difficilement être catégorique. On retrouve certes les atouts principaux des interprétations de Prokofiev par Gergiev, nettes et fouillées, sans le pathos ni la surenchère dont il abuse parfois dans d’autres répertoires. Mais est-ce à cause de l’Orchestre symphonique de Londres, irréprochable mais trop lisse, de son caractère malléable, international et standard, bref de son absence de caractère? Ou bien alors, est-ce la difficulté, sur laquelle butent d’ailleurs les autres versions, de maintenir la tension en dehors des temps forts de la partition? Toujours est-il que l’ensemble paraît trop souvent aseptisé, manquer de dynamisme («Danse des cinq couples»), de violence («Mort de Tybalt», dont les fameux quinze coups sont assénés accelerando et crescendo), de mordant («La dispute»), de truculence («Danse avec des mandolines»), de feu («Le dernier adieu»).


Simon Corley

 

 

 

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