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04/08/2009
Sulkhan Tsintsadze : Six Miniatures (arrangement Tamas Batiashvili)
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 61 (*)

Orchestre de chambre de Géorgie, Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Lisa Batiashvili (violon et direction)
Enregistré à Brême (5-7 novembre 2007 [Beethoven]) et à Reitstadel Neumarkt in der Oberpfalz (17-18 avril 2008) – 56’33 Sony Classical 88697334002 (distribué par Sony-BMG) – Notice en anglais, allemand et français de Lisa Batiashvili et de Joanna Wyld






Dans un premier temps la jeune et brillante violoniste Lisa Batiashvili devait faire accompagner son enregistrement du Concerto pour violon de Beethoven, capté en 2007, d’un enregistrement du récent Concerto double pour violon et hautbois de son compatriote Giya Kancheli, dont elle avait assuré la création à Londres en février de la même année en compagnie du hautboïste François Leleux, son époux. Chemin faisant, ce disque est devenu un projet personnel, reflet de deux aspects essentiels de sa vie intime et musicale : son enfance profondément géorgienne et, dès l’année de ses douze ans, l’accueil chaleureux de l’Allemagne, terre d’exil pour sa famille et maintenant sa deuxième patrie.


Son programme se présente dans cet ordre, Géorgie, Allemagne, Tsintsadze, Beethoven. A son intention, Tamas Batiashvili, son père, second violon du Quatuor à cordes de Géorgie, a arrangé pour violon et orchestre à cordes six des quarante Miniatures pour quatuor à cordes du compositeur géorgien Sulkhan Tsintsadze (1925-1991). Le Concerto pour violon de Beethoven ne pouvait mieux représenter une terre d’accueil pour une violoniste pour qui il est le concerto classique avant tout autre, sa présence permanente au cours de sa formation et de sa carrière professionnelle. La chronologie, cependant, n’est pas l’unique raison de l’ordre adopté; Lisa Batiashvili pense qu’à la suite des Miniatures radicalement différentes, l’écoute du Concerto se fait «d’une oreille complètement nouvelle» et, plus important encore, elle trouve approprié de ne le faire suivre d’aucune autre œuvre.


La charismatique musicienne a fait le choix hardi de diriger les deux orchestres elle-même. La Deutsche Kammerphilharmonie Bremen sonne pleinement, suivant son violon avec nuance et subtilité, mais sa main énergique, surtout lors des tutti, donne un résultat plus heurté, plus autoritaire auquel on peut reprocher un certain manque de finesse. Se remarquent tout particulièrement les timbales dont le son sec, parfois brutal, vient sans doute en partie d’un choix de mailloches pourtant certainement justifié. Plus dionysiaque qu’apollinien, le violon vole; le son est exquis. La violoniste se permet un certain rubato – une note appuyée comme en messa di voce, une petite accélération, une légère hésitation – mais sans jamais outrepasser l’acceptable et on ne peut qu’admirer sa verve, sa belle aisance, la pureté des aigus, la poésie de son Larghetto et la maîtrise des cadences (Kreisler).


Les Miniatures sont à la musique de Tsintsadze ce que les Rhapsodies ou les Danses populaires roumaines sont à la musique de Bartók. Proches du chant traditionnel, les Miniatures, dans la version originale pour quatuor à cordes, cultivent néanmoins une certaine distance. Tsintsadze en a transcrit quinze pour orchestre à cordes et, malgré la bravoure demandée aux instrumentistes, la distance se réduit. L’arrangement pour violon et cordes de six d’entre elles par Tamas Batiashvili est encore plus souple, plus rythmé, encore plus proche des mélodies et danses populaires d’origine, fragrant, séducteur, digne d’un excellent orchestre traditionnel, dont on croit par moments entendre les sonorités instrumentales particulières, mais éloigné d’un pas de l’orchestre classique. La ligne du violon est un chant accompagné ou un contrechant discret mais virtuose parfaitement menée par la violoniste avec laquelle l’Orchestre de chambre de Géorgie est en parfaite symbiose. On ne sait si on doit attribuer la belle direction à la musicalité évidente de Lisa Batiashvili ou à la nostalgie d’un sentiment national partagé.


Le disque, de conception très personnelle, se destine peut-être en premier lieu aux nombreux admirateurs de la violoniste, mais tout mélomane peut prendre un réel plaisir à son interprétation déliée du Concerto et se laisser momentanément charmer par le parfum des Miniatures aux climats changeants si hauts en couleur...


Le site de Lisa Batiashvili
Le site de l’Orchestre de chambre de Géorgie
Le site de la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen


Christine Labroche

 

 

 

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