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06/18/2009
Joseph Haydn : Symphonies n° 57, n° 59 “Le Feu” et n° 65

Heidelberger Sinfoniker, Thomas Fey (direction)
Enregistré à Bad Dürkheim (16-17 janvier [Symphonie n° 59] et 13-14 avril [Symphonie n° 65] 2008) et Heidelberg (15-16 mars 2008 [Symphonie n° 57]) – 75’24
Hänssler 998526 (distribué par Intégral) – Notice d’Eckhardt van den Hoogen (en allemand et en anglais)






Onzième volume de la série, cinquième commentaire dans nos colonnes (voir ici, ici,ici et ici), voici le nouvel opus des symphonies de Haydn enregistré par Thomas Fey à la tête de l’Orchestre symphonique de Heidelberg. Ces trois symphonies couvrent sept années de la vie de Haydn (1732-1809) et s’inscrivent toutes trois dans le célèbre courant du « Sturm und Drang », occasion pour Haydn de multiplier les audaces musicales. Elles offrent en effet à l’auditeur l’occasion de se confronter à une imagination débordante qui, sans laisser le moindre repos, affecte aussi bien le rythme (le quatrième mouvement de la Symphonie n° 57) que les tonalités (le deuxième mouvement de la Symphonie n° 65) pour notre plus grand plaisir.


Composée en 1773, la Symphonie n° 57 est interprétée avec nervosité par Thomas Fey ; à cet égard, le premier mouvement ne se révèle pas satisfaisant, encombré qu’il est de pesanteurs rythmiques et stylistiques (alors que le « naturel » est le meilleur ambassadeur des symphonies de Haydn), au surplus fréquemment couvert par les timbales. L’Adagio est plus agréable à l’oreille : il faut dire que le thème principal, enrichi par quatre variations successives, est une page exceptionnelle qui joue sur de nombreuses oppositions (pizzicati/sons liés, cordes/cors, passages paisibles/heurtés), propres à susciter l’attention constante de l’auditeur. Si l’on peut trouver davantage de théâtralité ailleurs, l’interprétation livrée ici n’en est pas moins convaincante. La déconvenue est donc d’autant plus grande à l’écoute d’un troisième mouvement pesant et caricatural de bout en bout, racheté en partie par un Finale enlevé mais donnant encore trop d’importance aux timbales.


Quelques années auparavant (en 1767 ou 1768, la date faisant encore débat), Haydn composait sa Symphonie n° 59 “Le Feu”. Ainsi, et contrairement à ce que l’on a pu croire, elle ne date pas de 1774, année d’écriture de la pièce de Gustav Friedrich Großmann (1746-1796) intitulée « L’Ardeur du feu », pour laquelle certains pensaient que la Symphonie faisait office d’intermède entre les différents actes. A son écoute, le surnom de « feu » peut amplement se justifier tant la vivacité et les éclats dominent cette symphonie, à l’image des étincelles qui peuvent parfois s’échapper d’une bûche en train de se consumer. Une fois encore, on ne peut qu’admirer les cornistes dont la partition s’avère particulièrement périlleuse dans les premier et quatrième mouvements, à l’image de nombreuses autres symphonies du compositeur autrichien (mentionnons ainsi la redoutable Symphonie n° 31 «Appel de cor » et la superbe Symphonie n° 72). Si l’on ne peut que louer les timbres (superbe confrontation entre hautbois et cors au quatrième mouvement) et l’adresse des musiciens de l’Orchestre symphonique de Heidelberg, capables de suivre sans ciller les tempi imposés par leur chef, on sera, en revanche, plus critique à l’égard de Thomas Fey qui privilégie trop souvent la vitesse sur le discours. Contrairement à ce qu’il semble croire, le caractère réjouissant et décapant d’une interprétation ne réside pas seulement dans l’allure adoptée !


Moins connue que les deux précédentes, la Symphonie n° 65 est peut-être la plus réussie du disque. Datant vraisemblablement de 1776, elle privilégie ostensiblement la mélodie sur la forme, s’avérant plus conventionnelle que dans certains autres opus. Si le premier mouvement s’avère de facture classique, l’Andante séduit, emporté par une douce ritournelle basée sur un mouvement cyclique comme on a déjà pu le percevoir dans des symphonies précédentes (la Symphonie n° 26 « Lamentations » par exemple). Après un troisième mouvement sans grande imagination, l’œuvre s’achève en apothéose avec un Allegro virevoltant : là encore, quels cornistes !


Si cette dernière œuvre trouve ici une splendide gravure, on n’hésitera pas néanmoins à rester fidèle à Hogwood (pour la Symphonie n° 57) et Harnoncourt (pour la Symphonie n° 59), autrement convaincants et bénéficiant, eux aussi, d’orchestres superlatifs dans ce répertoire redoutable.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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