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11/23/2009
Thierry Huillet : L’œuvre pour piano

Enregistré à l’auditorium de l’EMEA de Muret (11 octobre 2008) – 69’58
La Nuit transfigurée. Collection Mezza Notte MEZ3500103 (distribué par Intégral) – Notice en français






Les références musicales figurant sur la pochette de ce disque, où Thierry Huillet interprète ses propres compositions, abondent : musique andalouse, Debussy, Jean-Sébastien Bach, Moussorgsky... On pourrait en ajouter d’autres.


Triptyque, qui permit à son auteur d’obtenir le prix de composition André Chevillon-Yvonne Bonnaud au concours international de piano d’Orléans en 2008, semble effectivement sorti tout droit de Children’s Corner, sa partie centrale brutale et sauvage paraissant écrite avant Mana de Jolivet (1935).


Preludio para el sol et Preludio para la noche, joués pour le premier sur un Steinway partiellement préparé dans la partie aiguë (avec des feuilles de papier ?), sont censés évoquer l’Andalousie. Ils font aussi penser inévitablement à Ravel en dehors de quelques écarts modernistes rapidement bridés.


Ararat est une évocation du grand et du petit Ararat aux confins du plateau anatolien. Point d’inspiration tirée de la musique arménienne ou de Komitas ici. Il ne s’agit pas de reprendre les chants arméniens qui pleurent les montagnes situées de l’autre côté de l’immense plaine située au pied de la montagne-totem et occupée par les vignes plantées par Noé et quelques miradors. Musicalement, on pourrait se situer plutôt entre telle vision de Messiaen ou tel martèlement tiré des sonates de guerre de Prokofiev.


Juste l’ombre d’une image est un clair hommage à Debussy, d’une dizaine de minutes. C’est la pièce la plus longue du récital. Vaporeuse et impressionniste, évidemment, connaissant de véritables chutes de discours, elle paraît autant dénuée d’originalité que ce qui précède. On a peine à comprendre le propos: cela ne mène nulle part.


Hommage à Bach, construit, comme tant d’autres, à partir des notes B, A, C et H dans le système allemand (si, la, do, si bécarre) est tout d’abord plus abstrait et plus intrigant mais sombre rapidement dans un rachmaninovisme insipide.


Treize à la douzaine comprend comme son nom l’indique treize pièces, d’une trentaine de secondes chacune, sans doute charmantes mais bien fades par rapport à Children’s Corner.


Enfin, Ba(ch)ba-Yaga-Fug’à 4 ne rattrape pas l’impression générale. C’est une sorte de fugue-variation sur le thème de « La cabane sur des pattes de poule », qui représenterait, suppose-t-on, la cabane de Baba Yaga, des Tableaux d’une exposition, jouée à quatre mains par Thierry Huillet lequel a fait appel à l’ingénieur du son pour superposer ses deux pistes. L’écriture est alors plus complexe mais sans plus de hardiesse.


Aldo Ciccolini écrit sur la pochette du disque que la musique de Thierry Huillet fait entendre ce que « doit être la musique contemporaine » : « envoûtante, sauvage et parfois obsessionnelle ». « Elle surprend et sait aussi émouvoir. » On reste ahuri devant une telle définition de la musique contemporaine – est-elle d’ailleurs nécessaire? – mais aussi étonné par cette perception de l’œuvre de Thierry Huillet. Pianiste exemplaire assurément, il ne renie certes pas le passé mais ne s’aventure guère non plus sur les chemins plus ardus de la création. La surprise ne fait, à l’évidence, pas partie de son projet. Là réside la déception qui peut envahir l’auditeur.


Le site de Thierry Huillet


Stéphane Guy

 

 

 

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