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07/30/2009
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2 en mi mineur, opus 27

Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Kwamé Ryan (direction)
Enregistré à la salle Franklin, Bordeaux (octobre 2008) – 63’40
Mirare MIR 087 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (français, anglais, allemand) de Frans C. Lemaire






Après une Neuvième de Schubert (voir ici), les futures réalisations de Kwamé Ryan à la tête de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine étaient attendues avec la plus grand impatience. Ces vœux ont été exaucés avec un nouvel enregistrement consacré à une autre célèbre page orchestrale, tout aussi ambitieuse que la « Grande » de Schubert, la Deuxième symphonie de Serge Rachmaninov (1873-1943).


Commencée en janvier 1895, achevée à la fin du mois d’août, la Première symphonie avait été un échec retentissant lors de sa création en mars 1897 sous la baguette de Glazounov : œuvre visiblement trop ambitieuse pour un compositeur encore très jeune (Rachmaninov n’a alors que vingt-deux ans !). Le choc profond qui s’en suivit explique sûrement en partie la longue genèse de la Deuxième symphonie puisque le projet ne naît dans l’esprit du compositeur qu’en janvier 1907, la partition étant achevée à la fin de l’année pour être finalement créée à Saint-Pétersbourg en janvier 1908 sous sa propre direction : triomphe absolu. Elle est, depuis, devenu un des chevaux de bataille des grands orchestres en raison d’une impressionnante luxuriance orchestrale influencée à la fois par les climats nordiques de Sibelius, les accents slaves de Tchaïkovski et la profusion sonore de Richard Strauss (notamment de son opéra Salomé que Rachmaninov a vraisemblablement entendu alors qu’il était à Dresde en pleine composition de sa symphonie).


Ainsi qu’il l’a lui-même raconté dans un entretien, Kwamé Ryan et l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine ont d’abord enregistré les premier et quatrième mouvements, n’abordant le troisième que dans un second temps « pour se calmer ». La première impression est excellente : ainsi, le Largo introductif est remarquablement conduit même si les cordes manquent parfois de volume (les violoncelles notamment) ; Ryan aborde avec une incontestable maîtrise les noirceurs de la partition dont l’écho renvoie inévitablement au début du premier mouvement de la Cinquième symphonie de Tchaïkovski. La transition, introduite par la clarinette, bientôt suivie par les violons, éclaire ensuite la partition sous un soleil aux rayons quelque peu timides avant de nous entraîner dans un tourbillon sonore : l’orchestre est splendide, faisant notamment preuve d’une finesse et d’une précision à toute épreuve. Petit bémol néanmoins : si l’on ne peut que souligner l’excellence des vents (qu’il s’agisse de la clarinette ou des cors), on regrettera le son quelque peu étriqué du violon solo.


Après avoir magnifiquement conduit la fin du mouvement, puissante, souveraine et sûre d’elle-même, Kwamé Ryan se jette à corps perdu dans le deuxième mouvement, Allegro molto. La cavalcade introductive, entrecoupée de passages rêveurs emplis de nostalgie, s’avère implacable : les cuivres méritent à ce titre tous les éloges ! Les cordes de l’orchestre abordent ensuite un ostinato qui oscille de façon absolument géniale entre le grincement satanique et le burlesque (incarné notamment par le basson) avant que, de nouveau, l’exubérance orchestrale ne reprenne le dessus. Sans négliger les détails d’une partition à la richesse foisonnante, Kwamé Ryan ne s’y perd pas pour autant, veillant à maintenir le cap et à faire ressortir les lignes directrices du mouvement.


Est-ce le sommet de la symphonie ? L’Adagio est, en tout cas, un modèle d’équilibre et de poésie, où domine une clarinette solo ici absolument irréprochable : le son velouté de cette dernière délivre un climat tout entier empreint de fragilité et de désolation. Au diapason de la sérénité ainsi instaurée, l’orchestre (cordes, bois) ne montre aucune baisse de tension : au contraire, les élans se multiplient (à partir de 7’ tout spécialement) et installent l’auditeur dans une complète plénitude sonore que viennent apaiser tour à tour le cor, le violon solo, le cor anglais, la flûte et le hautbois (avant que la clarinette ne recouvre son rôle directif) dans un virtuose jeu d’échanges.


Moins inspiré que les trois précédents, ayant d’ailleurs fait l’objet de multiples remaniements, le quatrième mouvement (Allegro vivace) se veut festif : en l’écoutant, on ne peut ne pas penser à Antonín Dvorák, notamment au dernier mouvement de sa Deuxième symphonie ou à son ouverture Carnaval. Si l’orchestre s’avère de nouveau excellent (les cors, le jeu des percussions et des cordes !), on aurait néanmoins aimé que Kwamé Ryan se montre plus volontaire et plus exubérant tant la partition s’y prête ! Sitôt retombé le martèlement conclusif, nouvel et évident hommage à la Cinquième symphonie de Tchaïkovski, on ne peut néanmoins que saluer l’ensemble de l’interprétation qui s’avère de la meilleure facture et prouve, une fois encore, l’indéniable valeur de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine et de son actuel chef titulaire. A quand le prochain enregistrement ?


Le site de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine


Sébastien Gauthier

 

 

 

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